Ballesteros n'est plus

L'ancien golfeur espagnol Severiano Ballesteros, vainqueur de cinq titres du Grand Chelem et considéré comme l'un des plus grands joueurs de tous les temps, est mort samedi matin "des suites d'une insuffisance respiratoire", a révélé sa famille. Ballesteros était âgé de 54 ans.

1998 Severiano Ballesteros

Crédit: Imago

Ce n'est pas un homme qui vient de mourir. C'est une légende. Severiano Ballesteros s'est éteint samedi chez lui, en Espagne, à l'âge de 54 ans. La nouvelle était malheureusement attendue depuis que sa famille avait publié un communiqué alarmiste, vendredi, faisant état d'une "sérieuse aggravation de son état neurologique". Une façon de préparer tous ceux qui, de près ou de loin, ont aimé et admiré Seve depuis trois décennies. Placé sous sédatifs afin d'éviter des souffrances trop vives, l'ancien champion est définitivement parti dans la nuit, emporté par cette maudite tumeur au cerveau qui s'était déclaré voilà deux ans et demi, à l'aéroport de Madrid, alors qu'il attendait de prendre l'avion. De violentes douleurs à la tête. Des examens dans la foulée, comme s'il pressentait la gravité de la chose. Un traitement lourd. Un rude combat. Et la fin, cette nuit.
Ballesteros, c'est évidemment un palmarès. Comme tout grand champion qui se respecte. Au cours d'une décennie de rêve, il a remporté cinq tournois du Grand Chelem : trois British Open (1979, 1984 et 1988) et deux Masters (1980, 1983), dont il fut le plus jeune vainqueur, à seulement 23 ans. Un record que seul Tiger Woods battra par la suite. Le monde était alors à ses pieds. Il y eut aussi ses succès en Ryder Cup, le premier en 1985 étant le plus marquant dans la mesure où les Européens n'avaient plus battu les Etats-Unis depuis 28 ans. Deux ans plus tard, le Vieux Continent récidivait, mais cette fois sur le sol américain. Une grande première.
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1988 British Open Severiano Ballesteros

Crédit: Imago

Un style inimitable
Tout ceci n'aurait pas été possible sans le talent et surtout le leadership de Ballesteros. Son émergence a marqué une petite révolution, coïncidant avec un rééquilibrage au niveau mondial entre Américains et Européens. "Seve a donné à la Ryder Cup ses plus belles années, juge l'Américain Tom Watson. Avec lui, ce rendez-vous a pris une nouvelle dimension. Il avait une telle volonté de prouver que les Européens pouvaient nous battre, nous, les Américains, que cela a rejailli sur tous ses coéquipiers." Mais à la fin des années 80, sa carrière avait ensuite brutalement décliné, la faute à des problèmes de dos. Après de multiples retours, souvent difficiles, il avait tiré sa révérence pour de bon en 2007, lors d'une conférence de presse émouvante à Carnoustie, avant le British Open. Il avait les larmes aux yeux. Sa vie de champion s'achevait. Mais il était loin d'imaginer que sa vie d'homme, elle aussi, se rapprochait de la fin. Comme un symbole, c'est chez lui, en Espagne, qu'il aura enlevé la dernière victoire de sa carrière, en 1995.
S'il a autant marqué, c'est aussi par son style. Ballesteros, c'était le charisme incarné sur un green. Ténébreux, combatif, spectaculaire et surtout terriblement inventif. "Je l'ai vu créer des coups qui n'existaient pas avant lui", avait confié Jack Nicklaus en 1999 lors de l'introduction de Ballesteros au Hall of Fame. Sa spécialité? Se mettre dans une situation improbable et réussir à s'en sortir de façon plus improbable encore. Ce type de coups a fait sa légende. "Seve était toujours dans le pétrin. Mais en fait, pour lui, ce n'était pas un problème. Il avait une sorte de génie pour sortir le coup parfait au moment où on le croyait mal embarqué", raconte Gary Player. Ben Crenshaw a quelques souvenirs, lui aussi. "Je le voyais très souvent dans les arbres, mais je ne m'inquiétais jamais pour lui à vrai dire. C'était normal, et il s'en sortait toujours", raconte le double vainqueur du Masters.
A l'annonce de sa maladie en octobre 2008, Severiano Ballesteros avait d'ailleurs évoqué style unique. "Tout au long de ma carrière, avait-il dit, j'étais parmi l'un des meilleurs à éviter les obstacles sur un parcours de golf. Et maintenant, je veux être le meilleur pour affronter la partie la plus difficile de ma vie avec toutes mes forces". Mais cet obstacle-là était plus sournois que le pire des bunkers. Cette fois, Seve ne s'en est pas sorti. Ballesteros restera bien plus qu'un simple champion de golf. Il a incarné le golf. Dans les années 80, le golf, c'était lui. Comme ce fut Nicklaus ou Palmer avant lui. Comme le sera Woods après. Même ceux qui ne s'intéressaient que de loin aux affaires courantes des greens connaissaient Ballesteros. L'Espagnol a transcendé son sport. Comme toutes les grandes stars. Seules les personnalités exceptionnelles en sont capables. Une légende est morte cette nuit. Mais les légendes ne meurent pas. Severiano Ballesteros est éternel.
LE PALMARES DE SEVE BALLESTEROS
87 victoires dont cinq en Grand Chelem : trois British Open (1979, 1984, 1988) et deux Masters (1980, 1983)Circuit européen: 49 titresUSPGA: 3 titresRyder Cup: victoires en 1985, 1987, 1989, 1995 et 1997 (capitaine)Coupe du monde: victoires en 1976 (avec Manuel Pinero) et 1977 (avec Antonio Garrido).
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