Championnats d'Europe : La délégation française espère des médailles… mais pas trop

Aux Jeux Olympiques, aux Mondiaux ou aux championnats d’Europe, les nageurs français avaient pris l’habitude de faire pleuvoir les médailles. L’Euro 2014, qui a lieu à Berlin, s’annonce plus compliqué pour la délégation bleue, privée de deux athlètes importants, Camille Muffat, toute jeune retraitée et Camille Lacourt, blessé à la hanche. La France pourra compter sur ses champions olympiques Yannick Agnel et Florent Manaudou pour ramener des médailles, mais sait qu’il lui sera impossible d’égaler les vingt-et-un médailles et huit titres de Budapest, en 2010. Ni même les quinze breloques, dont six en or, de Debrecen, deux ans plus tard. "Mon souhait est de remplacer le volume de médailles par des coups d'éclat", a d’ailleurs reconnu l’entraîneur des Bleus, Romain Barnier.

Doré aux JO de Londres et aux Mondiaux de Barcelone sur 200m nage libre, le Français sera le grand favori de cette distance à Berlin. Même avec le retour dans les bassins de son grand rival et détenteur du record du monde (du temps où les nageurs évoluaient en combinaison), Paul Biedermann, Yannick Agnel dispose d’une marge sur sa distance de prédilection. Il est en tête des bilans continentaux grâce à sa performance aux championnats de France (1’45’’63) et devrait pouvoir s’offrir le seul titre qui manque à son palmarès sur cette distance. Non qualifié pour le 100m NL en individuel, le Niçois a choisi de remonter sur 400m NL. Mais sur cette distance, qu’il a délaissée depuis plusieurs années, le champion olympique partait un peu dans l’inconnu et il a échoué dès les séries lundi matin.

Manaudou a un cauchemar et il a un nom : Vladimir Morozov. Champion olympique en titre sur 50m NL, le nageur français est devancé dans les bilans continentaux par son homologue russe, vice-champion du monde en 2013 derrière le Brésilien César Cielo. Il devra se battre pour retrouver sa place de numéro 1 sur la plus courte distance de la natation. Mais avant SA course, le petit frère de Laure pourra s’échauffer sur 50m papillon et sur 100m NL. Si c’est un retour aux sources pour la première distance, il continue de découvrir la seconde. Mauvaise nouvelle, un certain Russe est également devant lui dans les bilans continentaux du 100m.

Champion olympique, champion du monde et champion d’Europe en titre, le relais français du 4x100m nage libre n’a plus grand-chose à prouver, mais il a beaucoup à défendre. Emmenée par Fabien Gillot, une équipe 100% marseillaise s’alignera sur les séries lundi 18 août au matin. En cas de qualification, Yannick Agnel, Florent Manaudou et Jérémy Stravius devraient intégrer le relais et reconstitueraient ainsi l’équipe championne du monde en 2013. Ils tenteront de conserver le titre européen, mais auront fort à faire pour contrecarrer les Russes.

Lui aussi est champion du monde en titre. Les Français avaient glané leur première médaille d’or au niveau mondial sur cette course, grâce à la disqualification des Américains en 2013. Sur la scène européenne, ils avaient ramené le titre en 2012 avec Lacourt, Duboscq, Bousquet et Gilot. Seul le dernier est encore présent à Berlin. Et en cas de finale, on imagine qu’il pourrait céder sa place à Yannick Agnel en nage libre. Accompagné de Manaudou en papillon, Stravius en dos et Giacomo Perez-Dortona, ce relais serait loin d’être ridicule. 

En l’absence de Camille Muffat, c’est elle qui sera le leader de la natation féminine à Berlin. Mais la nageuse n’a pas les mêmes références que la championne olympique du 400m NL. La néo-retraitée l’avait d’ailleurs devancée à Chartres sur 100 et 200m nage libre. A 19 ans l’athlète entraînée par Fabrice Pellerin participe à ses premiers championnats d’Europe en grand bassin et se rapproche peu à peu des meilleures mondiales. Une médaille prouverait qu’elle est en train de passer un cap.

La Française a sa place parmi les médaillables en raison de son palmarès. A Berlin, elle défend son titre du 400m nage libre acquis il y a deux ans, en Hongrie. Mais le conserver sera une mission très difficile, voire impossible, pour la Française qui rend plus de deux secondes aux favorites de la course dans les bilans continentaux de la saison. Sur 800m, Coralie Balmy est également loin du compte, mais figure parmi dans les huit premières.

Orphelin de Camille Lacourt, qui soigne toujours une blessure à la hanche, le dos français repose entièrement sur les épaules de Jérémy Stravius. Problème, le champion du monde 2011 sort d’une saison difficile, dans l’ombre de son compatriote. Il aura du mal à se battre pour les titres sur le 50m et le 100m dos. Mais il a largement de quoi accrocher un podium sur une de ces deux courses.