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Com': Nadal perd le match

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 20/01/2012 à 10:57 GMT+1

Opposé à Roger Federer dans la bataille du calendrier ATP, Rafael Nadal a lancé une pique au Suisse en conférence de presse cette semaine à Melbourne. Très offensif sur de nombreux sujets, l'Espagnol manque parfois de discernement et semble se perdre dans des combats devenus trop nombreux.

2011 ATP Masters London Federer Nadal

Crédit: AFP

En marge de l’Open d’Australie, Roger Federer et Rafael Nadal, qui disputeront leur match du 3e tour vendredi 20 janvier, ont été confrontés sur un terrain inhabituel : celui de la salle de conférence de presse de Melbourne Park. Le Majorquin a été à l’origine de ce petit échange inattendu sans réelles conséquences, mais dont l’écho a néanmoins retenti à travers le monde. Interrogé en espagnol à propos des problèmes actuellement sur la table du circuit masculin, à commencer par celui de la durée prétendument trop longue de la saison, il s’est emporté en se défendant d’être un "meneur" et s’en est pris au Suisse : "C’est très facile de dire :  Moi, je ne dis rien, tout va bien et comme ça, moi, je suis le gentleman. Tandis que tous les autres ont des problèmes physiques. Lui (Federer), il terminera sa carrière sans problème, car il a un physique privilégié. Mais ni Djokovic, ni Murray, ni moi ne la finiront sans dommages."
C’était évidemment une maladresse. La preuve : avec son intégrité habituelle, il a jugé bon de la corriger lors de son apparition suivante devant les journalistes. Federer a ensuite confirmé qu’il n’y avait pas l’ombre d’un souci entre les deux hommes. Mais le mal était fait. Nadal avait perdu le match de la communication. Depuis quelques mois, Nadal est, quoi qu’il en dise, à la tête d’une fronde qui mène un combat presque aussi vieux que l’ATP né en 1973 : militer pour le raccourcissement d’une saison qui, entre parenthèses, est déjà réduite de deux semaines en 2012. Dans ce débat, Nadal, peut-être affolé par la dégradation de son état physique, en a fait une affaire personnelle et paraît manquer de discernement. Car lorsqu’il dit qu’une "super majorité" de joueurs est d’accord avec lui, il ne dit pas l’exacte vérité.
Nadal engagé sur tous les fronts
Une grande partie des meilleurs mondiaux est effectivement sur la même longueur d’onde que lui, mais pas forcément le gros des troupes, dont la saison se termine fin octobre et qui a besoin, elle, de gagner sa vie semaine après semaine, tous les professionnels étant loin de rouler sur l’or en raison des frais qu’ils engagent. Ce raccourcissement de la saison est une demande de "riches", certes fatigués et dont il est important de comprendre les douleurs, mais elle est principalement l’obsession d’une minorité qui voudrait diminuer le nombre des tournois obligatoirement inscrits à leur programme. Dans ce conflit, Nadal est notamment relayé par Djokovic et Murray, ces deux derniers se montrant désormais nettement plus silencieux sur le sujet.
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nadal open d'australie

Crédit: AFP

Le problème est que Nadal est aussi en pointe (avec Roddick) sur un autre combat qui concerne la répartition des gains. Alors que les joueurs récupèrent un tiers des revenus des tournois traditionnels par le biais des dotations, ils ne touchent qu’environ 12% de ceux des épreuves du Grand Chelem. Maintenant, ils en veulent plus. Et soudain pointe l’hypothèse menaçante d’une grève qui ne doit pas être prise à la légère dans la perspective de Roland-Garros. Rappelons, en effet, qu’en 1973, les joueurs professionnels ont boycotté Wimbledon pour soutenir l’un des leurs, le Yougoslave Nikki Pilic. Au-delà de ce "jouer moins pour gagner plus", Nadal sème également le trouble en avançant l’idée d’un classement calculé sur deux ans (au lieu d’un comme actuellement) afin de moins pénaliser les joueurs mis sur la touche en raison de blessures. Il veut réformer aussi la coupe Davis et la transformer en une sorte de coupe du monde. Le voilà devenu révolutionnaire sur tous les fronts.
Ayant le privilège de n’avoir jamais été blessé dans sa carrière -deux seuls forfaits en cours de tournoi et pas le moindre abandon tout au long de son aventure professionnelle- Roger Federer est plus circonspect sur toutes ces questions et avance plus prudemment sur un terrain qu’il sait mouvant et dangereux pour le circuit masculin. Dans cette réserve, certains voudraient y voir de l’égoïsme de la part de celui qui reste le président du conseil des joueurs alors que le rôle de Federer consiste justement à modérer toutes les opinions et à faire la synthèse et le lien entre les joueurs et les directeurs de tournois. Essentielle dans une partie si politique, la diplomatie sied davantage à Federer qui manie l’anglais et la langue de bois tellement mieux que Nadal. Dans la confusion actuelle, le vainqueur de Roland-Garros est trop offensif. Ce n’est pas dans la nature de son jeu.
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