De Senna - Prost à Vettel - Webber, le club des ennemis intimes de la Formule 1

Ils ont le même baquet mais pas toujours la même vision. Roulent pour la même écurie mais montent sur leurs grands chevaux face à un équipier. La F1 présente cette particularité de faire courir sous les mêmes couleurs deux pilotes qui sont aussi des adversaires. Après l’incroyable GP de Malaisie dimanche, qui a vu l’Allemand Sebastian Vettel aller à l’encontre des ordres de Red Bull pour doubler son coéquipier australien Mark Webber, voici notre classement des plus grandes rivalités de F1 au sein de la même écurie.

Après une année 1988 sans accroc ou presque, la deuxième saison des deux hommes chez McLaren tourne au vinaigre. Lors du deuxième GP de la saison 1989, à San Marin, Ayrton rompt le pacte de non-agression passé avec Alain Prost. Ce jour-là, le Brésilien attaque le Français, pourtant en première ligne au départ. La bataille acharnée pour le titre, agrémentée de petites piques, s’achèvera sur un accrochage entre les deux hommes à Suzuka. Senna attaque dans une chicane mais Prost lui ferme la porte. Accrochage et abandon du Français qui finira titré suite au déclassement du Brésilien, et qui partira chez Ferrari dans la foulée.

”Je joue au tennis, il joue au golf. J'aime les belles femmes, il aime les femmes laides. J'ai gagné trois championnats, il en a perdu trois”. Nelson Piquet n’avait pas sa langue dans sa poche dans les années 80. En particulier envers Nigel Mansell, son équipier chez Williams à partir de 1986. Le Brésilien pensait que le Britannique, qui avait dû attendre son 70e GP pour s’imposer, ne serait pas une menace à son statut de numéro un. Il a eu tort, Mansell se révélant plus rapide que lui. Mais à force de se tirer la bourre, Mansell et lui ont dû abandonner le titre à Prost cette année-là. Le Brésilien le décrochera l’année suivante.

C’est en 2007, en Hongrie, que la rivalité entre Alonso et Hamilton débute. Tous deux sont candidats au titre avec McLaren-Mercedes. Lors des qualifications, Alonso s’immobilise quelques secondes au stand et bloque Hamilton qui venait changer ses pneus. L’Espagnol est rétrogradé sur la ligne. Sur fond d’affaire d’espionnage, les tensions s’accumulent. Les deux hommes laissent filer le titre. Depuis, la guéguerre se poursuit avec notamment un accrochage à Barhein en 2010. "Fernando sera toujours mon rival numéro 1, expliquait Hamilton il y a deux ans. C'est notre histoire personnelle qui veut ça. Je le vois comme mon Prost."

Le point de non-retour a sans doute été atteint en Malaisie le week-end dernier quand l’Allemand a désobéi pour doubler l’Australien dans un trou de souris. Mais la rivalité entre les deux pilotes Red Bull a déjà connu plusieurs épisodes notamment en 2010 avec un accrochage en Turquie. Cette année-là, l’Australien a aussi exprimé ouvertement et à plusieurs reprises ses regrets d’être moins soutenu par son équipe. "Pas mal pour un n°2", lance-t-il, en remportant le GP de Grande-Bretagne. Plus tard, au Brésil, Vettel répondra à une complainte de Webber : "S’il a besoin d’aide, il peut toujours prendre la voiture médicale". Ambiance…

Destin tragique pour cette rivalité entre le Canadien Villeneuve et le Français Pironi. En 1981, quand le second rejoint Ferrari, tout se passe plutôt bien. Les deux hommes sont même amis hors des circuits. Mais la saison suivante, c’est le clash. A San Marin, Pironi ignore les ordres de l’équipe pour souffler dans les derniers tours une victoire acquise à Villeneuve. Pas un regard, ni de champagne sur le podium et cette phrase du Québécois. "A partir de maintenant, c’est la guerre". Elle n’aura pas lieu. Lors du GP suivant, en Belgique, Villeneuve se tue en qualification, alors qu’il tentait de battre le temps de Pironi.

Alain Prost et Nigel Mansel chez Ferrari en 1990. Le Britannique suspectait l’équipe d’offrir une meilleure voiture au Français et l’avait notamment bloqué à Estoril. James Hunt et Jochen Mass chez McLaren en 1977 avec un GP du Canada houleux où les deux hommes se sont accrochés. Juan Pablo Montoya et Kimi Raikkonen chez McLaren (2005) avec un Colombien frustré comme jamais de devoir soutenir un pilote malheureux dans ses résultats. Ou encore Michael Schumacher-Eddie Irvine (Ferrari 1996-99), deux forts caractères incompatibles et Mario Andretti avec Carlos Reutemman (Lotus, 1979) qui rapidement dans la saison ne se sont plus adressés plus la parole.