Doubles gagnants

Deux médailles dans une même olympiade, c'est une première pour l'équipe de France de tennis depuis les Jeux Olympiques de 1924 à Paris et les quatre médailles obtenues à l'époque par les représentants tricolores. Depuis 1988, et la réintroduction de ce sport aux Jeux Olympiques, seules deux breloques étaient tombées dans l'escarcelle de la France: le bronze d'Arnaud Di Pasquale à Sydney en 2000 et l'argent d'Amélie Mauresmo à Athènes en 2004. A Londres, les Bleus ont tout simplement doublé ce total en remportant le bronze et l'argent du double masculin derrière les frères Bryan, les Américains ex-numéros un mondiaux de la spécialité.

"C'est fantastique de retrouver nos quatre joueurs sur le podium", se réjouit Arnaud Di Pasquale. Aujourd'hui responsable du haut niveau à la Fédération française, il était, à l'image de tout le staff tricolore, plus que satisfait de la sélection alignée à Londres. Tous les joueurs français présents dans les tableaux masculins repartiront de Londres avec une médaille: l'argent pour Michael Llodra et Jo-Wilfried Tsonga et le bronze pour Richard Gasquet et Julien Benneteau. "C'est vraiment que du bonheur", a ajouté le Directeur national technique Patrice Hagelauer, donnant le ton à un camp français, qui n'est pas resté déçu longtemps du dénouement de la finale.

Dominés en simple, les joueurs français avaient placé beaucoup d'espoirs dans l'épreuve du double, la discipline qui réussit le mieux à l'équipe de France depuis plusieurs années. Ils ont tout donné pour goûter aux joies d'une récompense olympique. "C'est fabuleux. Il y avait beaucoup de stress depuis hier soir. On n'avait aucune envie de terminer quatrième, ça aurait été une place ignoble", confiait Richard Gasquet après sa victoire aux côtés de Julien Benneteau sur la paire espagnole Lopez/Ferrer dans le match pour la médaille de bronze. Julien Benneteau réalisait, lui, un rêve d'enfance avec cette récompense. "Une médaille olympique, c'est au-dessus de tout ce que j'ai vécu sur le circuit. Celle-là, on l'aura à vie. Pour un sportif, c'est énorme. Au moment de servir, j'ai vu la médaille. Après, on a dû se répéter qu'on avait une médaille pour y croire. C'est géant".

Logiquement déçus après leur défaite en finale face aux frères Bryan, Jo-Wilfried Tsonga et Michael Llodra ont vite retrouvé le sourire sur le podium où Jo-Wilfried Tsonga a confié avoir "eu quelques frissons". "C'est difficile de décrire les émotions qu'on a ressenties sur le podium. Cette médaille restera gravée à jamais dans nos mémoires. On voulait vraiment aller au bout. On échoue sur la dernière marche mais on est fiers de nous", poursuivait Michael Llodra, déjà très ému vendredi après leur victoire en demi-finale. Une victoire qui l'assurait de repartir avec cette médaille olympique après laquelle il courait depuis le début de sa carrière.

La joie si sincère des joueurs français à Londres ne fera peut-être pas taire ceux qui pensent que le tennis n'a rien à faire aux Jeux Olympiques, mais elle prouve en tout cas que les tennismen ne prennent pas cette compétition à la légère. C'est en tout cas ce qu'espérait les médaillés français. "Le tennis est souvent mis à part comme un sport élitiste, différent, dans lequel on gagne plus d'argent que les autres. Ça nous touche beaucoup car, si on a fait ce sport, ce n'est pas pour ça, mais pour les émotions qu'il procure, pour le jeu. Avant d'être des joueurs de tennis, on est des sportifs. Nous aussi on joue pour les valeurs du sport. Aujourd'hui, on est fiers car on a montré qu'on faisait partie des Jeux à part entière", concluait Jo-Wilfried Tsonga. Une médaille d'argent autour du cou.