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"Pas à la McRae"

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ParEurosport

Mis à jour 30/09/2011 à 00:51 GMT+2

Si Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ont des personnalités différentes, ils se ressemblent énormément au volant de leurs Citroën DS3. L'un comme l'autre ont le goût de la trajectoire tendue, épurée à l'extrême. Fini donc le style à l'emporte pièce d'un Colin McRae.

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Crédit: Eurosport

Les spectateurs du Rallye de France verront très peu les Citroën DS3 n°1 et 2 en dérive ce week-end. Non pas que Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ne voudront pas leur faire plaisir sur l'enrobé alsacien, mais parce qu'ils viseront tout simplement l'efficacité chronométrique. Il y a dix ans, le pilote d'Haguenau aurait peut-être été pris en flagrant délit de survirage, mais il a depuis longtemps révisé ses fondamentaux. "Quand j'ai débuté en rallye, je suivais particulièrement Colin McRae, et j'essayais de l'imiter : j'étais en glissade partout. Un jour, je me suis rendu compte que ça n'étais pas efficace en termes de chronos", se souvient le leader du championnat du monde.
"Depuis cinq-six ans, les pilotes ne roulent plus à la Colin McRae, en appel contre-appel à chaque virage", confirme Xavier Mestelan-Pinon, le directeur technique de Citroën WRT. "Ils ont aujourd'hui une façon de freiner beaucoup plus en ligne qu'avant et ils prennent les virages presque comme sur un circuit. Ils glissent encore sur la terre mais c'est propre. Mais c'est un peu 'casse-gueule' car il n'y a pas de marge de sécurité : s'il y a un pépin, ils sont hors trajectoire et doivent improviser. Il est bien révolu le temps où les gars étaient en travers partout. C'était beaucoup plus facile de ralentir la voiture et de contourner aussi une pierre ou une plaque de poussière glissante, mais c'était moins efficace qu'aujourd'hui."
"Ogier, il économise sa voiture"
La propreté est le maître mot. Si Loeb, qui a connu la grande époque de McRae, a débuté en WRC en 1998 et a donc dû s'y mettre, Ogier a baigné dedans dès le départ, et plus spécialement lors de son premier rallye avec une surpuissante WRC, en 2009. Aujourd'hui, ces deux-là se ressemblent comme deux gouttes d'eau. "Ce n’est pas évident de différencier leur style de pilotage", constate Julien Ingrassia, copilote de "Seb 2". "Je suis monté une seule fois avec Loeb, en 2008, à l’occasion d’une séance d’essais. Nous étions encore en J-WRC avec Seb [Ogier]. Donc je n’ai pas trop de points de repère. Ils ont tous les deux des pilotages très fins avec des trajectoires très tendues. Ils sont fluides et freinent toujours très tard, bien en ligne et en appui. Les deux ne sont pas adeptes du survirage, de la 'dérive par les portières'. Ce n’est pas le style de la maison. Je dirais qu’ils ont des styles de pilotage assez proches."
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2011 French Rally Citroen Loeb

Crédit: Citroën Racing

Pas plus tard qu'au Rallye d'Australie, il y a deux semaines, le navigateur aixois a eu un témoignage des vertus de cette approche : "Des personnes sont venues nous voir pour nous dire : 'On pensait que ça ne passerait jamais dans le virage à gauche.' Alors que dans la voiture, tout était sous contrôle." Cependant, un pilotage chirurgical ne serait rien sans le set-up ad hoc. Là encore, les constats se rejoignent, quels que soient les interlocuteurs. "Seb Ogier a évolué dans sa manière de piloter. C’est un pilote précis, propre dans son pilotage. Il économise sa voiture et possède un bon sens de la mécanique", atteste Thomas Chevaucher, son ingénieur.
"Loeb sait toujours nous décrire ce qu'il veut"
Xavier Mestelan-Pinon partage ce point de vue, tout apportant une précision de taille : Seb Loeb, 37 ans, a emmagasiné en dix ans de WRC un impressionnant bagage technique qui lui permet d'avoir un avis précis, et juste, sur tous les aspects de la mise au point. Seb Ogier, 27 ans, avance avec moins de recul... "Plus que les distinguer au niveau des demandes spécifiques des réglages, je les distingue plus au niveau de leur expérience aujourd'hui", explique-t-il. "Seb Ogier a beaucoup progressé mais il n'a pas encore l'expérience de Seb Loeb, septuple champion du monde, qui sait toujours nous décrire ce qu'il veut et qui est plus clair sur ses souhaits. Par moment, Seb Ogier aura plus de mal à distinguer, à nuancer un avis. Mais encore une fois, je mets plus ça sur le compte de l'expérience qu'autre chose."
En vérité, il a bien fallu trois ans à Loeb pour commencer à prendre son indépendance technique. "Quand il a débuté (en 2003), il s'est naturellement reposé sur des gens d'expérience comme Colin McRae, et surtout Carlos Sainz", se souvient "XMP". "En 2003, il pilotait effectivement la voiture comme on la lui donnait. Quand Sainz est parti (définitivement fin 2005), il a repris ça en main, avec nous. Il a commencé à nous dire : 'Je veux tel réglage'. Peut-être que si Sainz était parti plus tôt, il aurait été mûr plus rapidement. Mais c'est difficile à dire."
Loeb, infaillible aiguillon
Aujourd'hui donc, les Seb se suivent de près dans leurs analyses, à des petites variantes près. "Ça dépend des rallyes. L'un va parfois être plus sensible sur la direction, l'autre les freins", note Xavier Mestelan-Pinon. "Seb Ogier peut encore nous dire aujourd'hui : "OK, là tu me mets ce qui va", et il finira bientôt comme Seb Loeb par formuler une demande très précise."
De toute façon, tout est cadré, comme il le confirme : "Aux assistances, pendant les rallyes, nous avons un protocole qui nous permet de louper le moins de choses possible car eux ne pensent pas forcément à tout. Nous leur demandons si la voiture sous-vire ou survire, si elle freine mal. A nous ensuite de savoir s'il faut durcir les ressorts. Avec l'expérience, un pilote comme Seb Loeb nous dit "Je pense qu'il faut modifier le ressort". Ogier y vient aussi. Mais ça n'est pas leur métier. Ils peuvent se tromper. Mais c'est vrai, Seb Loeb nous aiguille systématiquement dans la bonne direction."
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