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ParEurosport

Mis à jour 08/08/2011 à 19:01 GMT+2

Lundi à 16 heures, les onze premiers concurrents de la 2e étape de la Solitaire du Figaro se tenaient en un mille. Au coude à coude dans la Manche. Cap sur Land's End.

Lunven, Rouxel et Beyou - Solitaire du Figaro 2011

Crédit: AFP

Après 24 heures de course exténuante, les solitaires ont attaqué leur traversée de la Manche, toujours au près, en direction de Land's End (pointe sud-ouest de l'Angleterre). Les efforts et les risques pris la veille à flirter entre les cailloux de la presqu'île du Cotentin ont-ils été récompensés à leur juste hauteur ? Pas si sûr. Au pointage de 16 heures ce jour, personne n'avait pris l'ascendant : les 11 premiers concurrents, emmenés par le trio Nicol/Beyou/Duthil jouent des coudes en 1 mille à peine. Tout autour, le décor est brutal et beau à la fois : le soleil brille sur les crêtes écumantes levées par 25 solides nœuds de nord-ouest. Le repos n'est pas pour tout de suite.
Le passage du front orageux hier soir et les zig zag entre les rochers du Cotentin pour s'abriter du courant ont déjà fait quelques dégâts. Anthony Marchand (Bretagne Crédit Mutuel Espoir) est privé d'électronique et donc de pilote automatique. Cette deuxième étape risque de se transformer pour lui en chemin de croix. Plus grave, l'incident survenu à David Sineau (Britanie Cosmétiques) qui a talonné au petit matin juste avant le passage du cap de la Hague. Voie d'eau dans le bateau et demi-tour vers Cherbourg sous l'escorte bienveillante du PSP Cormoran de la Marine Nationale. Lorsque son Figaro Bénéteau a été levé à terre, David Sineau, dont c'est la première participation à La Solitaire, n'a pu que constater les dégâts : ses safrans sont à moitié détruits, il doit abandonner la course. Ils ne sont donc plus que 46 à batailler sur cette 42e Solitaire du Figaro.
Onze furieux en 1 mille
Batailler, c'est bien le terme qui s'applique à une grosse moitié de la flotte, qui se tient en 4 milles à peine. Quant aux onze premiers, ils ne se sont pas quittés depuis le départ de Ouistreham il y a 24 heures. Cette nuit, les plus vaillants n'ont pas hésité à passer dans le champ de mines du Gros du Raz, étroit couloir qui permettait de s'abriter des courants contraires. C'était le cas de Jean-Pierre Nicol, pointé en tête au classement de l'après-midi. Le skipper de Bernard Controls, déjà sur le podium de l'étape précédente, commence à s'habituer à régater aux avant-postes. Mais sa position est fragile. A quelques centaines de mètres de son tableau arrière, quelques chasseurs de haut vol sont lancés sur ses traces : Jérémie Beyou (BPI), Frédéric Duthil (Sepalumic), l'excellent bizuth Morgan Lagravière (Vendée) déjà repéré pendant la Generali Solo, Erwan Tabarly (Nacarat), Eric Drouglazet (Luisina), Gildas Morvan (Cerce Vert), Laurent Pellecuer ( Atelier d'Architecture Jean-Pierre Monier), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Thierry Chabagny (Gedimat) et enfin Frédéric Rivet (Vendée 1)...
Tout ce (beau) petit monde, séparé d'un mille en distance au but, s'est réparti en deux groupes distincts pour attaquer la remontée au près en Manche : Duthil, Morvan, Rivet et Pellecuer à l'Est contre Nicol, Beyou, Lagravière, Tabarly et Lunven à l'Ouest. Pour viser Land's End, la flotte s'est en effet étalée latéralement sur une bonne dizaine de milles (à noter la position extrême à l'Est de l'Anglais Sam Goodchild). Il y aura au moins un virement à effectuer avant de parer demain matin, la pointe Sud-Ouest de l'Angleterre. Autrement dit, encore du suspense stratégique.
Premières heures de sommeil
Désormais loin des côtes, les marins vont pouvoir souffler un brin et récupérer de leur première nuit mouvementée. Quoique… Les conditions sont tout sauf reposantes. Gités, sous solent, les bateaux tapent dans une mer mal rangée et les algues, omniprésentes, vont contraindre les marins à se réveiller plus souvent que souhaité la tête dans l'eau froide ! A terre, la caravane de La Solitaire a pris cet après-midi, dans un temps typiquement irlandais, ses quartiers à Dún Laoghaire. Les skippers sont attendus de pied ferme dans les profondes moquettes du très cosy National Yacht Club... d'ici 48 heures.
Ils ont dit
Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) : "Cela s'est bien passé pour moi : la première phase de cette étape a eu lieu au large de Cherbourg quand il a fallu revenir à terre pour s'abriter du courant de marée contraire. Ensuite, il a fallu virer dans les cailloux avec une phase chaude près de la balise de la Plate… J'étais à l'intérieur avec mon écran de navigation et la télécommande du pilote pour aller le plus près possible : je préférais ne pas voir, ça me faisais peur ! Maintenant, on est tous en bâbord amure et on a tous à peu près la même idée. Je me sens bien dans le rôle de leader et j'espère bien que ça va durer… Cet après-midi, nous sommes plutôt dans une bascule lente du vent vers la gauche (vers l'Ouest) et dans les prochaines heures, il y aura une nouvelle rotation mais vers la droite (vers le Nord-Ouest).On devrait atteindre Land's End (pointe extrême de l'Angleterre) dans la nuit, voire au petit matin…"
Anthony Marchand (Bretagne Crédit Mutuel Espoir) : "J'ai connu quelques galères : ça a commencé devant Ouistreham puisque je n'avais plus d'électronique du tout… Je n'ai pas lâché la barre depuis le départ, sans compter que le parcours côtier sous spinnaker, ce n'était pas simple sans pilote automatique ! J'arrive à équilibrer le bateau sur ce bord bâbord parce que c'est plus facile avec les vagues. En plus la nuit a été difficile sans informations sur la force du vent et sur la navigation. C'est tout "à l'ancienne". Je vais essayer de limiter la casse sur les premiers jusqu'en Irlande. Je suis passé sous foc solent, ce qui signifie qu'il y a 25 nœuds et ça tape… En se rapprochant des côtes anglaises, la mer devrait se calmer surtout que le vent doit basculer un peu plus vers le Nord. On pourra alors se reposer un peu."
Damien Guilllou (La Solidarité Mutualiste) : "On a eu un peu tous les types de conditions depuis le départ de Caen. Avec des grains violents au départ, une nuit noire avec beaucoup de virements à faire, et un passage au raz Blanchard tout juste à la renverse de courant. Après, on a eu pas mal de vent au débridé pour aller jusqu'aux Hanois et maintenant, on "plante des pieux" contre le vent et une mer formée. Je m'accroche à l'intérieur pour te parler ! On est bien gîté et ça tape quand même… On en a pour toute la journée. Et il y a énormément d'algues qu'on prend dans les safrans : ça ne me permet pas d'aller me reposer. Et je n'ai plus d'informations de ma girouette en tête de mât : je ne sais pas combien de vent il y a exactement, probablement 25 nœuds…"
Eric Drouglazet (Luisina) : "Ce sont mes conditions et c'était sympa d'aller jouer dans les cailloux… On fait ça pendant le tour de France à la voile, mais là, tout seul avec l'écran sur les genoux, c'est assez jouissif au milieu des rochers et à l'intérieur du phare de La Hague. Mais de nuit, on ne voit rien, donc on se fait moins peur ! Depuis, j'ai mis le foc solent et j'ai fait trois petites siestes. Actuellement on navigue bâbord et je pense qu'on va aller jusqu'aux côtes anglaises. Aucun pépin à signaler à bord : c'est plutôt pas mal et normalement, ça va mollir. Le problème, ce sont les algues : il faut souvent aller les enlever dans les safrans. On est un petit groupe ensemble et c'est pas mal : ça permet de se repérer et d'aller vite."
Yoann Richomme (DLBC) : "Première nuit de course assez éreintante, pas tout à fait comme prévu par rapport au routage. Ça change pas mal la donne, on a eu beaucoup de grains à 30-35 nœuds avec des périodes de mou. On s'est tous retrouvés à la côte à tirer des bords dans le contre-courant avant d'arriver à Blanchard. Jusqu'à maintenant (15h) je n'ai pas encore dormi, là ça vient de se calmer un peu, pour la première fois j'ai mis le pilote depuis Barfleur... J'ai rattrapé pas mal de places hier soir, je suis avec un bon groupe de bateau : ils y en a 2 ou 3 qui vont vraiment vraiment vite ! Je vais faire safe jusqu'au Lizard…. Si je peux dormir un peu et me faire un vrai plat parce que je commence à être vraiment à bout et on n'est pas arrivé ! Il fait beau c'est plutôt sympathique, ça devrait se calmer, globalement ça devrait aller en s'améliorant. On ne va pas arriver au même endroit que ce qui était prévu initialement, plutôt vers Start Point que vers le Lizard, on va chercher un front qui va nous donner du Nord."
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