Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Federer: des idées reçues

Eurosport
ParEurosport

Publié 20/05/2009 à 13:40 GMT+2

Si l'on écoute les commentaires faits ici ou là par quelques professionnels ou fans trop lapidaires, Roger Federer était un joueur sur le déclin, éloigné des exigences de la terre battue et soumis à la loi de Rafael Nadal. Ces "a priori" rapides ont-ils un fondement ?

ROLAND-GARROS J-4
. "ROGER FEDERER EST SUR LE DECLIN"
Roger Federer sur le déclin, c'est un peu la tarte à la crème de ces deux dernières saisons. A la moindre défaite, les prophètes du pronostic optent pour la déchéance rapide du demi-dieu. Relativisons. Federer est tout simplement descendu de son nuage. Il reste au sommet, simplement en retrait derrière Rafael Nadal, qui est lui en plein ascension. L'illusion d'optique est due à deux critères : le classement ATP qui est d'une exigence insensée (récemment critiquée par Djokovic et Nadal), et la valeur symbolique des tournois. Federer a changé de perspective.
Ce qui motive le futur papa, c'est le record de Pete Sampras (14 titres du Grand Chelem, il en est à 13) et les émotions fortes des derniers carrés de Grand Chelem, point à la ligne.
Il gère le reste au mieux dans le cadre d'une préparation axée sur les "majeurs". Le Suisse n'a d'ailleurs manqué qu'une seule fois les demi-finales lors des 21 derniers tournois du Grand Chelem : à Roland-Garros, en 2004. A Madrid, dimanche dernier, on s'est souvenu que s'il n'avait pas gagné un titre cette année, ni soulevé un trophée en Masters 1000 depuis 15 tournois (Cincinnati 2007), il avait atteint dix fois au moins les quarts de finale lors des 13 derniers Masters 1000. Un déclin qui ferait les beaux jours de n'importe quel joueur français par exemple, même si la place de N.1 mondial semble désormais inaccessible en 2009.
. "ROGER FEDERER N'EST PAS EFFICACE SUR TERRE BATTUE"
Il faut le rappeler à chaque saison : Roger Federer a grandi sur terre battue comme la plupart des joueurs suisses. Il a joué son premier tournoi (Gstaad) sur terre battue, et s'il n'y a pas gagné son premier match (ce fut à Toulouse sur dur, face à Guillaume Raoux en 1998), il compte sept titres et dix finales sur la surface, dont neuf perdues face à Rafael Nadal. Une portion congrue dans un palmarès qui compte 58 titres dont une majorité sur dur, mais encore une fois il faut revoir la perspective de ces statistiques : c'est proportionnel aux nombres de tournois majeurs sur terre joués sur le circuit.
Ses qualités physiques indéniables (aucune blessure avant sa mononucléose début 2008), son jeu de jambes et la vélocité de ses frappes sont des atouts que tous les laboureurs du circuit lui envient. Face à Rafael Nadal bien entendu, c'est une autre histoire. En 11 rencontres, il n'a gagné qu'à deux reprises (Hambourg 2007 et Madrid 2009). Et le temps ne joue pas en sa faveur, notamment sur terre puisque d'autres adversaires sont susceptibles de le défier et que Nadal n'a que 22 ans.
. "ROLAND-GARROS NE LUI REUSSIT PAS"
Quand on est un joueur qui vise le Grand Chelem, perdre à Roland-Garros est toujours une déception. De là à conclure que le tournoi parisien ne convient pas à Roger Federer, il y a un fossé que nous ne comblerons pas. Roger à Paris, c'est une histoire d'amour qui stagne au stade du flirt poussé. Le coup de foudre, c'est à Wimbledon que le Suisse l'a vécu. C'est là qu'il a joué et battu Pete Sampras en 2001, c'est là qu'il est devenu l'égal Bjorn Borg (5 titres consécutifs). Il l'a toujours dit, Wimbledon est sa priorité. Ensuite, avec les ans, Roland-Garros s'est imposé comme la grande lacune de son palmarès.
Jusqu'au tournoi 2008, la frustration était contenue. Federer est souvent sorti tête haute (voir ci-dessous), devant des têtes de série ou des spécialistes, futurs ou anciens finalistes tels Corretja et Kuerten (si l'on excepte les défaites de 2002 face à Hicham Arazi et en 2003 face à Luis Horna). La raclée prise l'année dernière en finale (1-6, 3-6, 0-6) avait en comparaison quelque chose de définitif. Un an plus tard, il est nécessaire de rappeler que le Suisse reste sur trois finales et une demi-finale Porte d'Auteuil et qu'il y a dominé les meilleurs terriens.
. Roland Garros 2008
1er tour, bat : Sam Querrey (USA) 6-4 6-4 6-3
2e tour, bat : Albert Montanes (ESP) 6-7(5) 6-1 6-0 6-4
