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Mondiaux 2015 - Descente: Slalom géant, blessures, Lance Armstrong, Liverpool: voici Kjetil Jansrud

Alexandre Coiquil

Mis à jour 07/02/2015 à 14:11 GMT+1

Maître presque incontesté des disciplines de vitesse cette saison, Kjetil Jansrud est le grand favori de la descente des Mondiaux, ce soir. Athlète accompli et skieur complet, le Norvégien, sorti de l'ombre d'Aksel Lund Svindal, dispose également d'une vraie personnalité à découvrir.

Kjetil Jansrud - Mondiaux Vail Beaver Creek 2015

Crédit: AFP

Jansrud: c'est le roi de la vitesse et un dur à cuire

"La quatrième place, c’est l’endroit le plus merdique où on peut terminer en Coupe du monde". Voilà, les présentations avec Kjetil Jansrud sont faites. Le Norvégien, âgé de 29 ans, est devenu cette saison le maître des disciplines de vitesse en Coupe du monde (5 succès dont 3 en descente en 10 courses). Un statut que certains attendaient, d'autres non vu la densité du plateau. Jansrud est en tout cas en train de se forger un palmarès digne de son talent.
Et surtout digne des espoirs placés en lui en Norvège au début des années 2000. Sa réaction un peu brut de décoffrage était due à sa quatrième place obtenue lors du Super-G des Mondiaux de Beaver Creek, jeudi. Une vraie déconvenue pour lui avant la descente prévue ce samedi. Déjà vainqueur aux USA en décembre dernier en Coupe du monde, il fera office de grand favori lors de la discipline reine malgré tout.
Mal à l’aise sur la partie technique du Super-G, le roi de la discipline n’a jamais trouvé le ton juste sur la Birds of Prey. La mauvaise nouvelle, c’est que cette première course des Mondiaux a laissé des traces: une épaule gauche meurtrie après un choc violent avec une porte. Sorti indemne de son choc, Jansrud, aperçu bras en écharpe pendant un moment, a été rassuré par les examens passés à l’hôpital de Vail. Pas de fracture, ni rien d’autre de ce genre. Seulement une grosse douleur avec laquelle il va devoir vivre samedi, lors de la descente. Pas grave, il en a vu d'autres. "Il est extrêmement fort mentalement. Il possède un seuil de tolérance à la douleur très élevé, notamment en compétition. Il a lutté de nombreuses années avec ça", a expliqué Marc Strauss, le médecin de l’équipe de Norvège, au quodidien VG Sporten.
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Kjetil Jansrud - Mondiaux Vail Beaver Creek 2015

Crédit: AFP

De la technique à la vitesse: une reconversion réussie

A ses débuts, Kjetil Jansrud était un spécialiste des épreuves techniques, délaissées à causes des blessures (au dos surtout). "La clé de sa reconversion, c'est le slalom géant et les aptitudes que l'on y développe. Il a fait le même chemin qu'Aamodt et Svindal", a affirmé pour nous Pierre-Emmanuel Dalcin, l'ancien membre de l'équipe de France de vitesse. Pour comprendre sa transformation, il faut remonter au 6 février 2013. Une date charnière. Placé parmi les outsiders du Super-G des mondiaux de Schladming, le skieur, qui a opté pour la vitesse à partir de 2009, se rompt le ligament croisé antérieur du genou gauche après une chute. Dévissé à la sortie d’un virage, il fait un 360° et part en contrebas de la piste, la main sur son membre meurtri. S’en suivra une longue absence de neuf mois.
Ses neufs mois vont permettre à Jansrud d’entamer véritablement la deuxième partie de sa carrière. Et d'évoluer physiquement. Pendant sa convalescence, le Norvégien prend "de la masse" et se rapproche du poids moyen d'un descendeur (plus de 90 kilos). Emmener du poids, créer de la vitesse, c'était l'objectif. Et cette reconstruction a marché. "Je n'ai pas eu de problèmes avec mon dos ou autre chose cette saison. J'ai réalisé un très bon travail durant le printemps et l'été. J'ai pris plus de volume", expliquait Jansrud au quotidien Aftenposten en décembre dernier.
"Jansrud a pris beaucoup de poids. Mais ce n'est pas une condition pour performer en vitesse, constate Dalcin. "En technique, il respecte les fondamentaux, c'est-à-dire l'équilibration sur les skis. Il fait aussi une énorme différence sur les départs. Sur des parties de glisse, vous pouvez jouer avec lui pendant les vingt, trente premiers mètres. Après, il vous colle 30 centièmes dans la vue car il produit plus de vitesse. Il n'a pas peur d'aller vite et prendre des risques. C'est comme ça qu'il a gagné la descente à Kitzbühel."
Embêté par son genou en début de saison 2013-2014, les premiers résultats du nouveau Jansrud se sont fait attendre. Seule une deuxième place à Val Gardena en descente et deux tops 10 en Super-G sont venus achever une première partie de saison compliquée. La suite ? Elle est brillante. Jansrud surprend tout le monde en venant rafler le Super-G olympique de Sotchi. Son déclic. Quelques jours avant, il s’était paré de bronze lors de la descente derrière Matthias Mayer et Christoph Innerhofer. Il ira ensuite chercher deux succès à Kvitfjell dans un week-end à rallonge (une descente, un Super-G). C’est d’ailleurs chez lui, en Norvège, qu’il est allé chercher son tout premier succès en vitesse en mars 2012. Après six années en vitesse, il compte 8 succès pour 15 podiums à son palmarès.
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Kjetil Jansrud hebt beim Golden Eagle Jump ab.

