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Rudy Gobert, homme clé du Jazz mais maillon faible contre Houston

Antoine Pimmel

Mis à jour 08/05/2018 à 09:43 GMT+2

NBA - Favori pour le trophée de meilleur défenseur NBA, Rudy Gobert est l’un des meilleurs joueurs du championnat à son poste. Sa présence est primordiale pour le bon fonctionnement du Jazz. Et pourtant, les Rockets exploitent à merveille les points faibles du Français depuis le début des demi-finales de Conférence.

Rudy Gobert lors de Utah Jazz / Houston en Playoffs NBA

Crédit: Getty Images

Il ne tire pas à trois-points et à vrai dire pas même à plus de quatre mètres du panier. Ses crossovers sont lents et hasardeux. Il élimine rarement ses vis-à-vis, que ce soit en puissance, en touché ou en vitesse. Mais ça n’empêche pas Rudy Gobert d’être le joueur le plus important du Jazz, l’une des huit équipes NBA qualifiées pour le second tour des Playoffs.
Les superstars sont - majoritairement - d’abord des attaquants racés capables de faire la différence en s’appuyant sur un ou plusieurs aspects du jeu qu’ils maitrisent à la perfection. Le tir (lointain) dévastateur de Stephen Curry en sortie de dribble. La force physique alliée au QI basket de LeBron James. Ou encore l’arsenal complet de James Harden, injouable en un-contre-un. Gobert se démarque de par son profil… défensif et pourtant presque tout aussi précieux pour sa franchise.
L’équipe de Salt Lake City s’est construite autour des atouts de son géant. Il est tellement bon dans son domaine qu’il pousse son entraîneur à changer ses schémas selon s’il est disponible ou non. Sa simple présence sur le terrain bouleverse donc complètement la donne pour ses coéquipiers et ses adversaires, qui osent nettement moins s’aventurer dans la peinture de peur de croiser les longs bras du pivot tricolore. Une fois chiffré, son impact est encore plus parlant : Utah encaisse seulement 97 points sur 100 possessions quand il est sur le parquet contre 105 points quand il n’y est pas. Mais que se passe-t-il quand la plus grande force d’une équipe devient aussi sa plus grande faiblesse ?

Une façon de jouer qui ne lui convient pas

La question se pose parce que Gobert est à la peine contre Houston. La statistique défensive si flatteuse l’est désormais nettement moins. Le Jazz prend 111 points sur 100 possessions avec son potentiel DPOY (Defensive Player Of the Year) sur le parquet depuis le début de la série. La formation de Quinn Snyder est même plus efficace - 96 points encaissés - quand il se repose sur le banc ! Les chiffres sont tout de même à prendre avec des pincettes étant donné que les deux larges victoires des Rockets faussent un peu la donne. Le Français affiche tout de même le plus mauvais différentiel des demi-finales de Conférence avec -64 en quatre matches, soit -16 par rencontre. Il est même assez nettement devant Ben Simmons (-55) et son coéquipier Royce O’Neale (-48).
Clint Capela prend le dessus sur lui. Le Suisse avait déjà dominé Karl-Anthony Towns au tour précédent et il domine là encore son adversaire direct (15 points et 11 rebonds par match). Mais ses performances étincelantes ne suffisent pas à expliquer les difficultés rencontrées par la tour de contrôle du Jazz. C’est toute la configuration des Rockets qui ne l’avantagent pas avec cette philosophie offensive axée sur le jeu rapide et le tir extérieur. Mike D’Antoni aligne en permanence au moins quatre joueurs capables de faire mouche à trois-points.
Le coach exploite ce surplus de vitesse et d’adresse en posant une série d’écrans pour forcer l’intérieur à s’écarter au-delà du périmètre de la raquette en allant chasser des adversaires plus petits - et donc plus rapides. Il est donc contraint de sortir de sa zone de confort. S’il recule et reste près du panier, les joueurs de Houston n’ont plus qu’à tirer. C’est ainsi que Chris Paul a enchaîné les perles à mi-distance lors du Match 4 (27 points pour le meneur All-Star).
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Rudy Gobert et James Harden (Houston) lors de la rencontre Utah Jazz et les Houston Rockets lors des Playoffs NBA

Crédit: Getty Images

Pivot, un poste en pleine mutation

S’il reste bas, je vais continuer à prendre mes tirs“, avertissait même CP3. Mais Rudy Gobert s’estime suffisamment mobile - et il l’est, surtout pour sa taille (2,16 mètres) - pour fermer sur les shooteurs. Il reste moins efficace qu’à l’accoutumé contre une équipe qui l’expose à ses propres limites physiologiques. Et le vrai problème, c’est qu’il ne punit pas assez les Rockets de l’autre côté du parquet. Il devrait avoir l’avantage. De taille cette fois-ci. Il peut vite se retrouver avec un vis-à-vis plus petit et moins puissant (selon le même procédé : des écrans pour pousser les défenseurs à changer d’adversaire direct).
Il est d’ailleurs très adroit depuis le début de la série. 77% de réussite aux tirs. Mais en à peine plus de six tentatives par match. Car il est finalement très peu servi. “C’est clair qu’il faut qu’on progresse là-dessus. Mais il y a déjà du mieux. Les gars apprennent à me la jeter quand j’ai un duel avantageux“, déclarait l’intéressé à nos confrères de Basket USA lors d’une défaite du Jazz, déjà contre Houston, en mars dernier.
Utah ne marque que 88 points sur 100 possessions quand Gobert est sur le terrain. Ses partenaires n’ont clairement pas le reflexe de lui passer la balle. Son arsenal offensif n’est pas assez développé pour se faire justice. Et même si c’était le cas, les isolations d’un grand près du cercle sont de moins en moins recherchées par les coaches NBA. Parce que les statistiques avancées démontrent qu’elles ne rapportent pas assez de points. Même Joel Embiid, un crack technique et athlétique, peine à se faire violence. Son utilisation dos au panier ne pèse que 0,55 point par possession depuis le début de la série contre Boston. Quasiment rien. Pour faire plus simple : les équipes qui alignent un grand pivot traditionnel payent le prix en défense sans pour autant compenser en attaque.
C’est pour ça qu’il est de plus en plus difficile de construire sa franchise autour d’un joueur de ce profil. Les principaux candidats au titre - Golden State, Houston ou Cleveland - préfèrent d’ailleurs mettre un ailier ou un ailier-fort sur ce poste. Alors les pivots ne vont pas disparaître mais seuls les plus doués d’entre eux survivront à cette évolution permanente en NBA. Rudy Gobert fait partie du gratin. Après tout, il reste déterminant contre 27 des 29 autres équipes de la ligue. Seul hic, il est exposé par les deux armadas les plus impressionnantes. Un barrage auquel le Jazz, déjà outsider à l’Ouest, risque de se heurter tant que l’un de ses cadres les plus importants ne trouve pas une solution pour peser au stade le plus élevé de la compétition.
Rudy Gobert
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