Remplaçant aux Knicks, leader chez les Bleus : Evan Fournier, l'indésirable a une revanche à prendre sur ce Mondial

C'est l'histoire d'un mec qui avait réalisé l'un de ses rêves. Avant que celui-ci ne tourne quelque peu au cauchemar ces derniers mois. Toujours désireux de poser ses bagages dans la folie de New York et d'évoluer sous la tunique orange et bleue des Knicks, Evan Fournier a été l'une des victimes collatérales de la bascule tactique de Tom Thibodeau en cours de saison. Jusqu'à ne plus ou peu fouler les parquets lors de la belle campagne 2022-2023 des siens, demi-finalistes de conférence.

Au sortir de la saison la plus délicate de sa carrière (27 matches, 17 minutes, 6,1 points, 31 % à 3 points), le numéro 10 attaque sa Coupe du monde avec le couteau entre les dents. Si son début de préparation s'est opéré en mode diesel, l'arrière a mis le bleu de chauffe contre l'Australie dimanche malgré la défaite (74-78) avec 29 points à 11/14 au tir, 3 rebonds, 3 passes et 3 interceptions. Une ligne statistique qui a de quoi gonfler son moral d'inlassable compétiteur qu'il a malgré lui laissé au placard ces derniers mois…

Cadre du Orlando Magic pendant plus de six ans, le Tricolore a endossé un tout autre costume dans ses passages successifs chez les Boston Celtics puis aux New York Knicks. Capable de coups d'éclats, parfois injustement cantonné dans un rôle de pur shooter par Tom Thibodeau, le natif de Saint-Maurice n'a que trop peu de cartouches pour exprimer ses qualités de slasher du côté du Madison Square Garden.

Cette parenthèse FIBA a tout pour le remettre sur de bons rails. En cannes physiquement et surtout revanchard, l'arrière est prêt à porter les siens vers les sommets. "J’ai plus faim de basket que jamais, comme je n’ai pas beaucoup joué cette saison c’est clair que j’ai plus envie de faire de la compétition, d’être agressif. Je veux retrouver le basket tout simplement. Je ne dirais pas que j’aborde le tournoi différemment, mais mon état d’esprit est différent", confiait-il récemment dans la mini-série Chercheurs d'Or de la FFBB.

Toujours aussi responsabilisé par le sélectionneur Vincent Collet, qui lui fait une confiance quasi-aveugle, le joueur de 30 ans cherche surtout à reprendre du plaisir. S'il s'était employé lors du dernier Euro avec les absences de Nando De Colo et Nicolas Batum, le scoreur peut cette fois compter sur le retour des deux tauliers pour se libérer. "Offensivement, on peut être très forts, mais ça me fout les boules qu'ils ne soient pas venus l'année dernière", lançait d'ailleurs le Knick après le succès contre le Monténégro au début du mois (80-69).

Cette Coupe du monde est aussi cruciale pour la suite de la carrière du champion, qui a peu d'offres à se mettre sous la dent. Car le profil du leader des Bleus a de quoi intéresser bon nombre de franchises outre-Atlantique. De la plus ambitieuse jusqu'à celle qui repart de zéro ou presque. Compétiteur invétéré, Evan Fournier pourrait rendre de précieux services à un candidat au titre dans un rôle en sortie de banc. Mais son expérience pourrait aussi s'avérer précieuse pour une équipe en quête de repères pour grandir.

C'est notamment le cas de San Antonio dont le projet a de quoi séduire le joueur. Encore plus depuis l'arrivée en grandes pompes de Victor Wembanyama dans le Texas. Il y a quelques semaines, plusieurs insiders faisaient même état d'un potentiel intérêt des Spurs pour le Tricolore. La rumeur pourrait enfler en cas de bonne Coupe du monde du Francilien.

En attendant de savoir de quoi son avenir sera fait, Evan Fournier est en mission sur les parquets asiatiques. Il faudra sortir une première partition de choix lors de l'entrée en lice des siens ce vendredi (coup d'envoi, 15h30) face au Canada de Shai Gilgeous-Alexander et son coéquipier aux Knicks RJ Barrett. Un succès inaugural contre l'un des grands outsiders pour le titre aurait fière allure pour les Bleus et son numéro 10 sur la voie de "sa" rédemption.