Novak Djokovic : "Je lui ai donné la victoire sur un plateau"

C'est l'inconvénient et l'avantage du Masters. C'est le seul tournoi de l'année où certaines victoires, même les plus éloquentes, et certaines défaites, même les plus brutales, n'engagent pas à grand-chose. Prenez le Federer-Djokovic de mardi soir. Le Suisse, en s'imposant assez nettement en deux sets (7-5, 6-2), a mis fin à plusieurs séries impressionnantes du Serbe. Il lui a pris plus de sets en 77 minutes que tout le monde depuis 16 matches et deux mois. Mais il est plus que probable que les deux hommes soient tous les deux présents en demi-finales.

Ce n'est donc ni une garantie de succès final dimanche pour Roger Federer ni une rivière sans retour pour le Djoker. "Heureusement qu'on est au Masters et que ce n'était qu'un match de poules. J'ai encore l'occasion de me rattraper", a d'ailleurs dédramatisé le numéro un mondial. Malgré tout, quand on est à ce point habitué à la victoire, la défaite est toujours douloureuse. Et si le succès du Bâlois n'engage pas à tomber de l'armoire (il a désormais remporté 6 de leurs 9 matches en deux sets gagnants disputés en 2014 et 2015), sa victoire reste une petite surprise.

Federer l'a d'ailleurs lui-même admis après la rencontre. "Vu la manière avec laquelle il a dominé cette saison, je ne comptais pas forcément sur cette victoire, a-t-il confié. Avant le tournoi, je me disais qu'il faudrait battre Berdych et Nishikori et qu'on verrait ce qui se passe face à Novak." On a vu, effectivement. "Je me sentais bien ce soir et plus le match avançait, plus je sentais que j'avais ma chance, a poursuivi le sextuple vainqueur du Masters. Je servais bien. Je suis resté calme et lui a baissé de régime à la fin."

Novak Djokovic va même plus loin. Le Serbe estime être passé totalement à côté. Point barre. "Je lui ai donné la victoire sur un plateau", a-t-il lancé, frustré, avant de préciser : "surtout au deuxième set". Federer n'est pas d'accord, et il n'a pas franchement goûté la petite phrase de son adversaire. "Il n'a pas non plus joué de manière horrible, a corrigé le Suisse. Il fallait conclure. Ce match, je l'ai plus gagné qu'il ne l'a perdu je trouve." Chacun voit les choses de son propre point de vue…

On ne les mettra donc pas d'accord. Mais si Federer a fait du Federer, Djokovic n'a à l'évidence pas fait du Djokovic. Il ne sauve d'ailleurs pas grand-chose de son match, tout en saluant celui de son bourreau du soir. "J'étais loin de mon meilleur niveau. Mon premier match ne pouvait pas être meilleur, le deuxième ne pouvait pas être pire. J'ai fait énormément de fautes directes. Bravo à Roger d'avoir réussi à varier les vitesses, à me proposer tout le temps une balle différente, alternant le slice et le spin. Il a également très bien servi."

Encore une fois, ce match n'a rien de définitif. Les deux hommes ont quitté l'O² Arena sans déprime ni enthousiasme excessif. Et vainqueur ou pas, "Novak reste le favori du tournoi". C'est Federer qui le dit...