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Jeux Olympiques - De Grasse, le sacre après les galères : "Cette médaille d'or, personne ne pourra jamais me l'enlever"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 04/08/2021 à 19:45 GMT+2

TOKYO 2020 - Andre de Grasse ne pouvait pas flirter une fois de plus avec la gloire, regarder un autre repartir avec la médaille d'or. Mercredi, c'est lui qui a passé celle du 200m autour de son cou. Après une collection de places d'honneur dans les grands championnats, et une longue blessure qui aurait pu le décourager.

Andre De Grasse vainqueur du 200m aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le 4 août 2021

Crédit: Getty Images

Une médaille du beau plus métal pour en finir avec ses revers. En coupant la ligne en vainqueur du 200m des Jeux Olympiques, mercredi à Tokyo, Andre de Grasse n'a pas seulement laissé ses sept rivaux d'une finale intense, indécise jusqu'au bout, derrière lui. Il a rangé dans un coin de sa tête ses frustrations passées, quelques blessures et contretemps qui apparaissent aujourd'hui comme des péripéties, des passages obligés sur le chemin de sa gloire. Certaines ascensions, rares comme à la Usain Bolt, sont fulgurantes, ne souffrent d'aucune contrariété. Le Canadien de 26 ans n'a pas eu ce privilège, mais il a su s'armer de patience pour entrer dans la caste des champions olympiques.
Avant ce grand jour, il ne comptait que des accessits. Six en tout, deux "argent" et six "bronze" répartis équitablement entre Championnats du monde et Jeux Olympiques. Il s'était heurté à la légende jamaïcaine et son lieutenant Yohan Blake sur le 100m aux Mondiaux de Pékin en 2015, et avait vu au plus près "La Foudre" sur le 200m à Rio de Janeiro, en 2016.
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19"62, De Grasse sacré sur un 200m explosif : sa course en vidéo

Il lui restait à atteindre le sommet. Sur la ligne droite, il s'était contenté de la troisième marche dimanche à l'issue du 100m, comme quatre ans plus tôt. La seconde tentative fut donc la bonne.

La frustration de 2017 effacée

L'histoire aurait-elle pu être différente ? Il serait peut-être arrivé au Japon avec un autre statut que celui d'outsider s'il n'avait connu un coup d'arrêt dans sa progression, juste après les Jeux brésiliens. Mais quoiqu'il arrive, seul l'Olympe pouvait lui offrir la plus grande reconnaissance.
"2017 a été une année difficile pour moi, j'étais à Londres pour regarder les Mondiaux, je savais que j'aurais pu y gagner un titre", a-t-il confié mercredi, après avoir battu ce mercredi les trois Américains, Kenneth Bednarek, Noah Lyles et Erriyon Knightton, respectivement deuxième à 0"06, troisième à 0"12 et quatrième à 0"31. Son forfait en Angleterre avait été assez cruel. Deux jours avant la compétition, il avait dû renoncer à cause d'une blessure à une cuisse. Ramil Guliyev sacré en 20"09 sur la distance, il aurait effectivement eu sa chance.
"Puis je suis revenu en 2018 et me suis blessé au même endroit, j'étais anéanti, j'ai eu une année supplémentaire de soins, a-t-il poursuivi, lors des interviews en zone mixte. Heureusement les Mondiaux de Doha (2019) étaient en octobre." De retour à son meilleur niveau au Qatar, il s'est incliné derrière des Américains. Christian Coleman et Justin Gatlin au 100m, Noah Lyles au 200m.
Andre De Grasse, Kenneth Bednarek et Noah Lyles à l'arrivée du 200m des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le 4 août 2021
"Après tout ce travail, ces efforts, je l'ai fait, je suis très fier de moi", a raconté l'athlète licencié au Speed Academy Athletics Club. Avec un top 5 sous les 20 secondes, la bataille a été rude. Kenneth Bednarek était déjà légèrement en retrait à la sortie du virage, et il a fallu cravacher pour aller chercher Noah Lyles. Et le faire céder.
"Je savais que ce serait très rapide, a expliqué l'élève de Rana Reider. Mon coach m'avait dit d'être bon dans le virage, de tenter de rester au contact, que si je ne l'étais pas je ne pourrais pas gagner la course. C'est ce que j'ai réussi à faire, pour ensuite rester relax et bien placé pour finir fort."

"J'ai cru mourir une seconde"

La suite fut une délivrance autant qu'une souffrance. "Après la course, mon coeur battait à toute vitesse, c'est la première fois de ma vie à ce point, j'ai cru mourir une seconde, a-t-il raconté. J'étais par terre, pour ma 6e course en cinq jours, j'essayais juste de respirer (...) Tout le monde disait que les Américains allaient gagner, mais c'était mon moment, je savais que je l'avais en moi. J'ai souvent pris l'argent, le bronze, mais j'étais jeune en 2016 et je courais contre Usain Bolt..."
Puis ce fut le temps de l'extériorisation. "J'essayais de garder mes émotions, après tout ce que j'ai traversé, puis ma carapace s'est un peu ébréchée (sourire). Ensuite voir Nia (Ali, sa compagne), mes enfants à l'écran, je l'ai fait pour eux, a-t-il avoué, avant de s'effondrer en larmes. Je suis très fier de moi, c'était un beau moment de les voir. Je l'ai fait pour eux, ma famille, mes enfants. Bien sûr, j'ai été très ému pour la naissance de mes enfants, mais c'est la première fois que je le suis autant sur la piste. Cette médaille d'or, personne ne pourra jamais me l'enlever." Oui. Andre de Grasse est champion olympique, et pas juste pour trois ans. Mais pour la vie.
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