Souvent déçue depuis 20 ans, l’Angleterre rêve d'une nouvelle "golden génération"

Huit matches, huit victoires. Vingt-six buts marqués contre seulement trois encaissés. Dans son groupe de qualification, le E, l'Angleterre s'est une nouvelle fois baladée. Suisse, Slovénie, Estonie, Lituanie, Saint-Marin : personne n'a résisté à la furia des hommes de Roy Hodgson. Les Anglais ont tellement dominé leur poule qu'ils se retrouvent aujourd'hui assurés d'être premiers, avec deux matches sans enjeu à jouer face à l'Estonie et en Lituanie.

De quoi arriver à l'Euro 2016 en roulant des mécaniques ? Pas si évident que ça. Depuis deux décennies, l'Angleterre n'a jamais fait mieux que quart de finaliste dans une grande compétition internationale. La "golden generation" des Beckham, Owen, Scholes, Gerrard, Lampard, Terry ou Ferdinand a fait naître les espoirs les plus fous mais n'a jamais porté la sélection dans le dernier carré. Et n'a jamais non plus fait chavirer le cœur des supporters anglais.

L'équipe a été la plus performante entre 2002 et 2006, lorsqu'elle a enchaîné quart de finale de Coupe du Monde, quart de finale de l'Euro, puis à nouveau quart de finale du Mondial. Depuis, les quarts n'ont été atteints qu'une seule fois, lors de l'Euro 2012, et les désillusions ont été nombreuses : non qualification pour l'Euro 2008, élimination au premier tour de la Coupe du monde 2014, après avoir pourtant terminé invaincue la phase de qualification.

Aujourd'hui, l'Angleterre boucle une nouvelle campagne de qualifications sans faute mais son déficit de talents, par rapport à la génération dorée, est criant. En dehors de Kane ou Sterling, les nouveaux joueurs de la sélection se nomment Delph, Vardy, Clyne ou Shelvey. Pas les stars susceptibles de faire rêver les supporters. "La question est de savoir si Roy Hodgson peut forger un fort esprit d'équipe et trouver l'organisation pour compenser ... jusqu'à présent, il n'a ni l'un, ni l'autre", analyse notre confrère Alex Chick, du site Eurosport.com.

Malgré cette campagne prometteuse, qu'il ne faut pas oublier de tempérer au regard des adversaires très modestes qu'a eu à affronter l'Angleterre dans le groupe E, les fans des Three Lions semblent envisager cet Euro 2016 avec moins d'optimisme qu'habituellement. La pression de résultats, en tout cas, sera certainement moins forte que du temps où certains des meilleurs joueurs de la planète composaient le XI. "A la différence de l'époque où nous avions Beckham, Gerrard, Lampard, Terry et compagnie, nous sommes davantage dans l'espoir plutôt que dans l'attente, poursuit Alex Chick. Personne ne pense que nous pouvons atteindre le niveau de l'Allemagne, par exemple."

Compte tenu de la configuration de cet Euro, pour la première fois élargi à 24 équipes, une sortie de route de l'Angleterre au premier tour serait un énorme échec. Après l'élimination dès les poules lors du dernier Mondial au Brésil, la FA avait choisi de reconduire Hodgson dans ses fonctions de sélectionneur. Malgré ses trois ans et demi en poste, l'ancien entraîneur de West Bromwich n'a toujours pas mis en place un fond de jeu assez solide et une ossature susceptible de mener l'Angleterre vers les sommets. "Il est difficile d'imaginer aller plus loin que les quarts de finale", note Alex Chick. La marche vers les demies ressemble en effet à un obstacle infranchissable pour les Anglais : ils ne l'ont plus gravi depuis 1996, lors du Championnat d'Europe organisé à domicile. Difficile de mettre fin à 20 ans de disette.