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Wimbledon 2014 - Rafael Nadal ne parle pas d'aversion pour le gazon, mais cultive le doute

Sébastien Petit

Mis à jour 02/07/2014 à 11:10 GMT+2

Pour Rafael Nadal, sa défaite face à Nick Kyrgios en huitièmes de finale de Wimbledon (7-6, 5-7, 7-6, 6-3) n'a rien à voir avec la surface, même s'il n'avait jamais perdu face à un joueur aussi mal classé en Grand Chelem.

Rafa Nadal - Wimbledon 2014 (Imago) NOT IN UK

Crédit: Imago

Rafael Nadal le jure : il n'a rien contre le gazon. Et ce n'est pas cette surface qui l'a empêché de battre Nick Kyrgios mardi en huitièmes de finale de Wimbledon (7-6, 5-7, 7-6, 6-3). Après tout, l'Espagnol a remporté trois titres sur herbe, certes trois brins d'herbe sur la pelouse de trophées amassés (64 au total), mais avec le Queen's (en 2008) et Wimbledon (en 2008 et 2010), il n'a pas remporté n'importe quel trophée lambda. Cela dit, depuis trois ans, le double vainqueur du All-England Club est loin du guerrier que l'on a connu sur gazon. Entre blessure antérieure, manque d'entraînement et beaucoup d'appréhension, Nadal peine à retrouver son niveau d'avant 2012, année de sa "cassure" avec le gazon.
Il avait avoué en début de compétition qu'il ne prendrait pas de risque pour préserver ses genoux au maximum, faute de pouvoir assurer des appuis sans mettre à mal ses tendons. Pourtant, depuis le début de la quinzaine, l'Espagnol n'a pas eu l'air de ménager sa monture. Ce qui est une bonne nouvelle pour lui. Il n'a jamais refusé d'aller chercher une amortie ou de faire l'essuie-glace en fond de court. Mais peut-être que mentalement, Nadal ne met plus autant de hargne dans la bataille qu'avant. "Le truc, c'est que sur cette surface, quand l'adversaire se met à servir très fort, vous avez des problèmes. Je ne pense pas avoir vraiment mal joué. Mais c'est le jeu sur herbe. (...) Je suis satisfait avec ce que j'ai montré ici. Tous mes matches ont été compliqués contre des adversaires qui ne m'ont pas laissé vraiment jouer."
Mon tableau n'était pas facile. Mon genou a tenu et j'ai pu rivaliser. Pas tant que ça aujourd'hui, certes mais c'est comme ça. Cela n'a rien à voir avec la surface
Il faut dire que Kyrgios a été impressionnant pendant tout le match avec 85% de réussite derrière ses premières balles, 37 aces et 70 coups gagnants. Des statistiques que Nadal n'a pas su contrer face à un joueur qui n'avait remporté que deux matches dans un grand tableau de Grand Chelem dans sa carrière avant de venir à Wimbledon.
"Je pense que j'étais meilleur que lui dans les deuxième et troisième sets, mais je n'ai pas été capable de convertir mes occasions. Je n'ai pas su lire son service ni été capable de renvoyer plus souvent dans le court. Je ne suis pas en colère car je n'ai perdu qu'une fois mon service, rappelle Nadal à juste titre. Dans les jeux décisifs, il a mieux servi que moi. Cela arrive quand vous n'avez rien à perdre. Vous pouvez jouer comme ça. Les joueurs classés jouent leur jeu, normalement, ils ne pratiquent pas un jeu à risque un peu foufou. C'est vrai que cela rend les choses un peu plus compliquées pour moi qu'avant."
picture

Nick Kyrgios

Crédit: Eurosport

Le problème, c'est que depuis 2012, l'actuel numéro un mondial compile plus les contre-performances à Wimbledon que les parcours de choix. Sa défaite au deuxième tour face au Tchèque Lukas Rosol en 2012 a été un premier choc, celle enregistrée face au Belge Steve Darcis l'année suivante dès le premier tour en a été un deuxième encore plus retentissant. Celle face à Kyrgios, encore plus marquante face à un joueur aussi mal classé (144e place mondiale) et invité à Londres, ne serait finalement que la suite logique des événements ? Pour Nadal, cela n'a rien à voir.
"Je me suis battu jusqu'au bout à chaque fois et j'ai été capable de bien jouer sur cette surface. Mais ce n'était pas le cas ces deux dernières années. Cette saison, j'ai fait de mon mieux. Mon tableau n'était pas facile. Mon genou a tenu et j'ai pu rivaliser. Pas tant que ça aujourd'hui, certes mais c'est comme ça. Cela n'a rien à voir avec la surface, même si c'est évident que cela rend les choses plus dangereuses pour tout le monde. Ce n'est pas non plus à cause de la pression. J'ai perdu, ce n'est pas un drame." En attendant de revenir faire mieux l'année prochaine (ou pire), sa victoire à Roland-Garros reste son meilleur anti-dépresseur.
Après une prestation pareille face à un Nadal en pleine possession de ses moyens, qui restait quand même sur trois finales de Grand Chelem consécutives, Nick Kyrgios a frappé un énorme coup. Il le sait parfaitement, mais saura-t-il le gérer lors des prochains tours, notamment face à Milos Raonic en quart de finale ? Le dernier à avoir remporté Wimbledon avec une invitation dans les mains reste Goran Ivanisevic en 2001, mais le Croate était alors en fin de carrière. L'Australien a toute la sienne devant lui. Tout en apprenant à vivre avec la pression qui va avec.
Un jeune de 19 ans qui bat un numéro un mondial en Grand Chelem renvoie à Nadal qui dominait Federer en 2005 à Roland-Garros. C'était l'année de la première victoire en Grand Chelem du phénomène espagnol. Kyrgios en est encore loin, même s'il multiplie les performances en ayant commencé sa quinzaine par sauver neuf balles de match face à Gasquet. L'Australien se souviendra longtemps de son premier Wimbledon.
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