La Fiorentina lance le sprint pour la troisième place de Serie A

Après un début d'année 2013 catastrophique (une victoire en sept journées) qui risquait de compromettre une première partie de saison (d)étonnante, la Fiorentina s'est réveillée et rêve à nouveau de piquer la troisième place à l'AC Milan, synonyme de qualification pour le dernier tour préliminaire de la Ligue des champions. La Viola vient de lui reprendre cinq points en trois journées et n'est plus qu'à une longueur du club milanais, dans un sprint final de toute beauté. La lutte est acharnée et, fait peu commun, les deux rivaux rencontreront trois clubs en commun lors des quatre dernières journées.

Outre un style de jeu bien identifié, l'utilisation des nouvelles technologies à l'entraînement et une forte résistance à la pression, Vincenzo Montella impressionne par sa maturité. Car après tout, cela ne fait que deux ans que l'ancien buteur de la Sampdoria et de la Roma s'est installé sur les bancs de touche italiens. Et pourtant, Montella agit comme un vieux briscard. À chaque problème, il trouve rapidement une solution. Il sait gérer ses joueurs comme peu de jeunes entraîneurs savent le faire.

Le "Mister" de la Fiorentina a beaucoup étudié (il a suivi des cursus universitaires après l'arrêt de sa carrière) et continue encore à lire beaucoup. Selon Montella, la connaissance technico-tactique ne suffit plus et le travail le plus difficile pour un entraîneur est de savoir gérer un vestiaire de vingt-cinq joueurs. Il attache beaucoup d'importance au dialogue quotidien avec ses joueurs et explique qu'il ne veut pas confondre l'autorité et l'autoritarisme comme certains des entraîneurs qu'il a connus dans sa carrière. Entre les lignes, vous pouvez facilement reconnaître Fabio Capello dans cette description. D'ailleurs, Montella et Capello n'ont jamais entretenu de bonnes relations à la Roma et l'entraîneur de la Viola n'hésite jamais à "piquer" son ancien mentor. Dans une interview à La Repubblica il y a un an, au journaliste qui expliquait que Montella était maintenant obligé de demander à ses attaquants de défendre, comme Capello le faisait avec lui à la Roma, il avait répondu de façon cinglante : "encore fallait-il que Capello me dise comment défendre. Mes attaquants, eux, savent quand, comment et où ils doivent défendre".

Montella n'a pas peur de bouleverser les idées établies. Ainsi, pour lui, la préparation estivale ne permet pas d'emmagasiner de l'énergie pour toute la saison, mais sert simplement de première étape et de stimulation technico-tactico-physique pour les mois à venir. Pour l'entraîneur de la Viola, rien ne remplace le travail au quotidien, même pour les exercices physiques. Ainsi, la pré-saison de la Fiorentina n'était pas aussi intense que la majorité des clubs italiens (la fameuse et lourde préparation à l'italienne) et Montella a demandé à ses préparateurs de monter crescendo pour éviter toutes blessures musculaires. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la Viola a eu bien moins de blessés dans la saison que la Roma, l'Inter, la Lazio ou l'AC Milan. Ce n'est certainement pas un hasard.

Le jeune entraîneur n'hésite pas à innover. Outre l'utilisation de la technologie GPS à l'entraînement, il a également incorporé un spécialiste des coups de pieds arrêtés dans son staff (voir l'article sur Gianni Vio) et cherche à ajouter un préparateur de foot à cinq, pour augmenter la densité technique des joueurs et les habituer à combiner dans les petits espaces.

