Bleus : L'avenir à deux ?

Il a osé. Et il n'exclut pas de recommencer. Pour son premier match à la tête des Bleus, Didier Deschamps a joué avec deux attaquants. Contrairement à Laurent Blanc - pour qui ce système n’était pas adapté aux exigences du très haut niveau -, DD a lancé Karim Benzema et Olivier Giroud en pointe de son attaque face à l'Uruguay. Avec plus ou moins de réussite. Depuis, il reste énigmatique quand on l'interroge sur le sujet, lâchant même qu'il pouvait aussi mettre "trois attaquants". Si les chances de revoir ce système en Finlande dès le coup d'envoi sont quasi nulles, l'équipe-type des Bleus telle que la conçoit Deschamps aujourd'hui s'articule en 4-4-2 avec Benzema et Giroud en pointe.

Si on se pose la question, c'est que l'expérience n'a pas été très concluante face à l'Uruguay (0-0). Benzema a certes pu décrocher comme il aime le faire au Real Madrid et a eu un appui avec Giroud dans l'axe. Mais les deux n'ont pas vraiment réussi à se trouver. "Ça ne se fait pas comme ça, une association, sur un entraînement et une heure de jeu", a cependant plaidé le sélectionneur tricolore, séduit pas l'idée d'avoir plus de présence offensive avec ce schéma. On a aussi pu constater le manque de connexion entre le milieu et l'attaque face à l'Uruguay. Deschamps a d’ailleurs reconnu que face à des équipes avec cinq joueurs au milieu, ce système pourrait poser des soucis.

Pour Christian Gourcuff, on ferait cependant un faux procès au 4-4-2. "Si tout le monde accompagne le mouvement, l'espace de jeu est toujours occupé", nous confirme l'entraîneur des Merlus, adepte de ce système avec Lorient. "Les équipes offensives, ce ne sont pas les formations qui jouent avec plusieurs attaquants. Ce sont des équipes avec un bloc haut, qui participe au jeu". En fait, le 4-4-2 se ressent surtout en phase défensive : "L'idée est d'avoir un premier écran efficace dans la récupération. C'est surtout à ce niveau que cela devient intéressant", enchaîne Gourcuff, expliquant que le système peut se rapprocher du 4-2-3-1 en phase offensive avec un de des deux attaquants qui décroche. Deschamps avait d’ailleurs insisté sur le travail "de replacement" de ses deux attaquants, un registre où Benzema et Giroud s’étaient montrés impliqués contre Diego Forlan et consorts.

Si pour Christian Gourcuff aligner deux attaquants ne dégarnit par le milieu de terrain et ne doit pas être aligné en fonction du profil de l'adversaire ("Ce sont les petits qui s'adaptent en permanence à l'adversaire. On ne peut pas avoir une progression dans cette logique"), le choix de Deschamps serait alors plus lié aux caractéristiques de ses joueurs qu'à un désir d'avoir un système précis. Avec Giroud à ses côtés, Benzema peut ainsi évoluer comme bon lui semble. Quand il décroche, l'équipe de France possède toujours quelqu'un devant pour peser sur les défenses adverses. "L'idée, c'est d'utiliser les meilleurs joueurs français, d'avoir de la présence dans la surface et d'aligner des joueurs complémentaires, confirme Guy Stéphan, l'adjoint de Deschamps. Benzema peut jouer comme un 9,5. Si on a deux bons attaquants centraux, en forme et disponibles à 100%, pourquoi ne pas les aligner? Ensuite, il faut équilibrer l'équipe, car le problème est toujours le même : en 4-4-2, 4-2-3-1 ou 4-ce que vous voulez, c'est l'animation qui comptera."

La complémentarité des deux pointes tricolores étant encore à vérifier et à travailler, un point pourrait toutefois empêcher de retenter l’expérience dès vendredi : la mauvaise passe actuelle d'Olivier Giroud . Avant ce premier match de qualification, l'ancien meilleur buteur de L1, qui n’a pas pu s’entraîner normalement en début de semaine en raison d’un souci musculaire, n'a toujours pas marqué le moindre but cette saison. Il semble connaître un petit problème de confiance à Arsenal qu'il découvre. "Je préfèrerais qu'ils aient des buts au compteur", a reconnu DD mercredi. C’est ce facteur et le retour de certains joueurs – comme Abou Diaby (à l’aise dans un milieu à trois) - qui devraient pousser DD à revoir ses plans. Mais s’il veut se priver de Giroud et conserver deux pointes, le sélectionneur des Bleus peut aussi associer Benzema à Bafé Gomis, déjà auteur de trois buts en L1 avec Lyon. Histoire de ne pas repartir encore une fois de zéro.