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Le choix décisif de Tsonga

Julien Carrasco

Publié 24/04/2015 à 10:01 GMT+2

Jo-Wilfried Tsonga n'a plus le temps de tourner autour du pot. 17e mondial aujourd'hui, il aura 26 ans le 17 avril, un âge où on peut encore rêver d'éclabousser le circuit comme il l'avait fait à l'Open d'Australie ou à Bercy en 2008. Tsonga, dont la carrière a été constamment hachée menue par les blessures, n'a jamais pu disputer une saison complète.

Le choix décisif de Tsonga

Crédit: Eurosport

Depuis deux saisons, il a tenté de modifier son jeu, son organisme, ses raquettes, mais rien n'y fait. La mécanique ne suit pas l'ambition de celui qui a été le N.1 français incontestable depuis deux saisons. Alors ce lundi, une nouvelle tentative a été officialisée : Jo-Wilfried se sépare d'Eric Winogradsky, l'entraîneur qui le suivait depuis 2004.

Winogradsky, c'est plus qu'un coach pour Tsonga. Un entraîneur qui a vécu autant de moments forts avec un joueur devient forcément un intime. Ce n'est donc pas un geste facile : "Ce fut une grand aventure humaine et sportive et je tiens à remercier Eric Winogradsky, Cyril Brechbühl mon préparateur physique ainsi que la Fédération française de tennis pour leur indéfectible soutien", dit le communiqué du joueur.

La volonté de changer mais avec quels objectifs ?

Après Alizé Cornet/Pierre Bouteyre l'an passé, et Jérémy Chardy/Frédéric Fontang il y a quelques semaines, c'est un autre duo de longue date qui prend fin. Pour Tsonga, ce n'est pas la fin d'un cycle, c'est surtout la marque d'une volonté de tout essayer pour progresser. On évitera ici de rentrer dans un long débat sur l'efficacité des structures fédérales à encadrer des joueurs de l'élite ATP.  On retiendra simplement que JWT a décidé de monter sa propre structure, que c'est une décision volontaire et finalement moins risquée qu'on pourrait le croire à une condition, que ce choix a été fait avec des objectifs précis.

Depuis 2008, Tsonga avait suivi deux lignes directrices : préserver son squelette et ses muscles d'un jeu trop violent, et donner plus de volume à son jeu, notamment en favorisant un meilleur déplacement. Il a perdu du poids, changé de raquette et s'est parfois retenu de jouer (sauf en Coupe Davis). Bilan : il est resté performant, mais il s'est encore blessé, et surtout, son jeu manque désormais de la spontanéité qui en avait surpris plus d'un. Techniquement, il est encore trop souvent déséquilibré côté  revers, et il doit frapper moins fort pour gérer l'effort. Comment optimiser tout cela ?

Diminuer la frustration en jouant moins

Avant même de connaître le nom du successeur de Winogradsky, et de connaître la forme de la nouvelle structure qu'il veut mettre en place, et les modalités de ses entraînements, il faut savoir ce que Tsonga a en tête. Je peux comprendre qu'un joueur de sa classe, qui battait si souvent Novak Djokovic il y a peu (5/2 pour le Français), soit frustré de ne pouvoir donner la pleine mesure de son énergie et de son talent. Il faudra pourtant prendre des décisions encore plus radicales pour changer le rythme incertain de ses saisons :

La plus importante : jouer moins souvent. C'est difficile, car cela coûte de l'argent (amendes de l'ATP si vous ne participez pas à certains tournois) des points ATP et parfois cela permet de garder le rythme mais en l'état actuel, JWT devrait tenter l'expérience, ne serait-ce qu'une saison de se focaliser uniquement sur trois ou quatre objectifs. Cette année, ses éliminations rapides à Indian Wells et Miami sont finalement bénéfique pour la saison sur terre, mais pourquoi ne pas choisir entre préparation sur terre ou saison printanière sur dur ?

Mon calendrier idéal : Melbourne, Monte-Carlo, Madrid, Roland-Garros, Wimbledon, US Open, Bercy et quelques tournois mineurs intercalés pour ne pas s'ennuyer à l'entraînement. Et pas de Coupe Davis avant les demi-finales ou la finale... Impossible ? Tant qu'il peut encore être tête de série sans trop jouer, il faudrait vraiment canaliser ses forces. Le choix du changement fait par Tsonga sera efficace si le joueur  et son futur coach envisagent différemment une carrière si différente de celles de ses collègues. Qui, parmi le top 20, a connu autant de blessures lors des sept dernières saisons ?

"C'est le printemps en Europe, tout est en train de fleurir alors j'espère que mon tennis aussi va fleurir", avait-t-il déclaré en quittant Miami. Il lui faut surtout cueillir les bonnes fleurs, à défaut de pouvoir embrasser le champ entier de l'ATP...

Julien CARRASCO
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