Rétro JO: Innsbruck 1976

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ParEurosport

Mis à jour 19/02/2016 à 17:51 GMT+1

Suite de notre rétro JO avec Innsbruck 1976. Pour la deuxième fois en douze ans, la ville autrichienne est désignée. Un fait unique, dû au renoncement de Denver, initalement choisie par le CIO. Une édition marquée notamment par le sacre du grand Franz Klammer.

Franz Klammer en 1976 aux JO d'Innsbruck

Crédit: AFP

AU COEUR DES JEUX
Les Jeux d'hiver de 1976 n'auraient jamais dû avoir lieu à Innsbruck. La cité tyrolienne avait déjà goûté cet honneur douze ans plus tôt et c'est Denver qui fut désigné par le C.I.O. Mais les habitants du Colorado refusèrent que l'Etat utilise des fonds publics pour financer l'organisation de l'évènement. La raison? Principalement les informations en provenance de Montréal (et qui s'avéreront exactes), selon lesquelles le Québec s'apprêtait à augmenter massivement les imports pour faire face au budget, en passe d'exploser.
L'opposition des écologistes (Denver, grande ville au pied des montagnes et des lacs, craignait d'être défiguré et sali par les Jeux), allait finir d'enterrer l'ambitieux projet, malgré l'implication du tissu économique local. Lorsque, en novembre 1972, Denver se retira de la course, Innsbruck décida de se porter à nouveau candidate. Avec succès à nouveau, puisqu'elle triompha devant Lake Placid, Tampere et le Mont-Blanc.
Le contexte était pourtant particulier, le drame des Jeux de Munich hantant encore toutes les mémoires. Heureusement, malgré une présence policière sans précédent, notamment au village olympique, ces J.O. de 1976 ne donnèrent jamais l'impression de se dérouler dans un climat de peur ou de terreur, ni pour les athlètes ni pour le public. Ce ne fut pas le moindre des succès des organisateurs. L'amour des Autrichiens pour les sports d'hiver fit le reste. Au total, un million et demi de spectateurs suivirent les épreuves.
A SAVOIR
Nombre de nations: 37
Nombre de participants: 1123 athlètes (231 femmes, 892 hommes)
Epreuves: 37 dans 5 sports différents
Dates: Du 4 au 15 février 1976
Tableau des médailles: URSS (27, dont 13 en or)
Nombre de médaille française: 1 (en bronze)
Ouverture officielle: Président Dr. Rudolf Kirschschläger
Serment: Werner Delle-Karth
LA PETITE HISTOIRE
Pour la première fois, deux flammes olympiques sont allumées afin de célébrer le fait qu'Innsbruck accueillait les Jeux pour la seconde fois. La skieuse Christl Haas alluma donc la vasque de 1964 et le lugeur Josef Feistmant celle de 1976.
Le Liechtenstein décroche à Innsbruck les deux premières médailles olympiques de son histoire, grâce à Willi Frommelt et Hanni Wenzel, tous deux bronzés en slalom.
En patinage artistique, l'Américain Terry Kubicka réussit un saut périlleux arrière. Il est le premier à réaliser cette prouesse en compétition... et le dernier, puisque cette figure sera aussitôt interdite.
En terminant deuxième du 30 km, le fondeur Bill Koch devient le premier Américain, et le seul à ce jour d'ailleurs, à avoir donné une médaille à son pays en ski nordique.
LES HEROS
Franz Klammer (Autriche, Ski alpin)
Maître incontesté de la discipline, Franz Klammer avait remporté huit des neuf descentes de Coupe du monde la saison précédant les Jeux d'Innsbruck. C'est dire si l'Autrichien faisait figure de grandissime favori dans l'épreuve reine en arrivant aux Jeux. Devant son public, Klammer sait qu'il doit faire face à une pression colossale, pas simple à gérer. D'autant que Bernard Russi, champion olympique en titre, n'a pas l'intention de rendre si facilement sa couronne. Le Suisse signe d'ailleurs un temps canon, en 1'46"06.
Dès lors, Klammer n'a d'autre choix que de sortir le très grand jeu. A mi-pente, pourtant, l'Autrichien est en retard. Mais son bas de piste, proprement ahurissant, lui permet d'inverser la tendance. Klammer va si vite qu'il donne l'impression de voler, et semble parfois à la limite d e la rupture. Vainqueur avec 33 centièmes de seconde d'avance, il pénètre dans la légende du ski autrichien. Russi, beau joueur, et conscient d'avoir pris part à une des plus belles passes d'armes de l'histoire du ski alpin, tombe dans les bras de Klammer. La plus belle image de ces Jeux.
Rosi Mittermaier (RFA, Ski alpin)
En l'absence d'Anne-Marie Moser-Proell, qui vient de mettre sa carrière entre parenthèses suite à son mariage, les épreuves féminines de ski alpin s'annoncent ouvertes. Rosi Mittermaier sent qu'elle a un coup à jouer. Le palmarès de l'Allemande, âgée de 25 ans, n'a pourtant rien d'effrayant. Lors de ses deux précédentes participations aux Jeux d'hiver, elle a signé, en guise de meilleur résultat, une sixième place en descente, à Sapporo, en 1972. Pourtant, c'est bien elle qui va remporter la descente, en devançant de plus de cinq dixièmes l'Autrichienne Brigitte Totschnig.
Un coup de tonnerre qui va lui ouvrir les yeux, et l'appétit. Trois jours plus tard, voici Mittermaier au départ du slalom, seule spécialité dans laquelle elle ait gagné des courses de Coupe du monde. Deuxième de la première manche, l'Allemande prend tous les risques dans la seconde. Elle en est récompensée par une deuxième médaille d'or, qu'elle enlève avec 33 centièmes de marge sur l'Italienne Claudia Giordani. A 25 ans, elle vient d'entrer dans l'histoire. Elle frôlera même un troisième titre, en géant, avant de se contenter finalement de la médaille d'argent. Mais Rosi reste comme la reine de ces Jeux de 1976. Elle mettra ensuite un terme à sa carrière et épousera le slalomeur Christian Neureuther, cinquième à Innsbruck. Felix Neureuther, actuel membre de l'équipe d'Allemagne, est leur fils.
John Curry (Grande-Bretagne, Patinage artistique)
Rarement un athlète aura donné autant de sens à la moitié artistique de sa discipline. Plus qu'un patineur, John Curry était en effet un artiste. Un esthète. Son style pouvait agacer ou envoûter, c'est selon. Mettant davantage l'accent sur la grâce que sur l'aspect physique, le Britannique livre pourtant à Innsbruck un programme très dense techniquement, donnant un relief athlétique à sa chorégraphie.
Au point d'obtenir la note la plus élevée de l'histoire du patinage artistique messieurs. Curry avait convaincu les sceptiques. Il décèdera le 15 avril 1994, à 44 ans, emporté par le SIDA. Curieuse coïncidence ou malédiction, son prédécesseur au palmarès olympique, le Tchécoslovaque Ondrej Nepela, était mort de la même maladie cinq ans plus tôt.
LA MEDAILLE FRANÇAISE
Bronze (1)
Danièle Debernard (Ski alpin - Slalom)
A 17 ans et demi, Danièle Debernard avait réussi l'exploit d'obtenir une médaille d'argent à Sapporo, en géant. Quatre ans plus tard, le bronze décroché dans la même épreuve vient confirmer son talent. Au cours de l'olympiade, la skieuse d'Aime-la-Plagne n'avait pourtant pas été épargnée par les blessures. Ce nouveau podium marque donc pour elle une récompense, mais aussi une forme de renaissance.
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