Tsonga, la valeur sûre

OPEN D'AUSTRALIE - 3e tour messieurs

Jo-WilfriedTsonga (FRA, 10) bat Tommy Haas (ALL,18) 6-4, 3-6, 6-1, 7-5. Prochain adversaire: Almagro
Nicolas Almagro (ESP, 26) bat Alejandro Falla (COL) 6-4, 6-3, 6-4

Toute la France avait les yeux braqués sur lui. Dernier représentant tricolore après les éliminations prématurées de Gaël Monfils et Marion Bartoli, Jo-Wilfried Tsonga n'a pas déçu, compostant pour la troisième année consécutive son billet pour les huitièmes de finale de l'Open d'Australie, en réussissant à imposer sa puissance à la fluidité et à la variété de coup de Tommy Haas. Demi-finaliste à Melbourne à trois reprises au cours de sa carrière, l'Allemand a toujours été très à l'aise sur les courts de la première levée du Grand Chelem. La fluidité de son revers, l'étendue de son arsenal sont telles que l'ancien numéro deux mondial est capable de tout, c'est pour cette raison que Jo avait à cœur d'imposer d'entrée sa puissance, de le prendre à la gorge pour l'empêcher de prendre ses marques.

A cet égard, la première manche fut un modèle. Porté par un taux de première balle surréaliste (84%), le Manceau n'a pas laissé une seule seconde de répit à Haas, faisant une véritable démonstration de jeu offensif. Volées tranchantes, coups droits ravageurs et grande précision en passing, le numéro un tricolore a fait le show, réussissant la bagatelle de 23 coups gagnants pour seulement 7 fautes directes. Un récital. Le protégé ne pouvait cependant tenir une telle cadence. Coupable par moment de nonchalance, de dilettantisme, il a à plusieurs reprises remis Haas en selle en voulant trop forcer ses coups et se rendant coupable de fautes grossières.

Il n'est jamais évident de trouver le juste milieu en pris d'initiative et patience. Jo n'a par moment pas su sur quel pied danser, d'autant plus que l'Allemand lui donnait régulièrement le tournis en faisant étalage d'un arsenal que peu de joueurs possèdent. Revers long de ligne, amorties, volées et service efficace... Tommy Haas est assurément un des joueurs les plus complets. Dès que Tsonga baissait légèrement de rythme, mettait un peu moins d'intensité dans ses frappes, l'Hambourgeois rappelait pourquoi il a occupé un temps la place de dauphin du classement mondial. A deux doigts de gagner le droit de disputer un cinquième set, il n'a cependant pas été en mesure de stopper le retour tonitruant de Tsonga.

Mené 5-2, le protégé de Winogradsky s'est alors rappelé qu'il ne devait pas lui laisser le contrôle des échanges. Porté par un service de plomb (20 aces), le Français a su trouver un second souffle pour imposer sa puissance. Profitant de la moindre balle un peu courte, un peu neutre, il a repris sa marche en avant grâce à une pluie de coups droits et de volées assourdissants qui lui ont permis de remporter cinq jeux consécutifs, synonyme de qualification.

Grâce à cette issue heureuse, Tsonga s'est ainsi épargné un match en cinq sets, situation de jeu qu'il n'a jamais connu dans sa carrière, que ce soit en tournoi du Grand Chelem ou en Coupe Davis ! "Jouer un cinquième set fait partie des choses que j'ai envie de vivre, a-t-il dit. Peut-être qu'un jour je ferai exprès. A 5-2 dans le 4e set, Je faisais n'importe quoi, j'étais en colère. Je me suis dit: arrête de pleurer, de faire ton gamin, maintenant on joue. Et j'y vais". Tout n'a certes pas été parfait comme il le reconnaissait lui-même à la sortie du court, mais c'est presque bon signe. Le meilleur reste peut-être à venir ! Et Haas de confirmer: "S'il continue à servir comme ça, il sera difficile à arrêter". "On arrive en deuxième semaine, c'est le moment que j'aime, a terminé le finaliste 2008. Avant, on joue pour ne pas perdre, à partir de maintenant, on joue pour gagner. Chaque match gagné sera un grand pas de plus vers mon rêve."