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Le coeur et la raison

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/12/2010 à 11:23 GMT+1

Les joueurs français entretiennent une relation forte avec la Coupe Davis. Plus que dans n'importe quel autre pays, cette épreuve si spéciale occupe une place de choix dans leurs objectifs. Si les leaders tricolores y attachent autant d'importance, c'est autant par désir que par nécessité.

2010 Coupe Davis Saladier argent

Crédit: Reuters

Chacun a les rêves qu'il veut. Chacun a les objectifs qu'il peut. Conciliant le vouloir et le pouvoir, le tennis français, depuis maintenant un bon quart de siècle, a compris où était tout à la fois son intérêt et son envie. Il se résume en deux mots: Coupe Davis. A défaut de conquérir les tournois du Grand Chelem, qui demeurent la référence absolue, les joueurs français se consolent régulièrement avec la quête du Saladier d'Argent. C'est leur Graal. Plus accessible, parce qu'il s'obtient au terme d'une aventure collective. Limités individuellement pour pouvoir dominer chacun de leur côté, les Français ont compris que l'union faisait leur force. La campagne 2010 vient encore de le confirmer. Mais le phénomène n'est pas nouveau.
Depuis le sacre de Yannick Noah à Roland-Garros en 1983, tous les principaux joueurs français doivent à la Coupe Davis la principale ligne de leur palmarès. Tous, il leur a manqué un petit, ou un grand quelque chose pour parvenir seuls au sommet. Henri Leconte, Cédric Pioline ou Jo-Wilfried Tsonga ont tous été membres du Top 10. Ils ont tous été en finale, au moins une fois, d'un Grand Chelem. Mais ils n'ont pu, pour diverses raisons, aller au bout. En Coupe Davis, si, pour les deux premiers. Le tour du troisième viendra sans doute. Les esprits chagrins diront que c'est aussi parce que les meilleurs, comme Federer ou Nadal aujourd'hui, ne la disputent pas ou peu. C'est en partie vrai. Cela dit, lorsque la France a battu les Etats-Unis en finale en 1991, c'était la grande Amérique, avec deux joueurs parmi les 7 premiers mondiaux.
Leconte: "Cela m'a tellement apporté dans ma vie"
En réalité, la Coupe Davis convient à merveille aux Français. D'abord parce qu'elle additionne des individualités. Or si la France manque d'un super cador à la Federer, elle a toujours disposé ces 20 dernières années d'un important vivier de joueurs entre la 10e et la 50e place. Cette homogénéité permet de pallier l'absence d'un leader, comme Tsonga en ce moment. Ensuite parce que, sur un match, ou un week-end, les Français sont capables de battre n'importe qui. Sur un Grand Chelem, la problématique est différente. En football, ils s'apparenteraient à ce qu'on appelle une équipe de Coupe, capable de coups, mais peinant à rivaliser avec les meilleurs sur la durée.
A ce titre, Henri Leconte reste sans doute le prototype du joueur français. En Coupe Davis, il pouvait se sublimer, comme face à Sampras en finale en 1991. C'est un peu son Grand Chelem à lui. Un palliatif, en quelque sorte. "Gagner un tournoi du Grand Chelem, ça change la vie inévitablement, admet-il. Je n'ai pas assumé ma finale de 1988 à Roland-Garros face à Mats Wilander. Je l'ai ratée, j'avais trop de pression. Mais gagner la Coupe Davis est à mettre au même rayon, c'est ce qui me permet de ne pas être resté sur ma faim pendant ma carrière. Surtout vu les conditions dans lesquelles cela se passe, car je sors d'une opération du dos peu de temps avant, cela restera un moment exceptionnel pour moi. A Lyon, j'avais joué à un niveau tellement élevé qui m'étonne encore moi-même aujourd'hui. Cela m'a tellement apporté dans ma vie que je ne pourrais même pas inverser les deux résultats. "
Tsonga: "C'est la Coupe Davis qui m'a fait venir au tennis"
La Coupe Davis, c'est au moins autant une question d'envie que de capacités. Cette épreuve doit être désirée. On ne peut la jouer sans passion, sans amour. Or en France, il existe une tradition depuis les Mousquetaires de l'Entre-deux-guerres, qui fait quasiment office de mythologie trans-générationelle. Pour la génération actuelle, il y a incontestablement un effet Lyon. Les Tsonga, Monfils et Cie veulent connaitre vivre ce que Noah, Forget et Leconte ont vécu là-bas. "C'est un rêve de gosse, assure Tsonga. Quand j'étais tout petit, c'est la Coupe Davis qui m'a fait venir au tennis. Je la place au même niveau que les Grands Chelems." "J'étais en CM2 et quand je suis retourné à l'école le lundi, je n'avais plus de voix, raconte Julien Benneteau en évoquant cette finale de 91. C'est mon premier souvenir sportif, tous sports confondus."
Est-ce là un phénomène purement français? Oui et non. Non? Car dans d'autres pays, certains joueurs attachent une importance spéciale à la Coupe Davis. Là encore, leur relation à l'épreuve remonte souvent à l'enfance et à un rêve de gamin. C'est le cas d'Andy Roddick, présent à Forth Worth lors du succès américain face à la Suisse en 1992, ou de Mikhail Youzhny, ramasseur de balles lors de la finale Russie-Etats-Unis trois ans plus tard. Mais en France, le phénomène est sans doute plus accentué qu'ailleurs. "J'espère que ça va changer mais aujourd'hui en France on a plus de chances de gagner la Coupe Davis qu'un Grand Chelem, c'est très clair", admet Guy Forget. Entre les Français et la Coupe Davis, c'est donc à la fois un mariage de raison, et de passion. Une façon de mêler l'utile à l'agréable.
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