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NBA - Pour Toronto et Boston, c’est l’avenir de la franchise qui va se jouer lors des playoffs

Antoine Pimmel

Publié 05/05/2019 à 10:29 GMT+2

NBA – Dos au mur et respectivement menés 2-1 par les Sixers et les Bucks, les Raptors et les Celtics s’apprêtent à disputer un match 4 décisif. Avec presque déjà une interdiction de perdre. Surtout qu’avec les décisions à venir de Kawhi Leonard et Kyrie Irving cet été, l’enjeu dépasse le cadre d’une qualification pour les finales de Conférence à l’Est.

Kawhi Leonard (Toronto Raptors) face à Kyrie Irving (Boston Celtics)

Crédit: Getty Images

Masai Ujiri et Danny Ainge, les dirigeants à la tête des Raptors et des Celtics, sont considérés parmi les plus fins stratèges du championnat. Implacables dans les affaires, quitte à parfois sacrifier des figures de la franchise, ils rêvent de grandeur pour leur organisation : ils rêvent de titres. Et pour ça, ils ont tous les deux été prêts à prendre des risques. Ils ont tous les deux misé sur une superstar mécontente dans son ancien club, en fin de contrat, et ce malgré le fait que les joueurs en question – Kawhi Leonard et Kyrie Irving – n’avaient pas inclus Toronto et Boston sur la liste de leurs destinations préférentielles au moment de manifester leurs envies de départ. Ujiri et Ainge ont à chaque fois osé se séparer d’un All-Star très populaire – DeMar DeRozan et Isaiah Thomas – pour mettre le grappin sur un basketteur qu’ils imaginent capables de mener l’équipe encore plus loin.
C’est désormais au cours de ces playoffs que les deux présidents vont pouvoir évaluer les conséquences de leur choix, en bien comme en mal. Parce que Toronto et Boston, menés 1-2 par Philadelphie et Milwaukee, risquent de passer à la trappe dès les demi-finales à l’Est. Le Match 4 de leur série respective sera primordial. Et c’est justement dans ces moments-là que Leonard et Irving sont censés faire la différence. On va voir si ça valait le coup de miser sur eux. Mais surtout, en cas d’échec, les deux franchises risquent de voir partir cet été le joueur pour qui elles ont sacrifié plusieurs atouts.
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Kawhi Leonard (Toronto Raptors) face à Kyrie Irving (Boston Celtics)

Crédit: Getty Images

Léger retour en arrière, en juillet dernier. Coup de tonnerre dans l’univers NBA avec le transfert de Kawhi Leonard. On savait qu’il voulait quitter les Spurs. C’est la prise de risques des Raptors qui a surpris tout le monde. Ujiri a inclus DeMar DeRozan, l’icône de la franchise, dans l’échange. Il l’a expédié à San Antonio un an seulement après lui avoir filé un contrat maximum, époque où DeRozan parlait de finir sa carrière sous la tunique de Toronto. Un choc. Surtout que Leonard était à quelques mois de l’expiration de son contrat et qu’il ne jurait alors que par son Los Angeles natal. Une décision sacrément culottée de la part du dirigeant de l’équipe canadienne. Mais avec une ambition derrière, celle de mener enfin l’organisation en finales NBA. Ce qu’elle ne serait probablement jamais parvenu à atteindre avec DeRozan, un excellent joueur qui a montré ses limites en playoffs.

