Mondiaux - Usain Bolt fanfaronne après son sacre sur 200 m : "Je suis un seigneur"

Les types qui parlent haut et fort peuvent être fatigants. Mais il y a ceux qui parlent après. Et ceux qui parlent avant. Cette semaine, cela aurait été toute la différence entre Usain Bolt et Justin Gatlin. Gatlin a parlé avant. Bolt après. Et comme toujours avec le Jamaïcain, ça a décapé. Tonitruant, provocateur, un peu arrogant, aussi, comme toujours, il a usé des micros pour remettre son rival américain à sa place, comme il venait de le faire sur la piste du Nid d'Oiseau en finale du 200m.

Autant il avait fait preuve de mansuétude dimanche après la ligne droite, autant il s'est montré sans pitié jeudi. Il a même insinué dans un trait d'humour au 12e degré, mais cinglant, était un coup de Gatlin. "La rumeur que j'essaie de lancer dès à présent c'est que c'est Justin Gatlin qui l'a payé", a lâché Bolt.

Dès sa victoire acquise, sur la piste, on l'avait trouvé beaucoup plus démonstratif qu'après le 100m. C'est que sa seigneurie n'avait pas goûté certains propos de son rival américain. Il l'a dit. A sa façon : "J'ai célébré avec autant de force parce que Justin Gatlin a dit plus tôt dans la semaine qu'il allait faire quelque chose d'exceptionnel sur le 200 m. Et moi j'ai pensé: 'On ne parle pas de mon 200m comme ça'. Alors j'avais à lui prouver que je suis le numéro 1."

"Mon 200m." Voilà comment Bolt parle du demi-tour de piste. Et c'est vrai que c'est "sa" course. Le palmarès le dit. Double champion olympique, et désormais quadruple champion du monde. Un règne de sept années, de Pékin à Pékin. "C'est un grand accomplissement que de gagner le 200 m et une grosse affaire de réaliser le doublé (100-200 m). C'est un grand cadeau, pour moi et pour mon pays." Et une sacrée claque pour Gatlin, cador de la saison ramené à son statut de dauphin d'un roi déterminé à ne pas lâcher son trône.

Autant Bolt avait gagné aux points dimanche (on pouvait même considérer que Gatlin avait davantage perdu ce 100m que Bolt ne l'avait gagné), autant cette fois, sur 200m, ce fut un K.-O. sans appel. "La victoire n'a jamais fait le moindre doute pour moi, a assuré le décuple champion du monde. Je me sentais de mieux en mieux au fur et à mesure des tours, je retrouvais ma forme comme j'ai pu vous le dire au début des Championnats."

Cette finale, il l'a vraiment survolée. Au coude à coude avec Gatlin dans le premier 50, il a ensuite inexorablement pris le dessus. "Je savais que je devais courir vite les 150 premiers mètres pour en sortir en tête et c'est ce que j'ai réussi à faire. A ce moment, j'ai regardé Justin Gatlin et j'ai vu qu'il était fatigué donc il était clair que j'allais gagner." A l'arrivée, 19"55, son meilleur chrono sur la distance depuis les 19"32 de la finale olympique de Londres, il y a trois ans. Pas mal, pour un type que l'on disait sur le déclin, non sans quelques raisons d'ailleurs au vu des 24 derniers mois.

C'est aussi pour cela que Bolt a fanfaronné jeudi. Ce n'est pas que Gatlin. C'est aussi tous ceux qui, ici ou là, ont mis en doute sa forme, sa faim, son avenir. Il a beau jeu de parader aujourd'hui. "Je vous avais dit les gars que je le ferais, a-t-il lancé dans un sourire. Je suis un Don, un seigneur, et je suis heureux." Heureux, et rassasié ? Jeudi soir, il a laissé planer le doute sur sa participation au relais 4x100m. "Nous avons une réunion vendredi et on verra", a-t-il simplement lancé. On n'imagine quand même mal le relais sans lui. Rappelez-vous, il se disait fatigué aussi après les séries du 200m et avait même évoqué un possible forfait avant les demi-finales. On a vu le résultat...