Lavillenie, cet ogre

Seize ans après Jean Galfione, Renaud Lavillenie est devenu champion olympique dès sa première tentative. Un coup de maître.

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2012 est définitivement l'année de Renaud Lavillenie. Celle-ci a commencé par une fracture de la main cet hiver. Elle s'est poursuivie par un titre mondial en salle puis européen en plein air. Et puis, il y a eu cette médaille d'or olympique décrochée de haute lutte ce vendredi. Une performance qui permet au Français de succéder à Jean Galfione au palmarès et de mettre fin à seize ans d'attente pour l'athlétisme tricolore.
C'est donc à 5,97m que Lavillenie a touché les étoiles. Au moment où le stade s'enflammait pour la finale masculine du 4x400m, le Clermontois d'adoption s'est élancé au bout de la piste. Ensuite, c'est le trou noir : "Je l'ai dans ma mémoire mais je ne sais même pas où. Je sais juste que le saut est parfait. Que j'ai maîtrisé tout ce que je voulais", jubile-t-il. Venu à Londres "pour décrocher une médaille", sans préciser le métal de celle-ci, Lavillenie avait conscience de jouer très gros : "Ce n'était pas gagné. Si on se rate, il faut attendre quatre ans. Ce sont mes premiers Jeux, et je ne les ai pas ratés. C'est juste magique."
"On voyait les étoiles"
Poussé dans ses derniers retranchements par les Allemands Otto et Holzdeppe, finalement argenté et bronzé, le Français a avoué "avoir vécu la plus belle bagarre" qu'il n'ait jamais connue. "Je savais que ça serait la baston. Quand j'ai vu le concours à Helsinki (lors des Championnats d'Europe), je me suis dit que ça ne serait pas différent à Londres. Ce sont les mêmes compétiteurs". Pour arriver dans les meilleures dispositions dans la capitale anglaise, le Charentais n'avait rien laissé au hasard. Il s'était même entraîné sous la pluie et des températures de 15 degrés. Des conditions "londoniennes" en quelque sorte. "Mais là, on s'est retrouvé avec 20 degrés, il faisait beau et on voyait les étoiles, a-t-il expliqué. "On a eu les conditions de l'année, tout simplement. C'est ça qui a fait que le concours a pris une tournure magique. J'étais dans mon jardin."
Pas peu fier de son "petit bonhomme", Damien Inocencio, son coach, avait du mal à réaliser l'exploit accompli : "Ca n'a jamais été un rêve. Je n'ai jamais pensé entraîner un champion olympique. Ce qu'il a fait, c'est le résultat de milliers de sauts, de centaines de compétitions pour réaliser ces choses-là." Et puis il y a eu Daegu. Pour Inocencio, la médaille de bronze de Lavillenie lui a servi de leçon : "C'est ce qui fait la différence aujourd'hui. Il a su apprendre de ces échecs et de tout ce qui lui est arrivé depuis un an." Le champion olympique confirme : "Ce saut, j'ai été le chercher, j'ai travaillé pour ça. Ça ne vient pas par hasard. Le sport de haut niveau, plus c'est bien fait, plus ça paraît facile."
"On est en train d'en faire un ogre"
"Tout le monde le prenait pour un lutin quand il est arrivé. Mais petit à petit, on est en train d'en faire un ogre qui reste sur huit podiums lors des neufs derniers grands championnats", souligne Inocencio, ravi d'avoir pu le prendre dans ses bras après son saut victorieux. Sa petite amie et le DTN Ghani Yalouz ont également eu le droit de l'approcher. Et puis il y a eu Jean Galfione. Ce n'est pas un secret, les deux hommes sont très proches. Et le premier a beaucoup inspiré le second. "Je ne me souviens plus des paroles de Jean après ma victoire. Mais j'avais discuté avec lui avant la compétition. Il m'avait dit qu'il était prêt à m'accueillir dans le club, mais que ça n'allait pas être de la tarte", sourit le Français. "Ça montre que la perche, au niveau de la marque de fabrique, c'est LA discipline française par excellence".
Seize ans après, Lavillenie a remis à jour Atlanta. Un souvenir ancré dans la mémoire du héros londonien : "J'ai revu son saut il y a quelques heures seulement, juste avant de partir au stade. Je le connais par coeur." Finalement, les deux concours nourrissent quelques ressemblances. C'est, par exemple, au dernier moment que les deux hommes sont allés chercher la gagne. Avec, à chaque fois, un record olympique à la clé (5,92m pour Galfione). "Un signe", selon Lavillenie, désormais tourné vers la Diamond League : "Ma saison n'est pas finie. Je ne vais pas lâcher le morceau, je dois encore aller chercher les diamants. J'ai encore faim". Un ogre, on vous dit.
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