A New York, Juan Martin Del Potro se bonifie

Il doit y avoir quelque chose dans l'air. Ou les souvenirs lui font retrouver les jambes de ses 20 ans. De retour sur la terre de son plus grand exploit, Juan Martin del Potro se bonifie. La période estivale de l'Argentin n'a pourtant pas été des plus fructueuses au coeur d'une saison en dents de scie. Son bilan entre Roland-Garros et l'US Open avait d'ailleurs de quoi inquiéter : cinq victoires et quatre défaites. Loin de l'été de sa renaissance en 2016 où il avait glané l'argent aux Jeux Olympiques. Derrière, il avait enchaîné sur un quart de finale à New York, son meilleur résultat en Grand Chelem depuis juillet 2013. L'approche n'est pas la même mais le résultat pourrait être identique en 2017. Il tient, face à Dominic Thiem, une nouvelle chance de rallier les quarts de son tournoi fétiche.

Clin d'œil du destin, c'était précisément l'Autrichien qu'il avait éliminé à ce stade de la compétition l'an passé. L'actuel 8e joueur mondial avait abandonné après un peu plus d'un set et ouvert la porte à son adversaire éliminé au tour suivant par le futur vainqueur, Stan Wawrinka. Le seul autre duel entre les deux hommes, également en 2016 (à Madrid), avait aussi tourné en faveur de l'Argentin. Mais cette fois, cette victoire ne devait rien à une blessure. C'est sur le court et au forceps que Del Potro s'était imposé (7-6, 6-3).

Son bilan face à Thiem est favorable ? "Il a tout pour gagner ce match, a répondu Del Po. Il fait une grande saison et ce sera le favori." Mais l'Argentin sait qu'il a les moyens de lui poser des problèmes. "J'aime jouer contre lui. J'aime le jouer dans ce tournoi. J'espère que je vais pouvoir faire un bon match." Il sait aussi qu'il surfe sur une dynamique positive et qu'il retrouve peu à peu ses sensations. Il vient d'enchaîner trois victoires consécutives pour la première fois depuis… mai et le Masters 1000 de Rome. Depuis le début du tournoi, il n'a pas perdu un seul set. C'est assez rare dans cette édition pour être signalé (seul Philipp Kohlschreiber est également dans ce cas).

Face à Roberto Bautista Agut au 3e tour, il a franchi avec maestria son premier gros obstacle de la quinzaine (6-3, 6-3, 6-4). Un succès net et sans bavure, sans rien laisser en chemin. "J'ai joué mon meilleur match du tournoi, a-t-il analysé après la rencontre. Je frappe très bien avec mon coup droit, j'ai bien servi durant tout le match. Je suis souvent venu au filet et j'ai essayé d'être agressif tout le temps." Il lui faudra au minimum réitérer une performance similaire s'il veut inquiéter Dominic Thiem. Le joueur de 24 ans n'en finit plus, lui, de prendre de la caisse sur toutes les surfaces. Il est un des deux seuls joueurs du circuit à avoir rallié au moins les huitièmes de finale dans tous les tournois du Grand Chelem.

Même porté par le stade ("J'ai des ondes positives qui viennent du public à chaque rencontre"), même en tant qu'ancien vainqueur du tournoi (2009), Del Potro n'est plus le genre d'adversaire qui impressionne l'Autrichien. Le protégé de Günter Bresnik a tracé sa route sans trop de bruit dans ce tournoi et fait figure de très sérieux outsider. Si Del Potro le bat, il endossera lui aussi le costume. La suite, pour l'un comme pour l'autre, sera compliquée puisque Roger Federer et Rafael Nadal sont leurs potentiels adversaires en quart puis en demi-finale. Le vainqueur de ce duel aura le rôle de trublion pour perturber leurs plans. L'Argentin et l'Autrichien sont les seuls, dans cette partie du tableau, à avoir battus les deux joueurs au cours de leur carrière. Del Potro, lui, s'était même offert le luxe de battre les deux lors de son sacre en 2009. Un petit signe du destin ?