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L'Angleterre sort de l'Union européenne : qu'est-ce que ça change pour le football ?

Ilyes Ramdani

Mis à jour 24/06/2016 à 12:50 GMT+2

L'Angleterre a voté, jeudi, en faveur d'une sortie de l'Union européenne. Pour la Premier League et le football anglais, c'est une décision qui peut avoir de lourdes conséquences. Des joueurs raflés par la concurrence étrangère à cause d'une monnaie trop faible, des étrangers privés de permis de travail : loin des craintes et des fantasmes, tout n'arrivera pas.

N'Golo Kante (Leicester) au duel avec Daley Blind (Manchester United)

Crédit: AFP

L'Angleterre s'est réveillée, ce vendredi, hors de l'Union européenne. Sollicités par referendum jeudi, les Britanniques ont voté, à 51,9%, en faveur du "Brexit", du nom du choix qui leur était proposé de quitter l'UE. Pour le football anglais, c'est une décision qui peut s'avérer lourde de conséquences, dans un horizon plus ou moins proche.

Une monnaie qui s'écroule, terrible nouvelle pour le mercato

C'est la première conséquence, celle qui a suivi de quelques minutes à peine l'annonce des résultats du référendum anglais : la monnaie anglaise a perdu beaucoup de sa valeur ce vendredi matin. La livre sterling avait décroché, en trois heures, de 10% face au dollar pour atteindre son taux le plus bas depuis 1985.
Pour la Premier League, c'est potentiellement dévastateur. Les clubs anglais tirent une grande partie de leur attractivité dans la puissance financière que leur offrent les droits télévisés. Avec une monnaie aussi basse, pas sûr qu'ils continuent à peser autant face à leurs concurrents étrangers.
Pour un Michy Batshuayi ou un Alexandre Lacazette, objet d'une concurrence entre clubs anglais et espagnols ou italiens, cela peut changer la donne dès cet été. Prenons l'exemple du Marseillais : là où la Juventus peut maintenir son offre stable, West Ham devra la réévaluer de plusieurs millions de livres à mesure que la monnaie chute. A l'inverse, les clubs étrangers pourront plus facilement se servir dans l'effectif des clubs britanniques.

City, Chelsea et compagnie n'auront plus le droit de recruter les jeunes pépites étrangères

Autre conséquence potentiellement applicable à court-terme : en sortant de l'Union européenne, les Anglais s'exposent à l'interdiction de recruter un joueur étranger mineur. La limite de la FIFA est fixée à 18 ans sur le plan international, 16 ans pour les Européens. A titre d'exemple, un Hector Bellerin ne pourrait plus signer, comme il l'a fait en 2011, à Arsenal à l'âge de 16 ans.
Pour des clubs comme Manchester City, Chelsea ou Arsenal dont un pan entier de la politique de recrutement consiste à recruter un nombre important de pépites étrangères (souvent pour les prêter ensuite), c'est une nouvelle qui peut s'avérer préjudiciable. Paradoxalement, vu de France, cela peut protéger certains clubs formateurs. Nombre d'entre eux, comme Le Havre avec Pogba, ont perdu prématurément une de leurs pépites à cause de l'appétit des clubs anglais.

A moyen terme, plus de Payet ou Kanté en Angleterre ? Pas si sûr

L'autre conséquence attendue de ce Brexit, c'est la modification des règles du code du travail. En Angleterre, les clubs peuvent recruter sans aucune restriction des ressortissants européens. Mais si le Royaume-Uni sort de l'Union européenne, les Français, Espagnols et autres Italiens pourraient être considérés comme n'importe quels étrangers, et donc soumis aux normes drastiques en vigueur pour les extracommunautaires.
Autrement dit : l'obligation d'obtenir un permis de travail. Avec ses règles, qui obligent tout joueur d'une nation classée dans le top 50 à la FIFA à être international pour pouvoir signer en Premier League. Et le taux de présence nécessaire en sélection varie selon le rang FIFA de celle-ci. Chaque Français, par exemple, devrait avoir disputé 45% au moins des matches de son équipe nationale ces deux dernières années. Si ces règles étaient en vigueur, ni Ngolo Kanté ni Dimitri Payet n'auraient pu obtenir de permis de travail en Angleterre.
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Dimitri Payet célèbre un but avec son entraîneur, le Croate Slaven Bilic.

Crédit: Panoramic

L'ancien défenseur d'Arsenal, Sol Campbell, s'était prononcé en faveur du Brexit en arguant justement que cela augmenterait le nombre de joueurs anglais en Premier League. La prudence reste toutefois de mise. La sortie effective de l'Angleterre n'interviendra, selon les experts, qu'après deux à six ans de négociations avec l'UE. Et quand bien même elle finit par intervenir, il y a fort à parier qu'une convention entre Londres et Bruxelles continue d'autoriser la libre venue des joueurs européens.
Dans l'immédiat, c'est donc bien sur le mercato anglais qu'il s'agira d'étudier les conséquences potentielles du Brexit. Nerf de la guerre, la monnaie et l'évolution de sa valeur seront scrutées de près par les clubs de Premier League. Pour le reste - permis de travail, quotas de joueurs étrangers -, il faudra attendre plusieurs années avant de savoir si ce référendum aura des conséquences sportives aussi majuscules que le séisme politique qu'il a engendré.
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