La double tentation Raonic

Le jeu en vaut la chandelle. Lancer Milos Raonic dans le double, pour apporter un point vital au Canada, est bien tentant lors de ce premier tour de Coupe Davis face à la France. Surtout après sa prestation pleine d'aplomb vendredi face à Julien Benneteau face à qui le 29e mondial a parfaitement tenu son rôle de leader. Martin Laurendeau pourrait tout à fait aligner son N.1 national aux côtés de Daniel Nestor samedi, avant de le remettre en jeu dimanche face à Jo-Wilfried Tsonga dans le 3e simple. Car le fait est là : en cas de défaite samedi, la qualification sera fortement compromise pour les Canadiens, Vasek Pospisil offrant moins de garantie de succès que son compatriote en simple.

"L’équipe qui remporte le double a 80 % de chances de gagner la rencontre, a estimé le capitaine canadien. C’est toujours un match extrêmement important. Il n’y aura pas d’exception pour samedi. (...) Et Laurendeau de préciser : Il se peut qu'il y ait des changements, mais il s’agit de bons problèmes car on a plusieurs combinaisons possibles. Raonic et Nestor forment une bonne équipe. On va se réunir et planifier les options et on verra. Qu’il y ait des changements ou non, je suis confiant. Le double est une grande tradition au Canada. Nous avons eu des grands champions en double. Cela va être excitant. Pour nous, c’est ça la Coupe Davis."

S'il joue en double avec Vasek Pospisil depuis ses débuts professionnels, Raonic n'a partagé le court qu'une seule fois avec son aîné, 39 ans et actuel N.3 mondial dans cette spécialité : face à la Colombie en 2010, à une époque où le N.1 canadien n'était pas encore devenu le joueur qu'il est aujourd'hui. Il est incontestable que l'expérience de Nestor, vainqueur de 76 titres ATP en double, combinée à la puissance de feu de son cadet peuvent tout à fait composer une équipe capable de tenir la dragée haute aux Français. "Sur ce double, deux joueurs ont un niveau à peu près équivalent, c’est Daniel Nestor et Michaël Llodra, souligne Guy Forget. Ce sont des joueurs de très haut niveau. Ils ont gagné des tournois de Grand Chelem, le Masters. C’est peut-être leur coéquipier qui peut faire la différence."

"Raonic, sans ses blessures en milieu d’année dernière, serait probablement dans le Top 10 aujourd’hui, reconnaît le capitaine français admiratif. On savait que c’était un joueur extrêmement dangereux car il pouvait produire ce genre de tennis. Il n’a eu aucune défaillance face à Julien Benneteau au niveau de l’engagement et dans son jeu offensif. On a vu la démonstration d’un futur très grand joueur." Non sans redouter qu'il soit encore en face samedi. "Il y aura Nestor, c’est évident. Après si c’est Raonic à ses côtés, ce sera dur de les breaker. Mais, il se fatiguera pour son match de dimanche. Je ne suis pas le seul à avoir des problèmes à résoudre. Le capitaine canadien en a aussi. (...) Si jamais Raonic est amené à jouer, on peut penser que les Canadiens remporteront leurs jeux de service facilement. Avec un bombardier comme ça, ils seront difficiles à prendre."

Dans cette perspective, le capitaine français prendrait-il un risque similaire en alignant Jo-Wilfried Tsonga également en double ? Lors du match de barrage en 2009 aux Pays-Bas, le Manceau avait bien insisté pour ne plus jouer les trois jours de compétition. Mais dans la mesure où Raonic semble prêt pour jouer tous les matches possibles ce week-end, Forget pourrait également se laisser tenter par la titularisation du 6e mondial afin de contrer cette "demi-surprise" qui s'annonce. "Ce n’est jamais idéal de jouer trois jours d’affilée, mais parfois on n’a pas le choix, explique le capitaine français. Je l’ai fait plusieurs fois par le passé. Beaucoup de joueurs l’ont fait. Parfois ça passe, parfois on est un peu émoussé le dernier jour. Mais cela peut être une option payante quand on veut envoyer le gros des troupes pour pouvoir conclure la rencontre assez vite."

De son côté, Julien Benneteau n'a pas attendu pour faire connaître son intention de jouer samedi. "Je suis évidemment prêt à tenir ma place. J’ai même une très grosse envie de jouer aux côtés de Mika. Les conditions de jeu nous conviennent bien. On forme une belle équipe ensemble." Une équipe qui a remporté deux titres en 2008 à Las Vegas et à Marseille en 2010 sur le circuit et gagné deux matches en Coupe Davis sur trois entre 2010 et 2011. "Aujourd’hui, Julien est un tout aussi bon joueur de double que Jo, assure Forget. Jo est sûr de jouer en plus le premier simple de dimanche. C’est un choix à faire. Vous aurez la surprise au moment de l’entrée des joueurs sur le court." Cette décision sera sans doute conditionnée par l'état de forme de Gaël Monfils qui pourrait être amené à entrer en lice dimanche face à Vasek Pospisil...