Classement ATP: Rafael Nadal bientôt numéro un mondial?

C'est un drôle de paradoxe. On le doit aux modalités de calcul du classement ATP, qui rend parfois la lecture de celui-ci un peu opaque. Arrivé à Roland-Garros en tant que numéro 4 mondial, Rafael Nadal quitte Paris un cran plus bas, malgré son huitième titre. David Ferrer, sa victime en finale dimanche, lui passe devant grâce à la différence de points entre sa demie 2012 et sa finale 2013 quand Rafa, lui, a "juste" défendu ses points. Mais ce paradoxe ne tiendra pas longtemps. Numéro 4, numéro 5, peu importe. Nadal sera bientôt, très bientôt, sur des hauteurs plus élevées. Très vite, l'Espagnol sera sur le podium. A moyen terme, il peut même sérieusement envisager de redevenir numéro un mondial, trône qu'il a cédé voilà bientôt deux ans, après Wimbledon 2011.

Nadal est vraiment un leader en puissance. En quatre mois, depuis son retour à la compétition, il a capitalisé. En neuf tournois, il a signé sept victoires et disputé deux autres finales, engrangeant 7000 points. A mi-saison, c'est un total exceptionnel, surtout pour un joueur qui a manqué tout le mois de janvier, dont le premier Grand Chelem de l'année, l'Open d'Australie. Le Majorquin est sur les bases de 14000 points en fin de saison. Ahurissant. A titre de comparaison, lors de sa fantastique campagne 2011, Novak Djokovic avait bouclé l'exercice avec 13675 points au compteur. Evidemment, Nadal ne pourra pas tenir ce rythme. Pour deux raisons. Son genou, d’abord, qui le contraindra sans doute à des aménagements. Il a d'ailleurs d'ores et déjà renoncé à s'aligner à Halle et ne jouera pas entre Roland-Garros et Wimbledon. Surtout, la saison sur terre battue est finie et, statistiquement, elle a toujours pesé de façon significative dans le quota de points du champion de Manacor. En 2013, il a disputé huit tournois sur neuf sur l'ocre.

En tournant le dos à la terre, Nadal dispose d'un matelas particulièrement confortable puisque son dauphin au classement 2013, Novak Djokovic, pointe quasiment à 2000 points de lui. L'équivalent d'une victoire en Grand Chelem. Les autres sont, beaucoup, beaucoup plus loin. Djokovic apparait donc comme un patron en sursis. Certes, sa marge de manœuvre au classement de référence parait confortable puisque le Serbe compte encore près de 5000 points de plus que Nadal. Mais c'est un simple trompe-l'œil. Nadal n'a plus que 45 points à défendre d'ici la fin de la saison. Ceux de son deuxième tour à Wimbledon l'an passé. Djokovic, lui, en remet en jeu 5300. Ça fait une petite différence.

Le Majorquin n'ignore pas cet état de fait. "Il est vrai que je suis en bonne position, concède-t-il. J'ai gagné pas mal de points, notamment sur ce tournoi. C'est quand même extraordinaire, sans jouer l'Australie et sans jouer Miami, j'ai engrangé aujourd'hui 7 000 points. Donc c'est beaucoup plus que ce que j'envisageais et que ce que j'espérais." Pour autant, dimanche soir, après son huitième triomphe parisien, il refusait de se projeter aussi loin. Pas par superstition, mais parce que les récents déboires de son genou l'incitent à la prudence. "Ce n'est pas mon objectif aujourd'hui, assure-t-il. Pour être numéro un, ça veut dire qu'il faut jouer toutes la saison à un très haut niveau et avoir de bons résultats sur l'ensemble de la saison. Je jetterai un œil là-dessus dans les mois à venir parce que je suis en bonne position. Mais je n'y pense pas jour et nuit." Sa (re)prise de pouvoir n'est pas imminente. Mais le temps joue clairement pour lui désormais.