Entre espoirs et questions

Trois médailles : l'or pour Driss Maazouzi (1500m), l'argent pour Muriel Hurtis (200m), le bronze pour Marie Collonvillé (penthatlon), plus trois finalistes : Jérome Eyana (60m), Linda Ferga et Ladji Doucouré (60m haies). L'équipe de France fait mieux qu'en 1999 et 2001, mais un peu moins bien qu'en 1997. Au final, la France se classe 8e de ces Mondiaux, loin derrière les Etats-Unis (17 médailles, dont 10 en or).

LES SATISFACTIONS

Driss Maazouzi, 1er du 1500m - Il y a peu, quelques semaines à peine, Driss Maazouzi n'était pas sûr de se déplacer en Angleterre, par peur d'altérer encore ce muscle du mollet gauche, meurtri à l'intersaison. Finalement, le Stéphanois s'est tout offert. Le voyage, tellement dépaysant vers cette ville de banlieue britannique, la médaille d'or au terme d'une course parfaite de maîtrise tactique même si le tempo ne fut pas le plus enlevé (3'42''59) et Bernard Lagat, le Kenyan, relégué à la deuxième place pour trois centièmes. Un affront. Maazouzi est le 5e champion du monde indoor de l'histoire de l'athlétisme hexagonal. Une performance de taille qui ne doit pas faire oublier, dans l'optique de Paris, que Hicham El-Guerrouj et Mehdi Baala avaient fait l'impasse.

Muriel Hurtis, 2e du 200m - Elle est toujours là quand on a besoin d'elle, Muriel. Même si la Guadeloupéenne n'était pas en mesure de se rapprocher de Michelle Collins, championne du monde en 22''18, la tricolore s'est largement contentée de son temps, 22''54 et surtout de sa première médaille mondiale en individuel seniors. L'élève de Guy Ontanon avait surtout corrigé le record de France la veille en demi-finale, établissant la meilleure marque à 22''49. Restent quand même deux dixièmes à "gratter" pour espérer, selon elle, grimper sur le podium à Paris. Réalisable en cinq mois ?

Marie Collonvillé, 3e du penthatlon - "C'est la médaille du courage" dira Robert Poirier, le directeur technique national à propos du bronze récolté par Marie Collonvillé en penthatlon. Et pas seulement parce que cet enchaînement de cinq épreuves requiert toujours des qualités d'adaptation hors-normes, mais aussi parce que le destin avait jusqu'à présent décidé de ruiner ses efforts à l'approche des grands événements. En 1996, elle réalise les minimas pour les Jeux trois jours trop tard et n'est pas repêchée. En 2000, elle manque le grand cirque de Sydney pour 31 points, fatiguée par une coupe d'Europe dans laquelle elle s'était alignée à la longueur et à la hauteur pour sauver le drapeau. Pas de repêchage non plus. Entretemps, à intervalles réguliers, ce sont les blessures qui sont venues contrecarrer ses projets. Du coup, sa médaille de bronze, le record de France qu'elle améliore de 172 points (4644) et ses trois records personnels à la hauteur (1,86m), au poids (12.87m) et à la longueur (6.40m) prennent d'autant plus de valeur. A Paris, c'est sur l'heptathlon qu'elle espère s'aligner. Aux côtés d'Eunice Barber. Ca ferait une bien belle équipe.

Ladji Doucouré, 4e du 60m haies - Même s'il a échoué à deux centièmes du podium en 7''58, Ladji Doucouré avait plutôt le sourire dimanche. Il faut dire le Français, qui était venu "pour voir", a fait mieux qu'il ne l'espérait. Et moins bien sans doute que ce que son potentiel peut laisser entrevoir pour le futur. Cerise sur le gâteau, le tricolore de 19 ans a battu l'immense Gallois Colin Jackson, qui a achevé sa dernière course officielle à la 5e place.

LES DECEPTIONS

Romain Mesnil, 7e de la perche - 5,65m sans faire bouger sa mêche, lors des qualifications, et un tout petit 5,60m en finale, samedi... Romain Mesnil éprouve toujours les mêmes difficultés à défendre ses chances dans la course aux médailles. "Pour moi, Romain est une énigme. A l'évidence, nos athlètes subissent toujours trop la haute compétition" commentera Robert Poirier, avant d'insister sur la présence des entraîneurs particuliers et la nécessité de "couper le cordon". Le Français termine loin de son bronze mondial conquis à 5,85m à Edmonton en 2001. A force de crier au Mesnil, on finira par ne plus vraiment y croire... Il sera temps alors que le Français sorte du bois. A Paris en août ?

Vanessa Boslak, Marie Poissonier, perche - Marie Poissonier, débitée d'un zéro pointé en qualification samedi, pourra toujours se rassurer en se disant que Stacy Dragila, seule rivale de Feofanova, n'a pas fait mieux. Vanessa Boslak pourra se convaincre qu'elle a fait mieux que l'Américaine, n'obtenant son zéro que le lendemain. Pourtant, dans ce concours, on attendait que les deux Françaises, tellement motivées lorsqu'elles se retrouvent en face-à-face, viennent chatouiller les deux dernières marches du podium. Las, les deux Bleues ont regardé à nouveau le record tomber (4,80m pour Feofanova).

Linda Ferga-Khodadin et Patricia Girard, 60m haies - On attendait tellement de Linda Ferga qu'on est presque déçu de sa 5e place dans une finale remportée par l'inusable Gail Devers en 7''81.Créditée de 7''95, la tricolore échoue en fait à deux centièmes de la troisième marche, occupée conjointement par l'Américaine Morrisson et la Jamaïquaine Golding-Clarke (7''92). La "panne de jus" en finale de Patricia Girard, pénalisée par un hiver passé à protéger ses tendons, s'est faite plus lourdement ressentir. Bilan, une 8e place et l'assurance d'avoir tout le printemps pour travailler dans l'optique de Paris 2003.