Tsonga: "Derrière moi"

On avait quitté Jo-Wilfried Tsonga défait et déconfit à New York, après son plus sérieux échec en Grand Chelem depuis cinq ans. Battu au deuxième tour à Flushing, loin, à l'évidence, de ses ambitions initiales, il a visiblement tourné cette sombre page de sa saison 2012. Metz n'est pas New York, mais en passant par la Lorraine, le numéro un français n'a perdu ni son temps ni son titre. Pour la deuxième année de rang, JWT quitte la Moselle avec le trophée dans les bras. Son deuxième titre de la saison, neuf mois après Doha, où il avait mis dans le mille d'entrée. Comme dirait l'autre, c'est toujours ça de pris. "L'US Open est oublié, assure-t-il. De toute façon, je ne peux pas revenir dessus, je ne peux pas le gommer et mettre un autre résultat à la place. Maintenant c'est derrière moi et il faut que j'avance".

Arrivé sans trop savoir à quoi s'attendre, compte tenu de ses récents déboires et de sa blessure à un doigt qu'il traine depuis le début de l'été, Tsonga n'est pas mécontent de la tournure des évènements. On pourrait dire qu'il a simplement tenu son rang de tête de série numéro un et que, vu l'opposition, c'était la moindre des choses que de conserver son titre. Mais vu le contexte, ce n'était pas si évident. D'où sa satisfaction. "Je ressens de la joie, dit-il sobrement. Comme ce n'est pas la première fois, c'est peut-être plus mesuré mais c'est très, très important parce que ces derniers temps, je n'ai pas forcément très, très bien joué et pour moi, c'était important de remettre les choses à plat."

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait gardé le meilleur pour la fin. Parfois inconstant cette semaine, Tsonga a sorti son meilleur match en finale face à Andreas Seppi, complètement laminé. "J'ai très, très bien joué, j'ai su saisir toutes les occasions, à l'inverse d'hier (NDLR: samedi, contre Davydenko). C'est vrai que cela a donné un score assez sec. Je suis juste super content d'avoir gagné ce match. Peu importe quelque part le score, l'important était de le gagner." C'est fait, et ça compte pour lui, surtout après les gros points perdus à New York. Tsonga occupe la huitième place sur l'année 2012. Il n'a aucune marge dans la course au Masters, même s'il n'en fait pas une obsession. "C'était important de conforter mon avance au classement pour participer au Masters même si ce n'est pas forcément mon objectif de fin de saison", explique-t-il, avant de préciser: "Mon objectif, c'est vraiment d'aller chercher des titres. De toute façon, la qualification au Masters passera par là." A Metz, il a donc fait d'une pierre deux coups.

S'il était raisonnable, Jo-Wilfried Tsonga devrait sans doute mettre un terme à sa saison. Et même un peu plus. Sa blessure nécessite une opération, il le sait. "Je ne peux pas me faire opérer parce que cela ne servira pas à grand chose, poursuit-il. Il faudrait juste que je m'arrête six mois ou un an pour rien. Donc, je fais avec." Et s'il veut préserver son rang, il n'a pas le choix. Il le sait. "Il faut que je joue. Je ne suis pas Roger Federer, je n'ai pas gagné de Grand Chelem en début d'année, ou Novak Djokovic ou Rafael Nadal. Pour avoir ma place au Masters, il faut que je continue de jouer." Alors on va le revoir. Très vite, et beaucoup. "Je vais partir en Asie, jouer à Pékin un tournoi ATP 500 et à Shanghai un Masters 1000, confie le numéro 7 mondial. Mes objectifs, c'est d'aller chercher un niveau de jeu plus élevé que les années précédentes et, pourquoi pas, essayer d'aller chercher des titres que je n'ai jamais eus". Main en vrac ou pas, Tsonga fonctionne toujours à l'ambition.