Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout
Opinion
Tennis

Forget, cherchez le guide !

Publié 24/04/2015 à 10:00 GMT+2

La France aime bien les symboles et les grands principes. La liberté guidant le peuple est un des tableaux les plus connus et pourrait illustrer bien des révoltes. En Coupe Davis, les révolutions sont plus rares. En revanche, on cherche en permanence des leaders sans peurs ni reproches capables de galvaniser un groupe.

Forget, cherchez le guide !

Crédit: Eurosport

Non, personne ne demande pas à Jo-Wilfried Tsonga de jouer torse nu comme la porte-étendard du tableau de Delacroix. Tout le monde attend cependant qu'un joueur  entraîne le groupe vers la victoire, façon Novak Djokovic en finale, ou Rafael Nadal, un Andy Roddick, un Marat Safin pour ne parler que des récents leaders qui ont décroché la timbale, pardon le Saladier. Et c'est nouveau ! Voilà la grande révélation de la campagne 2010, qui a échoué à quelques sets de la victoire. Après onze ans de capitanat, Guy Forget se retrouve devant une équation nouvelle.

Après l'exploit de 2001, jailli comme par enchantement d'un éclectisme rare (Nicolas Escudé, Sébastien Grosjean, Cédric Pioline et Fabrice Santoro associés en double !), Forget  a tenté de construire un groupe selon des principes inamovibles : non pas "Liberté, égalité, fraternité", mais quelque chose qui ressemble à "Solidarité, abnégation et dévouement". Tout pour l'esprit de groupe. Pendant onze ans, le leader a été Guy Forget lui-même.

Forget leader de l’équipe de France

Expérimenté, passionné, lien entre la génération Noah et celles qui tentent de le faire oublier, bon communicant, Guy Forget possède toutes les qualités pour assumer ce rôle de leader. Malheureusement, il n'a plus l'âge de faire des come-backs à la Thomas Muster (qui a fait une tentative cet automne à Vienne). A 43 ans, Guy Forget  doit désormais faire appel à des relais pour mieux comprendre la fleur de la nouvelle génération. Lionel Roux, 37 ans, lui a ainsi permis de mieux décrypter le comportement de Gaël Monfils.

Il doit aussi s'adapter aux ambitions de chacun. Avec Sébastien Grosjean, il y a eu des moments de flottement mais le discours de Grosjean n'était pas aussi direct que celui d'un Tsonga, voire d'un Monfils et même depuis peu d'un Llodra. Ces joueurs-là veulent "faire péter un Grand Chelem" (Une expression fétiche, avec assez d'autodérision pour qu'on ne prenne pas ça pour de l'arrogance).

Guy Forget doit composer avec des joueurs qui ont connu le top 10 (Tsonga, Monfils, Simon, Gasquet), c'est-à-dire avec des individualités qui n’ont pas oublié qu’ils sont redevables de la formation collective au sein de la FFT, et qui veulent surtout aussi exister sur le circuit, seuls, comme des grands. Comme Amélie Mauresmo a su le faire sur le circuit féminin. Sans laisser tomber la Fed Cup, même s’il elle n’a joué que deux matches l’année de ces deux titres en Grand Chelem.

Forget président ?!

Avec son expérience, Forget est aussi bien placé pour saisir l’importance de l’environnement dans l’évolution d’une carrière. Depuis qu’il occupe le poste de capitaine, on a écouté avec attention ses prises de position. On se souvient de sa position plutôt contestataire vers la fin du mandat de Christian Bîmes. Plus récemment, on l’a entendu donner son avis sur des sujets décisifs pour l’avenir du tennis français : "Quand on voit la Beogradska Arena, Roland-Garros doit se doter d'une salle de cette envergure. Ce n'est pas possible que Belgrade ait cette salle et que nous, nous soyons encore en train d'imaginer de mettre un toit léger, une petite structure. Maintenant il faut vraiment foncer."

C’est en pensant à ce genre de déclarations que j’ai lu l’article de Yannick Cochennec sur Slate.fr : "Guy Forget sera plus utile comme président de la FFT". Après avoir fait tabula rasa des feuilles de match de la campagne 2010, l’observateur attentif du tennis français propose une vision assez différente du leadership dans le tennis français. Selon lui, Guy Forget a fait son temps en tant capitaine, et doit non pas s’éloigner de la FFT mais en prendre les commandes ! A deux ans de la prochaine élection, c’est osé. C’est cependant une perspective qui s’inscrit dans la logique actuelle : les joueurs qui ont connu le top 10 n’ont plus besoin d’un capitaine leader (par ailleurs, on constate que les récents vainqueurs en Coupe Davis ont fonctionné avec des capitaines plutôt effacés). Reste à savoir si l'intéressé se projette aussi loin, et si la Fédération recherche un autre président-capitaine...

Julien CARRASCO (@Jandco_fr)
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité