Une France "à la Yougo"

Le scénario du film a changé. Ces dernières saisons, l'équipe de France a souvent été confrontée à des matches à suspense avec un final haletant. Rarement, les Bleus avaient revêtu le costume du héros. La faute à des lancer-francs manqués. Ou à des fins de matches mal gérées. Lundi soir face aux Serbes - pourtant maîtres dans l'art de maitriser le tempo d'un match et les moments chauds, les Tricolores ont  gardé leur sang froid pour décrocher une victoire clef dans la perspective des quarts de finale. "Les Serbes ont l'expérience des gros matches. Ils jouent tous en Euroligue. Là, on montre que l'on peut rivaliser avec les plus grands", se réjouit Nicolas Batum, un grand sourire aux lèvres malgré un énorme bandage sur la tête suite à un coup de coude involontaire de Joakim Noah.

Tout au long de la rencontre face aux vice-champions d'Europe et demi-finalistes du Mondial 2010, les Tricolores ont fait preuve d'une force de caractère surprenante.  Malgré la réussite insolente des Plavi de loin (11 sur 23 à trois points), ils n'ont jamais paniqué et ont continué de poser leur jeu pour trouver les meilleures solutions offensives même quand l'air s'est raréfié. Une vraie satisfaction pour Vincent Collet, tout heureux de l'état d'esprit démontré par ses protégés : "Gagner ce match de cette façon là, c'est incroyable ! Il y avait deux équipes avec du caractère et qui ont joué avec leur tête", applaudit le sélectionneur tricolore avant d'en remettre une couche : "Je suis d'autant plus fier que j'ai l'impression que mes joueurs se sont hissés au niveau des Yougoslaves dans l'intelligence de jeu et dans la façon de rechercher les bonnes situations sans trembler dans les moments les plus chauds."

La comparaison avec les Yougoslaves est osée. Mais il faut bien le reconnaître, ce n'est plus la même équipe de France que l'on voit sur les parquets depuis son arrivée en Lituanie. Au fil des années et des mauvaises expériences, le groupe France semble s'être forgé un collectif et un caractère. Ce succès face à la Serbie n'est pas le seul où les Bleus ont fait preuve d'abnégation dans cet Euro. Face à l'Allemagne, la Lettonie ou encore l'Italie, les Tricolores ont toujours su répondre après quelques minutes compliquées. "Je pense qu'on peut dire bravo à la ténacité de l'équipe", se frotte les mains Boris Diaw. "Contre les Italiens, c'était encore plus dur mentalement parce qu'il fallait revenir au score. Sur tout cet Euro, on a été assez forts mentalement. On arrive à bien gérer nos fins de match."

Pour Tony Parker, cette fin de rencontre démontre d'ailleurs que la "roue tourne". Mais loin de s'enflammer même si Collet reconnaît que c'est sa plus belle victoire à la tête de la sélection tricolore, les Français sont aussi conscients que rien n'est fait. Encore marqués au fer au rouge par l'Euro 2009 - terminé en quart de finale après six victoires consécutives -, ils savent qu'ils "n'ont pas encore remporté l'Euro", comme le souligne Joakim Noah et qu'ils ne leur restent du travail avec la Lituanie, la Turquie et l'Espagne qui se présentent. Il faut toutefois se le dire, cette équipe a bien grandi même si on attendra les matches couperets pour le crier sur tous les toits.