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"Pas besoin de fouet"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 16/01/2012 à 13:57 GMT+1

Son mode de fonctionnement a fait ses preuves depuis sa prise de fonction, en 2001. "A l’entraînement, il n’y a plus une espèce d’abruti qui gueule, tous les jours, sur ses joueurs", reconnait Claude Onesta. Le sélectionneur préfère rester fidèle à ses valeurs : éducation, dialogue et partage.

France 2011 Onesta

Crédit: AFP

A quelques heures du début de l’Euro, comment sentez-vous votre groupe ?
CLAUDE ONESTA : Evidemment bien. Mon plus grand plaisir à moi, c’est d’avoir comme joueurs des gens autonomes. C’est le rêve de tout éducateur d’arriver à cela. Quand l’élève n’a plus besoin, ou moins besoin du prof, et que le prof n’est plus dans un rapport d’autorité, mais dans une relation de régulation, de petits réglages, c’est plus simple. On a construit cela. Et c’est aujourd’hui ce qui fait la force de cette équipe.
Comment en êtes-vous arrivés à cela ?
C.O. : Ces liens, en partie affectifs, sont aussi des liens qui nous mènent dans le boulot. Dans mon groupe, j’ai des joueurs qui, au lieu de parler de belles voitures ou de leurs copines, évoquent toute la journée leur jeu, leur histoire, leur façon de mieux jouer ensemble. C’est ce qui les rend plus riches, mais aussi plus responsables. Comme ils l’ont élaboré en amont, s’il y a échec, ce sera aussi le leur. Ils mettent tout en œuvre pour que cela n’arrive pas. A l’entraînement, il n’y plus une espèce d’abruti qui gueule, tous les jours, avec un fouet, pour faire avancer l’équipe. Le fouet, je n’en ai pas besoin pour faire passer mes idées (sourires).
Ils n’ont donc pas besoin de vous ?
C.O. : Ils ont quand même besoin de moi car je suis un peu leur conscience. Je ne dis pas que je suis la petite fée au-dessus d’eux… encore que, dans le rôle de la petite fée (il prend une voix plus grave), je ne suis pas franchement adapté (rires). Mais c’est ça, car j’ai pris de la distance avec cette activité-là. Je ne suis pas dans l’échange avec eux sur le jeu. J’ai Sylvain (Nouet, son adjoint) qui s’occupe de ça. Moi, je règle, de manière globale. Depuis quelques jours, je leur dis juste : "On n’y est pas assez là… On manque d’intensité, d’activité". Je suis un peu celui qui les empêche de ronronner. Parfois, je les aide à relativiser ce qui pourrait être des débuts de frictions. Je suis un peu le modérateur : "Oh, vous êtes en train de vous mentir. Là, vous me dites que vous faites ça, ça ou ça, mais là, je vois bien que vous faites semblant…". Comme je ne le fais pas tous les jours, ça a plus de poids quand je décide de prendre la parole. Le reste, c’est eux qui le gèrent. 
Parlons de l’adversité. On a tendance à dire qu’un Euro est plus compliqué qu’un Mondial. Que pensez-vous de vos premiers adversaires (Espagne, Russie et Hongrie) ?
C.O. : Je vais être honnête. Là-aussi, j’ai pris de la distance avec tout ça. Quand vous avez une équipe de ce niveau-là, avec la variété de solutions dont on dispose, le problème est plus chez nous, que chez les autres. On a les moyens de s’opposer et de battre n’importe qui. Aujourd’hui, je suis plus préoccupé par mes joueurs que par les adversaires.
L’Euro est le premier évènement majeur en 2012 pour votre équipe. Mais n’avez-vous pas peur que vos hommes soient déjà tournés vers les JO de Londres ?
C.O. : C’est toute la question. Comment arrive-t-on à garder des gens mobilisés dans la durée ? Cela peut s’appliquer à une entreprise. Dès lors que le chef de cette entreprise montre, tous les jours, une envie de la faire évoluer, de la faire progresser, il n’y a plus de problème. Dans cette équipe de France, les joueurs sont tous devenus chefs de cette entreprise. A ce titre-là, ils sont naturellement mobilisés car ce qu’ils vivent, c’est ce qu’ils construisent. La force de cette équipe, c’est d’avoir pris la mesure de cette construction. A chaque fois, ils élaborent eux-mêmes la transformation qui va permettre la performance.
Pensez-vous que certains de vos joueurs se disent : "On peut rater l’Euro. On nous le pardonnera si on est champion olympique à Londres" ?
C.O. : Non. Ça, c’est un réflexe à un comportement traditionnel. Je ne dis pas que l’échec ne sera pas destructeur. Mais je pense qu’il le sera moins dans des situations exceptionnelles, car chacun est le propre acteur de cette performance. Chez nous, il est difficile aujourd’hui de se défausser de sa part de responsabilité sur le voisin. Ce n’est pas la façon dont on vit, dont on fonctionne.
Imaginez-vous cet échec ?
C.O. : Oui, mais c’est une démarche constructive. S’il y a échec, chacun prendra la mesure de celui-ci. On l’analysera ensemble et on s’en servira, non pas comme une vexation, mais pour comprendre ce qui l’a générée. Et pour déterminer les faiblesses qu’il faut travailler. L’échec peut être un témoin dans ce qui est nécessaire d’engager pour un retour à la performance. Il peut juste nous aider à mieux rebondir dans l’avenir. Mais, que nos supporters se rassurent, on ne le vit pas comme une angoisse. Juste comme quelque chose que l’on veut repousser le plus longtemps possible.
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