Leonard est monstrueux… mais les Raptors sont catastrophiques sans lui

Jusqu’à présent, Leonard a plus que justifié les espoirs placés en lui. Il a été fantastique depuis le début des playoffs. Au point de faire une plus forte impression en sept matches que DeRozan en trois ou quatre campagnes. Il est le deuxième meilleur marqueur de la compétition avec 31 points par match, juste derrière un Kevin Durant stratosphérique. Sauf que voilà, sa formation est tout de même dos au mur. Les Sixers ont pris l’avantage 2-1 contre les Raptors, et ce malgré trois performances de mammouth de Kawhi. Le prochain match, disputé ce soir, aura lieu à Philadelphie. Avec donc une occasion pour Joel Embiid et les siens de faire le break et de mener 3-1. Un score traditionnellement quasiment insurmontable (même si l’histoire récente – le titre des Cavaliers en 2016 par exemple – prouve que ce n’est pas impossible).
Plus que la désillusion d’une sortie au second tour, c’est aussi la manière qui peut décourager Kawhi Leonard de rester dans l’Ontario. Il est parfois complètement esseulé ! Paradoxal, quand on lit les noms qui peuplent l’effectif de la franchise. Il y a une statistique abyssale qui illustre à quel point les Raptors sont dépendants de ses cartons offensifs. Quand il est sur le terrain contre Philadelphie, Toronto marque 110 points sur 100 possessions et n’en encaisse que 101. En revanche, quand il est sur le banc, le rating offensif n’est plus que de 56 points sur 100 possessions (!), pour 110 encaissés ! Ridicule. Alors, certes, les échantillons sont faibles – 27 minutes sans Leonard – ce qui explique les chiffres un peu déroutants. Ce qu’il faut en retenir, c’est que les Raptors sont complètement à la ramasse dès que leur meilleur joueur n’est pas sur le terrain.
Et ça, ça peut frustrer une star NBA. L’entraîneur personnel du joueur a d’ailleurs posté un tweet assassin sur Kyle Lowry avant de rapidement le supprimer. Le meneur de Toronto est censé être l’un des soutiens de Leonard. Il est encore une fois absent des grands rendez-vous. Marc Gasol donne l’impression d’être au bord de la retraite. Les remplaçants, d’ordinaires très productifs, ne marquent plus un panier. Difficile, dans ces conditions, de donner envie à Leonard de passer les quatre ou cinq prochaines années de sa vie dans le grand froid canadien, alors qu’une armée de guerriers l’attend aux Los Angeles Clippers.

Kyrie Irving, premier argument de vente des Celtics

La situation est un peu différente à Boston. On sait déjà que les Celtics sont capables de gagner sans Kyrie Irving. Ils l’ont notamment prouvé l’an dernier, en atteignant les finales de Conférence à l’Est, finalement perdues au bout d’une septième manche contre les Cavaliers de LeBron James. Le tout en étant mené par les jeunes Jayson Tatum, Terry Rozier et le sous-estimé Al Horford. Cette saison encore, la franchise du Massachusetts a gagné plusieurs matches en l’absence de son meneur All-Star. Avec même un jeu plus collectif la plupart du temps. Quand on voit la piètre performance d’Irving en défense lors du Match 3 contre les Bucks, on peut aussi se demander s’il ne pénalise pas parfois sa propre équipe.
Mais Irving reste une superstar. La seule à Boston. Et encore plus que son jeu, c’est son pedigree qui est important pour l’organisation. De nos jours, un titre ne se gagne pas avec un seul cador. Il en faut au moins deux (pour la petite histoire, Dirk Nowitzki est le dernier à avoir gagné une bague sans coéquipier All-Star, en 2011). Il faut une superstar déjà en place pour donner plus facilement envie à une deuxième de venir s’intégrer au projet. C’est (souvent) comme ça que ça marche.
Boston n’est pas une destination qui attire les principaux free agents (Gordon Hayward est l’exception qui confirme la règle). Malgré le projet et l’aspect mythique de la franchise. Avant Hayward, ça faisait plus de vingt ans – voire même encore plus – que l’organisation n’avait pas signé un All-Star sur le marché des agents libres. Paul Pierce a été drafté. Kevin Garnett et Ray Allen ont débarqué via un transfert. Tout comme Irving. Et il est le seul à pouvoir convaincre l’un des dix ou quinze meilleurs joueurs actuels de porter le maillot des glorieux Celtics. Jayson Tatum est amené à avoir cette aura un jour, mais il est encore loin d’être prêt.
Les Celtics seraient sans doute encore ambitieux sans Irving. Mais ils n’auraient pas le même attrait. Recruter Anthony Davis (une autre star mécontente qui force son départ) est par un exemple l’une des priorités de l’intersaison pour Danny Ainge. Et c’est difficilement possible si Kyrie décide de signer ailleurs qu’à Boston en juillet prochain.
Ces deux Match 4 des Celtics et des Raptors auront un enjeu supérieur à celui d’une qualification pour le prochain tour. C’est une partie de l’avenir à court terme des deux franchises qui se joue. Avec donc forcément beaucoup plus de pression. C’est désormais à eux – et notamment à Kyrie Irving et Kawhi Leonard – de prouver qu’ils peuvent supporter cette pression pour renverser le cours de la série. Avec un potentiel affrontement entre les deux équipes en finales à l’Est, duel qui sera peut-être lourd de conséquences.
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