La gestion d'Adem Ljajic est le parfait exemple pour passer de la théorie à la pratique, dans la gestion des joueurs par Montella. L'attaquant serbe est caractériel, égoïste et immature. Le portrait n'est pas vraiment des plus flatteurs, et pourtant, là où Mihajlovic et Rossi avaient échoué, Montella est en passe de réussir. L'entraîneur de la Viola le travaille au corps lors de chaque entraînement, le motive, le reprend, l'encourage et le stimule. Après une première partie de saison moyenne, Ljajic réalise d'excellentes performances depuis le passage de la Fiorentina en 4-3-3. Positionné sur l'aile gauche, il montre de réels progrès dans son attitude sur le terrain. Il est également plus collectif et tente moins souvent de faire la différence individuellement, même si cela reste une caractéristique de son jeu. Après son excellente performance à Milan, soulignée par toute la presse, Montella a laissé Ljajic sur le banc lors de la rencontre suivante pour le stimuler et éviter toute enflammade. Bien lui en a pris, puisque sur les deux matches suivants, le Serbe a inscrit deux buts et réalisé deux passes décisives.

Dès le début de sa jeune carrière d'entraîneur, Vincenzo Montella a expliqué qu'il n'attachait que peu d'importance au dispositif tactique. 4-2-3-1 à la Roma, 4-3-3 à Catane, 3-5-2 à la Fiorentina, il a suffisamment prouvé qu'il ne s'agissait en aucun cas de paroles en l'air. La série négative de la Viola a coïncidé avec l'observation des limites du 3-5-2 instauré par Montella : pressing très coûteux en énergie et joueurs offensifs trop éloignés de la surface adverse. L'entraîneur de la Fiorentina a alors changé de dispositif en passant en 4-3-3 contre l'Inter. En l'absence d'un ailier droit de formation, Montella fait jouer Cuadrado un cran plus haut alors que Ljalic occupe le flanc gauche. Le milieu à trois reste identique, tandis que Tomovic et Roncaglia se jouent le poste d'arrière droit.

Cette nouvelle tactique permet d'avoir un meilleur équilibre lors de la phase de pressing des trois joueurs offensifs. En effet, la Fiorentina avait un peu perdu cet élément clé de son jeu, à savoir, récupérer le ballon facilement et l'exploiter rapidement. Avec la défense à trois, les latéraux pressaient très haut mais il était alors facile de jouer dans leur dos, un interno étant souvent avancé pour accompagner le pressing. Désormais, les trois de devant pressent et les trois milieux de terrain coulissent aisément. Là où le pressing mobilisait souvent cinq joueurs en 3-5-2, il n'en mobilise plus que quatre au maximum avec le repositionnement tactique de l'équipe.

Pour savoir jusqu'où peut aller la Fiorentina, il faudra suivre avec intérêt le mercato estival qui s'ouvrira dans quelques semaines. Après un premier exercice très réussi avec Cuadrado (il sera acheté définitivement cet été), Borja Valero, David Pizarro, Facundo Roncaglia, Gonzalo Rodriguez, Stefan Savic, Alberto Aquilani et d'autres, les dirigeants de la Viola cherchent à renforcer le secteur offensif. Luca Toni devrait être prolongé un an pour dépanner (il l'a très bien fait cette saison) alors qu'El Hamdaoui est sur le départ et que Larrondo paraît un peu juste à ce niveau. Il ne reste donc que Steven Jovetic, très courtisé (Arsenal, Roma, Juve) et Giuseppe Rossi dont on ne sait pas à quel niveau il reviendra après deux lourdes blessures aux genoux.

Le rêve de la Fiorentina est d'avoir un troisième attaquant de haut niveau la saison prochaine aux côtés de Jovetic et Rossi. Parmi les noms qui circulent se trouvent Osvaldo (Roma) et Negredo (Séville). Pradè et Montella ont confirmé l'intérêt pour les deux joueurs mais la Fiorentina doit aussi surveiller de près Steven Jovetic, pas sûr à 100% de rester. Pour le convaincre de prolonger son aventure sur les rives de l'Arno, une étape fondamentale reste une qualification en Ligue des Champions. Et cela commence dès demain soir face à la Roma, là où la carrière d'entraîneur de Montella a commencé…