Roland-Garros messieurs 2013: Julien Benneteau sait y faire avec Roger Federer

"Déjà, j’y suis." Julien Benneteau sait qu'il revient de très loin dans ce tournoi. Il s'est vu éliminé face à Tobias Kamke lorsque l'Allemand a mené 2-0 dans le cinquième set. Miraculé, le Bressan s'avance vers Roger Federer avec le bonheur simple des gens qui savent qu'ils ne devraient plus être là. Federer, sur le central, c'est en quelque sorte sa récompense pour le morceau de bravoure contre Kamke. Son cadeau. Un cadeau d'adieu? Physiquement, rien ne dit que Benneteau, perturbé qui plus est par le retour de sa pubalgie, aura suffisamment récupéré pour offrir une résistance pleine et entière au Suisse. C'est son seul frein car, pour le reste, le passé commun entre les deux hommes aurait plutôt de quoi l'inciter à l'optimisme.

En six confrontations, le Français a déjà battu par deux fois l'homme aux 17 titres en Grand Chelem. A Bercy, en 2009, et pas plus tard qu'au mois de février, à Rotterdam (6-3, 7-5), lors de leur dernier duel en date. "Je vais essayer de m'en servir, forcément", avoue Bennet'. Evidemment, en Grand Chelem, sur un match au meilleur des cinq sets, c'est une autre paire de manches. Sauf que Federer avait bien failli passer à la trappe l'an dernier à Wimbledon lorsque les deux joueurs avaient croisé le fer, au troisième tour déjà. Benneteau avait remporté les deux premiers sets. Il ne lui avait même manqué que deux points pour signer l'exploit d'une vie. "Je l'ai déjà joué en Grand Chelem, je l'ai déjà accroché, poursuit l'intéressé, donc je sais que ce n'est pas impossible."

Mais s'il n'y avait pas ces maudites sept heures passées sur le court en deux matches, pendant que Federer expédiait deux qualifiés en guise d'échauffement grandeur nature, Benneteau pourrait être plus confiant. "Je vais tout donner, promet le Français, comme je l'ai fait contre Kamke, pour essayer d'aller chercher ce qui serait forcément l'un des plus beaux exploits de ma carrière. Mais je ne suis pas favori, j'ai une grosse cote, on va dire. Forcément, c'est très compliqué. Il a eu deux tours très faciles. Il joue bien. On le connaît. Dans le Grand Chelem, pour le battre avant les quarts de finale, il faut monter à 84 !" Benneteau charge la barque et rajoute volontairement vingt ans pour souligner son effet mais chacun aura bien saisi l'idée.

Roger Federer ne commettra en tout cas pas l'erreur de croire a priori en un match facile sous prétexte que Benneteau a déjà beaucoup donné sur ses deux premiers tours. Ce sera peut-être le cas, mais ses récurrentes difficultés face à cet adversaire le poussent plutôt à la prudence qu'autre chose. "Ce n'est pas que je ne l'ai jamais battu ou joué avant mais c'est vrai qu'il me pose souvent des problèmes sur le terrain, admet le Bâlois. Ce n'est jamais simple contre lui. C'est à moi de trouver la solution."

Preuve que la menace est suffisamment sérieuse, Federer n'écarte pas l'hypothèse d'un ajustement tactique, sur lequel il avait bien l'intention de plancher avant le match avec son coach, Paul Annacone. "C'est à moi de changer, de voir ce qui n'a pas fonctionné de mon côté, ce qui a fonctionné pour lui, souligne-t-il. J'essaie de changer cela. Je vais faire un travail avec mes coachs pour voir ce qu’il faut modifier." Federer n'a certainement pas peur. Mais il se méfie, c'est évident. Et ce n'est pas forcément la meilleure des nouvelles pour Benneteau...