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"Murray, Gasquet, stabilisez votre jeu !"

Publié 24/04/2015 à 10:01 GMT+2

Il y avait "Muscle ton jeu, Robert !", il pourrait y avoir : "Stabilise ton jeu, Richard" et une version britannique pour Andy Murray...

"Murray, Gasquet, stabilisez votre jeu !"

Crédit: Eurosport

Après une semaine à Miami, Andy Murray et Richard Gasquet ont fait leur bagages, direction la saison sur terre battue tandis que Juan Martin Del Potro vient de confirmer son retour aux avant-postes. Trois trajectoires différentes qui m'évoquent un même mot d'ordre : il faut stabiliser son schéma de jeu pour progresser.

Murray, Gasquet et Del Potro sont des joueurs qui reviennent de loin. Dans la vie comme sur le court, ce n'est pas anodin et je préfère le rappeler. Dans la vie, Andy Murray a dû surmonter le traumatisme du massacre de Dunblane, une école écossaise où il était écolier, et où 16 enfants et un adulte avait tué par un déséquilibré. Juan Martin Del Potro a dû, lui, surmonter la mort de sa soeur, âgée de 4 ans.  Dans un registre moins tragique, Richard Gasquet a dû apprendre à vivre avec une pression médiatique constante depuis l'enfance, sa carrière constitue pour l'instant une série qui semble infinie de retours en grâces et d'espoirs déçus.

Sur les courts, marqué par l'affaire de son contrôle positif à Miami en 2009, Gasquet est revenu progressivement au niveau qui était le sien à l'époque.  La question est de savoir s'il peut revenir dans le top 10.

Murray a déjà vécu trois défaites en finale de Grand Chelem. L'an passé, il avait mis six mois pour se remettre de son échec devant Roger Federer à l'Open d'Australie. Combien de mois mettra-t-il cette saison, lui qui n'a plus gagné un match depuis sa défaite face à Novak Djokovic, toujours à Melbourne ?

Del Potro a connu le sommet, la victoire dès sa première finale de Grand Chelem à l'US Open 2009 et les abîmes dans la foulée avec une blessure au poignet qui l'a empêché de jouer en 2010. La question est de savoir s'il peut pratiquer le même tennis de "démolisseur" qu'avant sa blessure.

Murray et Gasquet hésitent encore

Ce que je constate aujourd'hui, c'est que les deux premiers cités n'ont toujours pas fixé une ligne de jeu directrice ferme et constante. Murray évolue sans entraîneur, ce qui peut certainement être pénalisant à un moment donné, notamment pour remettre en cause les vieux réflexes, mais ce qui m'apparaît  plus dommageable, c'est l'instabilité de ses ambitions tactiques. Avec Gasquet, on sait où on en est. Sébastien Grosjean et Ricardo Piatti ont compris ses blocages : Richard doit avancer dans le court. Et quand il est "crispé" comme à Miami, il n'y arrive pas.

Cela dit, restons positif, il y avait des raisons d'être un peu crispé dans un stade qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs. Cet effort sur soi n'est pas facile. Grosjean semble l'avoir aidé. Tant qu'il ne reproduira pas, à chaque tournoi, cette avancée (nous n'avons pas dit service-volée, juste jouer devant sa ligne de fond au moins), Gasquet luttera pour progresser au classement.

Pour  Murray, le problème semble plus profond. Nerveux mais froid, il semble souvent se mettre une pression inutile. Sa polyvalence, son sens de la géométrie du court, de la cadence, son inventivité se mettent alors à flotter dans un tennis brumeux. Comment sortir de ce brouillard qui recouvre son jeu ? Jouer chaque fois de la même façon, et chaque fois comme à Montréal en 2010 : en prenant le jeu à son compte. Il faudra autre chose qu'un coach tonique à la Brad Gilbert pour le convaincre. Un Ivan Lendl, froid et méthodique ? Pourquoi pas ? Mais selon moi, c'est le genre de décision qui ressemble à une prise de conscience. Murray accepte la défaite, il est patient, tout va bien, mais son empreinte en terme de jeu n'est pas encore profonde.

Del Potro remet le couvert

A côté, celle de Juan Martin Del Potro est monumentale. Facile me direz-vous pour un joueur que l'on surnomme la Tour de Tandil (sa ville de naissance) et qui a déjà un titre du Grand Chelem dans ses grandes poches. Pourtant, ce que je veux retenir ici, c'est le jeu de l'Argentin. Depuis qu'il est apparu au plus haut niveau, je me souviens de ses débuts de match accrochés contre Juan Carlos Ferrero et Rafael Nadal à Roland-Garros en 2006 et 2007, "Delpo" cultive un même style de jeu. Souvent frustre, sec, qui ne laisse pas de place à la rêverie, et qui bouscule pourtant tous les autres styles actuel : Des frappes fortes des deux côtés, plutôt à plat, avec un impératif : entrer dans le court.

A Miami, "Delpo" a fait plier Robin Söderling en deux sets en pratiquant le jeu qu'il maîtrise à la perfection. Malgré un an d'absence, il vient d'enchaîner trois demi-finales et une victoire (Delray Beach). Sûr du jeu qu'il veut déployer, conscient qu'il faudra l'améliorer progressivement, comme Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer l'ont fait avant lui, il propose ce qu'il sait faire de mieux. Il a déjà réussi son retour et on l'attend avec impatience sur terre battue. Messieurs Murray et Gasquet (pour ne parler que d'eux aujourd'hui), chacun selon vos potentiels, à vous de montrer ce que vous savez faire...

Julien CARRASCO
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