3e tour, bat : Mario Ancic (CRO) 6-3 6-4 6-2
1/8, bat : Julien Benneteau (FRA) 6-4 7-5 7-5
1/4, bat : Fernando Gonzalez (CHI) 2-6 6-2 6-3 6-4
1/2, bat : Gael Monfils (FRA) 6-2 5-7 6-3 7-5
Finale, battu par : Rafael Nadal (ESP/N.2) 1-6 3-6 0-6
. Roland Garros 2007
1er tour, bat : Michael Russell (USA) 6-4 6-2 6-4
2e tour, bat : Thierry Ascione (FRA) 6-1 6-2 7-6(8)
3e tour, bat : Potito Starace (ITA) 6-2 6-3 6-0
1/8, bat : Mikhail Youzhny (RUS) 7-6(3) 6-4 6-4
1/4, bat : Tommy Robredo (ESP) 7-5 1-6 6-1 6-2
1/2, bat : Nikolay Davydenko (RUS) 7-5 7-6(5) 7-6(7)
Finale, battu par : Rafael Nadal (ESP/N.2) 3-6 6-4 3-6 4-6
. Roland Garros 2006
1er tour, bat : Diego Hartfield (ARG) 7-5 7-6(2) 6-2
2e tour, bat : Alejandro Falla (COL) 6-1 6-4 6-3
3e tour, bat : Nicolas Massu (CHI) 6-1 6-2 6-7(4) 7-5
1/8, bat : Tomas Berdych (CZE) 6-3 6-2 6-3
1/4, bat : Mario Ancic (CRO) 6-4 6-3 6-4
1/2, bat : David Nalbandian (ARG) 3-6 6-4 5-2 ab.
Finale, battu par : Rafael Nadal (ESP/N.2) 6-1 1-6 4-6 6-7(4)
. Roland Garros 2005
1er tour, bat : Dudi Sela (ISR) 264 6-1 6-4 6-0
2e tour, bat : Nicolas Almagro (ESP) 76 6-3 7-6(7) 6-2
3e tour, bat : Fernando Gonzalez (CHI) 26 7-6(9) 7-5 6-2
1/8, bat : Carlos Moya (ESP) 15 6-1 6-4 6-3
1/4, bat : Victor Hanescu (ROU) 90 6-2 7-6(3) 6-3
1/2, battu par : Rafael Nadal (ESP/N.5) 5 3-6 6-4 4-6 3-6
. Roland Garros 2004
1er tour, bat : Kristof Vliegen (BEL) 6-1 6-2 6-1
2e tour, bat : Nicolas Kiefer (GER) 6-3 6-4 7-6(6)
3e tour, battu par : Gustavo Kuerten (BRA, 30e) 4-6 4-6 4-6
. Roland Garros 2003
1er tour, battu par : Luis Horna (PER, 88e) 6-7(6) 2-6 6-7(3)
. Roland Garros 2002
1er tour, battu par : Hicham Arazi (MAR, 45e) 3-6 2-6 4-6
. Roland Garros, 2001
1er tour, bat : Stefano Galvan, (ITA) 6-3 6-3 6-3
2e tour, bat : Sargis Sargsian (ARM) 4-6 3-6 6-2 6-4 9-7
3e tour, bat : David Sanchez (ESP) 6-4 6-3 1-6 6-3
1/8, bat : Wayne Arthurs (AUS) 3-6 6-3 6-4 6-2
1/4, battu par : Alex Corretja (ESP/N.13) 5-7 4-6 5-7
. Roland Garros 2000
1er tour, bat : Wayne Arthurs (AUS) 7-6(4) 6-3 1-6 6-3
2e tour, bat : Jan-Michael Gambill (USA) 7-6(5) 6-3 6-3
3e tour, bat : Michel Kratochvil (SUI) 7-6(5) 6-4 2-6 6-7(4) 8-6
1/8, battu par : Alex Corretja (ESP/N.10) 5-7 6-7(7) 2-6
. Roland Garros 1999
1er tour : battu par Patrick Rafter (AUS/N.3) 7-5 3-6 0-6 2-6
. "FEDERER NE SAIT PAS JOUER NADAL"
Face-à-face : 13/7 pour Nadal
Face-à-face sur terre battue : 11/2 pour Nadal
Face-à-face à Roland-Garros : 4/0 pour Nadal
A ce niveau de rivalité, il est impossible de croire que Roger Federer n'a pas de solutions tactiques face à Rafael Nadal. Qu'il soit parfois découragé, énervé, las, c'est une option, qu'il soit fatigué, dans un mauvais jour, déconcentré, c'en est une autre. Qu'il se trompe de choix, c'est la dernière possibilité, la plus improbable. On se souvient ainsi du leitmotiv de Mats Wilander qui attendait du service-volée à volonté de la part du Suisse face au Majorquin. Et qui attend toujours. Au sommet de son art, Roger avait réussi à prendre le jeu à son compte (c'était à Rome en 2006) mais il avait peut-être sous-estimé la résistance physique et la lucidité de son adversaire.
Par la suite, les schémas de jeu ont traduit un choix plus offensif mais toujours pondéré. En fond de court, la zone privilégiée a longtemps été une zone intermédiaire sur le revers de Nadal, pour placer son coup droit. Ensuite tout dépend de sa première balle et de son coup droit. A Madrid, le service est passé et un "Nadal moyen" a subi le rythme de la partie. A Roland-Garros, Federer n'a jamais affronté un "Nadal moyen", mais un joueur en pleine possession de ses moyens. Pour conclure brièvement : si Federer ne sait pas jouer Nadal, ce n'est pas une question d'analyse du jeu, c'est sa capacité à proposer longtemps un jeu varié, rythmé et imprévisible.
A SAVOIR
. La déclaration de Nadal après la finale de Madrid : "Je n'ai jamais été dans le match car Federer ne m'en a pas laissé l'occasion. Les rares opportunités que j'ai eues, il les a beaucoup mieux jouées que moi."
. Lors de la finale 2007 de Roland-Garros, Federer a obtenu 10 balles de break dans la première manche, et 17 au total, pour un seul break sur l'ensemble de la partie. Par deux fois dans la première manche, Nadal a été mené 15/40 (1-2, et 2-3) et une fois 0/40 (4-3) sur son engagement sans céder son engagement.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité