Cette année, Gilles Simon tient (enfin) son rang et ça pourrait tout changer

Le match piège par excellence. Le genre de rencontre qu’il ne faut pas perdre et qui pourtant, dans un contexte de Coupe Davis, a tout pour vous échapper. Avec un Gasquet en retrait après sa demi-finale à Wimbledon, Gilles Simon a eu la lourde tâche d'ouvrir le compteur de la France dans ce quart de finale de Coupe Davis. Face à un James Ward beaucoup moins bien classé que lui (N.89) et habitué des exploits dans la compétition, C’est d’autant plus remarquable quand on connait son passif en Coupe Davis.

Le début de son match a pourtant laissé craindre le pire. En dedans lors des premières frappes de balle, le Niçois a concédé la première balle de break de la rencontre. Sauvée. James Ward ne le savait pas encore, mais il n'allait plus avoir la moindre occasion de la partie sur le service de son adversaire. Car après cette première frayeur, Simon n'a plus rien cédé. Libéré sur le court, solide derrière sa première, il a trouvé la bonne carburation en retour et n'a pas hésité à monter régulièrement au filet (10/13). Une victoire-éclair, mais surtout une deuxième victoire consécutive dans un match à enjeu en Coupe Davis. Du jamais vu pour lui.

C'est simple : en trois mois, Gilles Simon a triplé son nombre de succès qui comptent dans cette compétition. Le 11e joueur mondial avait déjà remporté quatre matches dans la compétition avant cette édition 2015, mais une seule avait vraiment de la valeur : celle de 2011 jouée sur la terre battue de Vienne face au très modeste autrichien Stefan Koubek (6-0, 6-2, 6-3). Il y a plus de quatre ans... Il avait bien emmagasiné trois autres victoires, mais il jouait alors "pour du beurre", l'issue de la rencontre étant déjà actée. Enchaîner de la sorte lui a fait un bien fou. "J'ai passé un match entier sans me faire breaker, a souligné Simon, ça ne m'arrive presque jamais. J'ai réussi à faire un match très sérieux et j'en suis très content."

Cela faisait longtemps qu’il cherchait une victoire référence en Coupe Davis. Son résultat face à Jan-Lennard Struff au premier tour a ressemblé à une libération. Mené deux sets à un par ce joueur classé 60 places en dessous de lui à l'ATP, il a réussi à se débarrasser du statut de perdant qui caractérisait chacune de ses sorties en Coupe Davis en s’arrachant dans le 5e set (7-6, 2-6, 6-7, 6-2, 10-8). Les souvenirs de sa faillite argentine (quart de finale 2013) ou de ses ratés tchèques (premier tour 2009) sont peut-être revenus le hanter dans la Fraport Arena de Francfort. Mais il est parvenu à faire fuir ses démons.

La façon dont il a maîtrisé son match face à James Ward est cette fois une belle satisfaction : Simon peut enfin jouer libéré en Coupe Davis. Et c'est une bonne nouvelle avec l’absence du showman Monfils et avec le coup de mou de Gasquet. Car la pression sur les épaules de Simon était très forte. "Il fallait gagner ce match", a-t-il souligné après la rencontre. Une défaite pouvait compromettre une grande partie des chances de qualification française. Cette victoire donne aux Français de belles perspectives : elle prouve que l’équipe de France peut enfin compter sur Gilles Simon.

Ce groupe bleu s’est souvent reposé sur les seules épaules de Tsonga. Le Manceau a souvent l’habitude de tenir son rang (21 victoires pour 5 défaites), mais porte comme un poids mort les deux dernières finales jouées en 2010 et 2014. Autour de lui, ses coéquipiers alternent le bon et l’inquiétant. Seul, Tsonga ne pourra pas tout faire. Quand il a quelqu’un pour l’épauler, comme un Monfils ou un Gasquet en état de grâce, la France peut aller loin. Et si Simon, un des Français les plus réguliers ces dernières années, parvient enfin à être à leur niveau, les espoirs ne peuvent que s'agrandir en cette édition 2015. Dimanche, le Niçois aura peut-être l'occasion de montrer qu'il a changé de statut face à Andy Murray. A condition de réaliser le match parfait.