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Powell-Lewis, quel duel !

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ParEurosport

Mis à jour 17/08/2011 à 14:33 GMT+2

Avant l'ouverture des Mondiaux de Daegu, nous vous proposons de revivre les moments forts des précédentes éditions. Troisième volet de cette rétro avec Tokyo 1991. Au pays du Soleil Levant, l'athlétisme vit un moment historique avec le duel Powell-Lewis à la longueur.

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Crédit: Eurosport

AU COEUR DE TOKYO
Pour la première fois, les Mondiaux quittent le Vieux Continent. Direction l'Extrême-Orient. Dans la moiteur de l'été japonais, l'athlétisme se cherche un nouvel équilibre. Il faut dire que depuis le dernier rendez-vous planétaire, à savoir les Jeux Olympiques de Séoul, trois ans plus tôt, des évènements considérables se sont produits. Le mur de Berlin s'est effondré, et avec lui tout le bloc socialiste ainsi que la bipolarité Est-Ouest qui régissait le monde géopolitique depuis 1945.
Dans le microcosme sportif, l'athlétisme n'est pas le moins bouleversé par cette révolution. Lui aussi a vécu depuis quatre décennies au rythme de l'affrontement entre les puissances américaines et soviétiques, arbitré par l'école est-allemande, dont les sinistres méthodes ont créé des champions artificiels, phénomènes scientifiques et non sportifs. La RDA n'existe plus et l'URSS, qui vit ses dernières heures, appartient presque au passé elle aussi. Tout un monde vient donc de s'écrouler et c'est un nouvel ordre mondial qui va apparaître sur la scène nippone.
L'Afrique, nouvelle puissance mondiale
A Tokyo, si Américains et Soviétiques continuent de truster la majorité des récompenses (29 médailles d'un côté, 26 de l'autre), le partage des lauriers est toutefois plus nette. 16 pays obtiennent au moins une médaille d'or, contre seulement dix à Séoul. Autre signe des temps, l'Allemagne, désormais unifiée, s'adjuge moins de places de finalistes (39) que la seule RDA à Rome quatre ans plus tôt (43). L'internationalisation devient un phénomène incontournable. L'Afrique règne sans partage sur le fond et le demi-fond, raflant tous les titres du 800 (Koncellah) au 3000m steeple chez les hommes, alors que l'Algérienne Boulmerka s'impose sur 1500m. Les Africains glanent 17 médailles, contre sept à Rome et trois à Helsinki.
1991 reste aussi l'année de l'émergence de nouvelles stars, qui marqueront pendant de nombreuses années leurs disciplines respectives. On pense aux Américains Michael Johnson et Dan O'Brien, sacrés pour la première fois respectivement sur 200m et au décathlon, ou encore à notre Marie-José Pérec. La France ne s'en titre d'ailleurs pas si mal avec ses deux médailles, nos relayeurs du 4x100m se parant d'argent derrière des Américains intouchables en vitesse pure.
Mais derrière l'émergence de nouveaux référents, de nombreuses valeurs sûres demeurent. Sergei Bubka, tsar de la perche, remporte son troisième titre consécutif à la perche. Trois autres suivront. Carl Lewis, annoncé vieillissant, se montre au sommet de son art. Vainqueur du 100m le plus incroyable de l'histoire, il en reprend également le record du monde. En longueur, King Carl livre même le plus merveilleux concours de sa prestigieuse carrière. Et pourtant, il sera battu...
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TROIS STARS
Carl Lewis (USA)
Le sport est parfois capricieux. Il manie l'art du paradoxe avec un certain sadisme. Carl Lewis peut en témoigner. Lorsque débutent les Mondiaux de Tokyo, l'Américain est considéré comme un sprinter vieillissant. Battu sur 100m lors des sélections américaines et dans la plupart des meetings, il apparaît dépassé par la nouvelle génération US, incarné par Leroy Burrell. Ce dernier, recordman du monde depuis deux mois (9"90) semble promis à la médaille d'or. Mais Lewis a autant d'orgueil que de talent. Dans le 100m le plus ahurissant de l'histoire, il décroche le titre pour la troisième fois consécutive, avec un nouveau record du monde à la clé: 9"86. Burrell, deuxième, bat lui aussi son propre record (9"88). Mitchell (9"91) est troisième alors que Linford Christie, auteur d'un exceptionnel 9"92, n'est même pas sur le podium. Le paradoxe, c'est que Lewis, redevenu roi du sprint, s'inclinera quelques jours plus tard en finale de la longueur, discipline où il était invaincu depuis dix ans. Il n'en reste pas moins que dans sa sidérante galerie de trophées, Tokyo occupe une place à part dans la mémoire de Lewis.
Mike Powell (USA)
