Nadal enterre Federer

ROLAND-GARROS - DEMI-FINALES MESSIEURS

R.Nadal (Esp, 4) bat R.Federer (Sui, 1) 6-3, 4-6, 6-4, 6-3

Un oeil noir qui vibre du premier au dernier point, un bras gauche qui ne faiblit jamais, une surmotivation à tous les instants... Rafael Nadal n'est peut-être pas un poète, mais il a toutes les répliques prêtes dans sa raquette. Dans le choc de ces demi-finales qui avait des allures de finale avant l'heure, le jeune Espagnol a fait forte impression sur le Central qui a vu défaillir le n°1 mondial. Roger Federer était pourtant prévenu : le phénomène Nadal, croisé déjà à deux reprises par le Suisse, a tout balayé sur son passage en moins de 3 heures de jeu.

Le Majorquin entre de suite dans le vif du sujet. Pressant sur le service du Suisse, dès la première occasion, Nadal fait mouche. Le ton est donné : la première manche sera à sens unique. Le Suisse a du mal à régler son coup droit qui flirte plus avec les couloirs qu'avec le court. En face, Nadal ne rate pas une occasion de se mettre hors de portée. 6-3 après 43 minutes. Federer est certes malchanceux mais il est aussi outrageusement dominé dans l'échange.

La furia Nadal connaît pourtant un bémol dans la 2e manche. Federer retrouve sa classe et son efficacité, ce qui a le don d'énerver passablement l'Espagnol qui se bat sur toutes les balles, comme si sa vie en dépend... Le 2e set échappe pourtant au Majorquin qui encaisse un 4-0 en l'espace de 20 minutes. Le calme de Federer lui a permis de revenir tranquillement dans la partie, en s'appliquant sur ses attaques, de plus en plus service-volée. Cette recette porte ses fruits : la première balle du n°1 mondial à 93% lors du 2e set sauve la face du jeu. Car, même si Federer conclut cette manche, Nadal est à deux doigts de revenir dans son giron.

Sentiment qui se confirme dans les deux sets qui suivent. On sent l'Espagnol à vif, prêt à mordre dans la balle aussi bien en fond de court qu'au filet. De l'autre côté, Federer réalise des coups splendides que le public, sous le charme, n'oublie pas de saluer. Mais l'emprise du match est pour le cadet des protagonistes. Poussé dans ses retranchements, Federer fait un nombre incalculable de fautes directes. Son coup droit si efficace d'habitude se dérobe et son mental ne tarde pas à fléchir quand celui de son adversaire ne demande qu'à culminer.

L'issue des deux derniers sets connaît une fin similaire. Dans un duel de plus en plus serré au tableau d'affichage, Roger sert pour égaliser. Mais au moment le plus important, le bras du Suisse se crispe, les double-fautes remettent dans le coup l'Espagnol qui se procure des balles de break au meilleur moment : dans le 10e jeu. Dans le 3e set, Federer craque sur sa mise en jeu en passant ses deux dernières attaques hors du court. C'est le tournant du match. En pliant 6-4, Federer est touché. Un sursaut d'orgueil pourtant dans le 4e set ravive le Suisse qui réalise le break dans le 5e jeu... mais aussi vite repris par l'Ibère qui répond du tac au tac.

Le Suisse ne tient plus le rythme en fond de court. Son service, qui lui a permis de revenir dans le match dans le 2e set, le lâche à son tour ; et c'est avec fatalité que Nadal prend la mise en jeu du Suisse dans le 8e jeu... A une marche du match, le Majorquin ne rate pas le coche de renvoyer Federer au vestiaire, tête basse, pour s'offrir sa 23e victoire d'affilée sur terre battue, synonyme de première finale de Grand Chelem, à Roland-Garros. Le tout, le jour de ses 19 ans. Tout simplement exceptionnel. Roger ne peut que constater son échec : il ne remportera pas les Internationaux de France cette année encore.