Grande-Bretagne - France (1-1) : Mahut, de l'ombre à la lumière

Il y a un an, il ruminait dans son coin. Déçu de ne pas avoir été entendu par Arnaud Clément et de ne pas avoir eu sa chance de jouer en Coupe Davis. Et ce week-end, c'est avec un plaisir immense qu'il sera l'un des fers de lance des Bleus face aux Britanniques à Londres sur le gazon du Queen's. Au moment où il s'y attendait le moins, alors qu'il avait quasiment tiré un trait sur l'équipe de France, le capitaine tricolore l'a appelé en début d'année, après l'Open d'Australie, pour se tenir prêt à jouer le premier tour face à l'Allemagne. Il a dû se pincer à deux fois pour y croire.

Samedi, il sera dans le duo français qui tentera de redonner l'avantage aux Bleus dans ce quart de finale. Plus qu'une consécration, un véritable bonheur pour l'Angevin, qui a réalisé un rêve de gosse en revêtant le maillot bleu pour la première fois sur le tard. "J'étais super fier quand Arnaud Clément m'a annoncé ma sélection, avait alors déclaré l'actuel 64e mondial. Quand j'ai commencé le tennis, j'ai grandi avec les victoires de 1991 et 1996. Pour moi, cela a toujours été un objectif de jouer en équipe de France. Même à 33 ans, j'avais toujours le sentiment de pouvoir porter ce maillot."

L'an passé, Mahut était d'autant plus déçu de ne pas avoir été appelé qu'il vivait la saison la plus accomplie de sa carrière, en atteignant son meilleur classement à la fois en simple (37e au mois de mai) et en double (10e). Mais en équipe de France, les places sont chères, trustées depuis plusieurs années par Tsonga, Gasquet, Monfils, Simon et Benneteau, sans compter Michaël Llodra à l'époque où il n'était pas à la retraite. Pour des joueurs de second plan comme Mahut, briller par à-coup sur le circuit ne suffit pas : il faut aussi compter sur la défaillance de certains cadres pour saisir sa chance. Et c'est exactement ce qu'il a fait quand l'absence des deux leaders Tsonga et Gasquet, blessés début 2015, a ouvert une brèche.

Pour sa première sélection, Mahut a été plus que gâté : les Bleus ont validé leur billet pour le tour suivant dès le deuxième jour de compétition et c'est lui, flanqué de Julien Benneteau, qui ont offert la qualification en remportant le point du double grâce à une victoire nette et précise en trois sets face à la paire allemande Becker/Begemann (6-4, 6-3, 6-2). Pas mal pour une première fois. Après cet essai concluant et le forfait de Benneteau pour affronter la Grande-Bretagne, c'est naturellement que Clément a fait de nouveau appel à lui lorsque le hasard a mis les Britanniques sur la route des Français pour jouer sur gazon, la surface favorite de l'Angevin, qui plus est au Queen's, où le Français a de beaux souvenirs.

"Le fait d’avoir remporté le titre en double aux côtés de Pierre-Hugues (Herbert, NDLR) il y a trois semaines ici-même avait déjà été une belle satisfaction, s'est réjoui le Français lors des conférences de presse après le tirage au sort, car j’étais resté sur le sentiment d’avoir perdu une finale ici face à Andy Roddick en 2007 en ayant eu une balle de match. C’est toujours mieux d’avoir remporté un tournoi sur lequel on va jouer en Coupe Davis... Mais c’est une compétition différente avec un public différent, qui sera tout acquis à la cause des Britanniques. On s’attend à trois jours difficiles."

Samedi, Mahut va vraiment savoir ce qu'est la pression Coupe Davis. Autant au mois de février, les Bleus avaient un joker en poche au moment de jouer le double à Francfort. Autant à Londres, une défaite sonnerait quasiment le glas du clan tricolore, avant les matches de dimanche. Cette fois-ci, pas de Benneteau pour épauler Mahut, mais Richard Gasquet. Du moins sur le papier, car le Biterrois est arrivé éreinté après Wimbledon où il a joué une demi-finale face à Novak Djokovic. A la place du Biterrois, Tsonga tient la corde pour le remplacer. Mahut, lui, sera bien là. Avec une chance énorme de sceller sa place dans ce groupe jusqu'en finale... en cas de victoire convaincante.