30 août 1991. Finale du saut en longueur messieurs. Deux stars américaines sont face à face. Carl Lewis, maître de la discipline depuis dix ans, et Mike Powell, son éternel dauphin. Entre les deux, ou plutôt au-dessus, plane l'ombre imposante d'un troisième homme. Bob Beamon, recordman du monde depuis 23 ans avec son improbable saut à 8,90m, à Mexico. Lewis saute après ce mythe depuis le début de sa carrière. Powell aussi, mais son obsession à lui, c'est avant tout de faire chuter le roi Carl. Ce soir là, il va faire chavirer deux monuments.
Gai luron, garçon espiègle et attachant, Mike Powell s'est préparé comme jamais pour ces Mondiaux. Mais Lewis est le premier à frapper. 8,83 au deuxième essai puis 8,91m au troisième. Record du monde? Non, trop de vent! A cet instant, le meilleur saut de Powell n'est que de 8,54m. Puis l'inimaginable se produit. Il est 19h07. A son cinquième essai, Mike réduit sa course d'élan. Il gagne ainsi en vitesse. Son impulsion est diabolique. Il s'envole et retombe à 8,95m. Il reste encore deux essais à Lewis. Mais malgré deux perfs incroyables (8,87 et 8,84) il doit s'incliner. Powell tient sa revanche. Des années de frustration sont éclipsées par cette victoire et ce record. Jamais les Championnats du monde n'avaient connu dans leur jeune histoire un tel moment d'anthologie, où la magie environnante emporte tout sur son passage. Vingt-ans après ce 30 août 1991, on attend encore de ressentir une telle force émotionnelle.
Katrin Krabbe (All)
Elle a la beauté froide des grandes statues de marbre blanc. Un curieux et fascinant mélange de grâce et de dureté, où la douceur des traits tranche avec la détermination du regard. Katrin Krabbe, dernier vestige de la RDA, n'a rien en commun avec ses aînés Marlies Goehr ou Marita Koch, dont la féminité n'était pas la première vertu. La blonde de Neubrandenburg est au contraire une vraie belle femme. Elle va surtout très vite. En deux courses, elle entre dans l'histoire en s'imposant sur 100m et 200m, infligeant à Merlene Ottey une double défaite d'autant plus inattendue que la Jamaïcaine était invaincue depuis trois ans. Sans doute aveuglés par les apparences, nous avons voulu croire que la victoire de la grande Katrin, celle de l'Allemagne unifiée, marquait la fin d'une époque et d'un système. Nous avions tort, car c'était oublier que le dopage n'est pas mort sur les ruines du Mur de Berlin. C'eut été trop simple. Katrin Krabbe sera contrôlée positive moins d'un an plus tard.
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UNE FRANCAISE
Marie-José Pérec
C'est au pays du Soleil Levant qu'est vraiment née la plus grande championne de l'histoire de l'athlétisme hexagonal. Marie-José Pérec n'a encore que 23 ans quand elle débarque au Japon. Derrière elle, quelques jolies références chronométriques sur 100, 200 et surtout 400m, sa discipline de prédilection, mais surtout de très gros espoirs. Sur le tour de piste, sa principale rivale a pour nom Grit Breuer, une jeune allemande, sacrée championne d'Europe un an plus tôt à Split.
Mais la Guadeloupéenne est intouchable, parce qu'audacieuse. En passant en 22"7 aux 200m en finale, elle force Breuer à puiser précocement dans ses réserves. La Gazelle s'impose en 49"13 (sans le vent contraire dans la dernière ligne droite, elle eut signé un bien meilleur temps) et offre à la France la première médaille d'or de son histoire. Elle traversera la décennie 90 en reine de l'athlétisme, glanant un autre titre mondial en 1995 et surtout trois médailles d'or aux J.O. sur 400 évidemment (1992, 96) mais aussi sur 200m (1996).
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LES RESULTATS
HOMMES
100m: Lewis USA 9"86
200m: Johnson USA 20"01
400m: Pettigrew USA 44"57
800m: Konchellah KEN 1'43"99
1500m: Morceli ALG 3'32"84
5000m: Ondieki KEN 13'14"45
10000m: Tanui KEN 27'38"74
Marathon: Taniguchi JAP 2h14'57"
110m haies: Foster USA 13"06
400m haies: Matete ZAM 47"64
3000m steeple: Kiptanui KEN 8'12"59
Longueur: Powell USA 8,95m
Triple saut: Harrison USA 17,78m
Hauteur: Austin USA 2,38m
Perche: Bubka URSS 5,95m
Poids: Gunthör SUI 21,67m
Disque: Riedel ALL 66,20m
Marteau: Sedykh URSS 81,70m
Javelot: Kinnunen FIN 90,82m
Décathlon: O"Brien USA 8812 pts
4 x 100m: USA 37"50
4 x 400m: GBR 2"57"53
20 km marche: Damilano ITA 1h19"37"
50 km marche: Potashov URSS 3h53"09"
DAMES
100m : Krabbe ALL 10"99
200m Krabbe ALL 22"09
400m Pérec FRA 49"13
800m : Nurutdinova URSS 1'57"50
1500m : Boulmerka ALG 4'02"21
3000m : Samolenko URSS 8' 35"82
10000m : McColgan GBR 31' 14"31
Marathon : Panfil POL 2h 29' 53"
100m haies : Narochilenko URSS 12"59
400m haies : Ledovskaia URSS 53"11
Longueur : Joyner-Kersee USA 7,32m
Hauteur : Henkel ALL 2,05m
Poids : Huang Zhilong CHN 20,83m
Disque : Kristova BUL 71,02m
Javelot : Xu Demei CHN 68,78m
Heptathlon : Braun ALL 6672 pts
4x100m : JAM 41"94
4x400m : URSS 3' 18"43
10 km marche : Ivanova URSS 42'57"
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