McLaren regarde devant

Il y a des courses où, même sans gagner, un parfum de victoire parvient à flotter. Bien sûr, le grand héros du jour à Shanghaï se nomme Nico Rosberg. Mais chez McLaren, les raisons de sourire sont nombreuses. Et au-delà du regret légitime d'avoir laissé filer une victoire sans doute à sa portée, l'écurie de Woking n'a pas perdu son temps en Chine. En plaçant ses deux pilotes sur le podium, elle conforte son leadership au classement constructeurs. Quant à Lewis Hamilton et Jenson Button, les voilà installés aux deux premières places de la hiérarchie pilotes. Bref, même si ça peut toujours être mieux, ça aurait surtout pu être pire.

La victoire de Rosberg, qui n'avait pas marqué le moindre point lors des deux premiers grands prix, ne contrarie pas trop les McLaren boys. A commencer par Hamilton. Avec cette troisième place de rang, le Britannique, monsieur régularité de ce début d'année 2012, chaparde le leadership du mondial à Fernando Alonso. "Ça faisait un moment que je n'avais pas été en tête du championnat, se satisfait-il. C'est dommage que Jenson et moi ayons raté la victoire, mais je suis vraiment satisfait de l'équipe." Le champion du monde 2008 n'oublie pas non plus qu'il a dû s'élancer de la quatrième ligne. "En partant de la première ligne, j'aurais sans doute pu jouer la victoire", juge-t-il. Mais il a manifestement pris beaucoup de plaisir dimanche, évoquant même "une des meilleures courses auxquelles j'ai participé. C'était une course fantastique, une bagarre incroyable, avec beaucoup de champions du monde et de très bons pilotes qui faisaient le train."

Le champion du monde Hamilton devance précisément le champion du monde Button, son coéquipier et compatriote, de deux petits points. Button nourrit sans doute un peu plus de regrets d'avoir raté sa deuxième victoire de la saison. Sa stratégie à trois arrêts aurait pu s'avérer payante si son dernier pit n'avait pas traîné en longueur. "On a dû perdre neuf à dix secondes, constate-t-il. Quand je suis ressorti, j'avais quatre voitures devant moi, que je n'ai pas réussi à doubler tout de suite, au lieu d'avoir un tour clair, en pneus froids." "Jenson aurait-il battu Rosberg si son dernier arrêt s'était mieux passé?, s'interroge Martin Withmarsh, le directeur exécutif de McLaren, avant de se montrer beau joueur dans sa réponse. "Incontestablement, il serait ressorti dans de meilleures conditions, avec une piste dégagée. Mais on ne peut pas affirmer pour autant qu'il aurait gagné et puis, c'est le jour de Nico."

Pas question non plus pour Jenson Button de se morfondre. D'abord parce qu'il a pris, comme Hamilton, un plaisir évident tout au long de cette course. "Ce sont des choses qui arrivent, dit-il à propos de son troisième stop. Mais je me suis régalé aujourd'hui. C'était une grosse bagarre, mais très propre, c'est toujours agréable, et j'ai bien apprécié le moment où j'ai dépassé Vettel." Surtout, Button, comme Hamilton, est pleinement satisfait du comportement global de la voiture. "C'est un début de saison très encourageant pour toute notre équipe et c'est un excellent week-end pour McLaren. Nous aurions signé pour repartir de Chine en occupant les deux premières places du championnat", juge l'Anglais. Une pointe de regret mais de vrais motifs de satisfaction, voilà le bilan chinois de McLaren, porteurs d'espoirs plus que de frustrations.