Bave aux lèvres et boule au ventre pour le XV de France face aux Fidji, en préparation de la Coupe du monde 2023

Le rugby est un sport éminemment collectif. Et il le restera. Cette vertu s'est sans doute déjà étiolée, au gré de la notoriété croissante des joueurs. Mais prêter un bout d'épaule à un coéquipier qui tente d'arrêter un buffle de 140 kilos, lancé, représentera toujours une allégorie de la solidarité. Pourtant, samedi, le match du XV de France sera immanquablement régi par une somme d'enjeux individuels. Face aux Fidji, certains ont une dernière chance de convaincre, une ultime opportunité de s'inviter à la Coupe du monde.

La liste des 33 hommes appelés à défendre le maillot tricolore, en France, du 8 septembre au 28 octobre, sera connue lundi. Louis Bielle-Biarrey devra être virevoltant sur son aile pour en être. Dylan Cretin devra se montrer monumental au cœur du combat pour y figurer. Baptiste Serin devra être un dynamiteur spectaculaire, à son entrée à la mêlée, pour faire rugir de plaisir le public de la Beaujoire. Ces trois joueurs, entre autres, doivent avoir la bave aux lèvres, une envie débordante de crever l'écran ce samedi (21h05).

Antoine Hastoy, titularisé à l'ouverture, peut même passer de participant incertain à la reine des compétitions, à chef d'orchestre d'un candidat au sacre planétaire. Il joue gros. Comme beaucoup. Mais ce XV de France n'est pas seulement composé de joueurs en sursis, obnubilés par l'espoir de ne pas quitter le navire bleu, juste avant que les choses grandioses ne commencent. Paul Willemse et François Cros sont plus dans l'optique de monter en puissance, après une préparation contrariée par des pépins physiques.

Puis il y a quelques tauliers. Grégory Alldritt, capitaine d'une équipe dont il devra veiller à l'homogénéité, sait qu'il sera sur la pelouse le 8 septembre, face à la Nouvelle-Zélande, pour le match d'ouverture du Mondial. Jonathan Danty ne doit pas trop en douter non plus… à condition de ne pas se blesser. En ce sens, le forfait de Romain Ntamack, lundi, a jeté un froid. De quoi donner la boule au ventre à ces cadres qui, contrairement à Antoine Dupont par exemple, vont disputer ce pénultième match de préparation ?

Interrogé sur la "forme de psychose" qui pourrait découler de cette terrible perte sportive, Fabien Galthié a froidement répondu, jeudi en conférence de presse : "C'est inhérent à notre sport. On l'aime, mais il a quelque chose de particulier : à tout moment, vous pouvez disparaître. Vous pouvez être le meilleur joueur du monde à l'instant T et dans l'action d'après, n'être plus rien." Le rugby n'a pas l'apanage de cette cruelle fragilité des statuts. Mais quand le don de soi fait foi, le risque de blessure fait partie du contrat.

"On ne peut pas jouer au rugby sans mettre son corps sur la ligne, c'est la règle de base", appuie le sélectionneur, dans ce qui pourrait faire office de rappel pour ceux qui risquent de vouloir trop se montrer ballon en main, sous le crépitement des flashes, comme pour ceux qui pourraient être tentés de se cacher, prochains matches plus prestigieux en tête. Galthié assène enfin, confiant : "Les joueurs connaissent la règle de ce jeu impitoyable". Une règle qui contribue à faire du rugby ce sport éminemment collectif.