"La plus belle de toutes"

Jean-Baptiste Grange n'aura finalement pas attendu très longtemps pour retrouver les sommets. Blessé gravement à Beaver Creek, en décembre dernier, le Français n'avait plus disputé de slalom de Coupe du monde depuis l'épreuve de ... Levi (3e), il y un an, quasiment jour pour jour. Ce week-end, sous la lumière rasante de la station finlandaise, le maître des piquets tenait à remettre les choses à leur place. Il avait surtout envie de retrouver le rang qui était le sien avant sa blessure au genou droit.

A Sölden, fin octobre, "Jibé" s'était rassuré en signant la 15e place de l'unique manche du géant d'ouverture : "Je m'étais surpris à faire de très bonnes sections". A Levi, il a voulu marquer les esprits. La mission est plutôt réussie. Début octobre, le Français nous avait confié qu'il ne fallait pas attendre de lui monts et merveilles en début de saison : "Après une telle blessure, c'est difficile de se fixer des objectifs. Au début, il faudra peut-être que j'accepte d'être 5e ou 6e en slalom". Le Mauriennais avait "besoin de temps". On était prêt à lui en accorder. On ne revient pas d'une opération des ligaments croisés du jour au lendemain. Le triomphe aidant, le principal intéressé a quelque peu changé de discours quelques minutes après avoir décroché le septième bouquet de sa carrière, le sixième en slalom et le deuxième à Levi, après 2008 : "Cette victoire, je la mérite. Je me suis entraîné fort tout l'été et tout l'automne. Il y a beaucoup de boulot derrière".

"A Sölden, j'étais tendu. En arrivant ici, j'étais encore stressé. Je me suis calmé samedi. J'ai appris avec la blessure à être encore plus patient. Au portillon, j'étais calme et ça convient à mon style de ski", a-t-il avoué. Après une première manche de haute voltige (44 centièmes d'avance sur son premier poursuivant, l'Italien Cristian Deville), Grange a montré que, si physiquement, il avait retrouvé la grande forme, dans la tête tout allait bien également. "J'ai réussi à faire la différence sur le premier parcours. J'aime bien être dans cette situation de leader à mi-course". Finalement, avec lui, le schéma de ses succès est assez simple : quand "Jibé" termine en tête d'un premier run, la victoire ne lui échappe jamais. L'adage est désormais inscrit dans le marbre. "Et puis, j'avais le dossard 7, mon numéro fétiche", sourit le leader du classement général.

Il avoue également avoir été submergé d'émotion au moment de monter sur la "boîte" : "Pour la première fois, sur le podium, les larmes ont monté aux yeux. J'ai pensé aux dix mois d'absence, aux efforts pour revenir. Cette victoire, c'est probablement la plus belle de toutes". Dans un mois, c'est à Val d'Isère que Grange retrouvera les piquets serrés. Avec le dossard rouge sur les épaules. Mais l'homme prévient : "Tu peux attaquer une série où tu n'es pas bien. Comme aujourd'hui (dimanche), les Autrichiens (NDLR : un seul dans le top 10, Manfred Pranger 5e). Mais ils ne passeront pas toujours à travers". Le Français refuse donc de s'enflammer. La saison est longue et, par empirisme, lui sait que celle-ci peut s'arrêter à tout moment : "Le genou me fait encore mal de temps en temps. Il faut voir comment je vais réagir en revenant à Beaver Creek". Sur la terrible Birds of Prey, piste mythique qui lui a fait tant de mal il y a onze mois,Grange risque de cogiter dans trois semaines : "Il y aura forcément un peu d'appréhension. Mais il faut repasser par là. Quand mon genou a pété là-bas, c'était au passage de la 5e porte (du géant). Peut-être que j'y repenserai. Peut-être pas..."

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