Crédit: AFP

Admirateur d'Einstein et de Churchill, mais haineux vis-à-vis d'Armstrong

Comme le dit sa biographie, Kjetil Jansrud n'est pas né avec les skis au pied. Il n'a jamais dit "je veux faire de la course" sur un coup de tête. C'est le déménagement de sa famille dans la ville de Vinstra, où il revient souvent, placée à une heure de route de Lillehammer, qui a été le facteur déclencheur. Après des premières sensations sur les skis de fond à trois ans, il se tourne vers l'alpin à 7 ans. "Un cadeau de Noël combiné de ma tante et de mon oncle. C'est le cadeau qui a tout changé." Aidé et guidé par son père, toujours prêt à l'emmener au ski après l'école, Jansrud se développe et franchit pas à pas les classes qui le séparent du ski alpin de haut niveau. Recruté par le programme de la Fédération Norvégienne, le jeune athlète monte en régime. Jusqu'à devenir un grand espoir.

Au fil des années, outre sa capacité d'athlète, Jansrud a developpé une personnalité assez posée. Cet équilibre mental, préservé par son entourage et ses entraîneurs, lui permet d'aborder les courses avec décontraction. Mi-janvier lors du passage de la Coupe du monde sur la Streif de Kitzbühel, Jansrud a fait preuve en mondovision de sa zen attitude: une pause canapée avant de gagner l'entraînement de la descente et une petite sieste bien sentie quelques minutes avant d'aller gagner la descente sur une Streif recomposée. Plus relâché que ça, tu meurs. Passionné de son sport et de son développement, il n'hésite pas à glisser quelques mots à ses compères sur les réseaux sociaux. D'un message à Julien Lizeroux, 19e du slalom de Levi, à un autre de félicitations à Alexander Khoroshilov, vainqueur en Autriche de son premier slalom.
Mélange de confiance en soi et de sympathie, Jansrud est une vraie personnalité dans le grand cirque blanc. Il n'hésite pas à afficher ses convictions concernant la lutte contre le dopage ainsi que les photos de ses contrôles. C'est aussi un homme cultivé. "J'aimerai voyager dans le cerveau d'Albert Einstein. Juste apprendre et voir comment marche le cerveau humain. Je suis extrêmement intéressé par l'Histoire et ce serait vraiment excitant de voir comment Churchill et Einsenhower ont planifié la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Mais j'aimerais prendre une décision en particulier concernant Lance Armstrong. J'aimerais tout simplement lui donner la plus grosse claque de tous les temps. C'était l'un des mes héros, qui a abusé de ma confiance en tant que fan de sport. Jamais je ne lui pardonnerai", révélait-il au quotidien Aftenposten à la fin du mois de décembre.

Jansrud, c'est le douzième homme du Liverpool FC

Kjetil Jansrud n'est pas loin d'être un "twittos" fou. Et c'est un fondu de sport en tous genres. Mais avant tout, c'est un malade du Liverpool Football Club. Le club de la Mersey, qu'on ne vous présente plus, c'est une institution pour lui. Sa seconde peau. En pèlerinage à Anfield dès qu'il peut, devant sa télévision, sa tablette ou son ordinateur, où qu'il soit dans le monde, Jansrud ne loupe aucun match de son club de coeur. Au point même de décaler certains entraînements pour être sûr de ne pas manquer un match. Suffit de lire ses interviews pour s'en rendre compte. Il ne manque jamais de parler du LFC ou de commenter son actualité. Sa biographie Twitter dit d'ailleurs ceci: "Skieur alpin et supporter de Liverpool. Ou dans l'ordre inverse."
Après sa médaille de bronze acquise lors de la descente olympique de Sotchi, le Norvégien avait surpris tout le monde. Quel était donc le secret autour de cette breloque ? "J'ai eu de bonnes vibrations après la victoire de Liverpool (5-1 face à Arsenal, NDLR). C'était le meilleur moyen pour moi de préparer la course."
Autre fait inédit, ce SMS reçu après sa victoire lors du Super-G olympique. Un texto envoyé par un certain Steven Gerrard, qui avait eu son contact par John Arne Riise. Jansrud, dossard 8 lors de l'épreuve, avait glissé qu'il avait gagné avec le numéro que porte son idole avec les Reds. Récemment, il a même demandé à Martin Ødegaard, l'étoile montante du football norvégien, de signer avec le club de la Mersey. Sans succès. Qu'on se le dise, un champion, ça se construit d'un rien. Et tout porte à croire que ce Kjetil Jansrud, lui, n'a jamais marché seul.
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Jansrud Super-G sotchi 2014

Crédit: AFP

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