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"Je ne jouerai pas des rencontres sans intérêt" : la NBA risque-t-elle d’avoir un gros problème ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 27/05/2020 à 22:27 GMT+2

NBA - En annonçant qu'il ne jouerait pas si la saison reprenait sans possibilité pour Portland de se qualifier pour les playoffs, Damian Lillard a mis le doigt sur un problème qui pourrait bien secouer la NBA. Une majorité des équipes pourrait voir plus de risques que d'avantages dans une reprise avec quelques matches de saison régulière.

Damian Lillard (Portland TrailBlazers)

Crédit: AFP

Ligue fermée, la NBA doit prendre en compte des problèmes que nos championnats européens ont évité au moment des débats sur la reprise : une majorité, ou presque, des équipes et des joueurs n'ont pas d'intérêt sportif à voir reprendre la saison. Pour certains, et Damian Lillard s'en est fait le porte-parole, disputer quelques matches pour permettre aux équipes qualifiées pour les playoffs de se remettre en forme mais sans enjeu personnel, est inimaginable. Inévitablement la NBA va devoir composer avec cette question.
Si nous reprenons et qu'ils disent juste, 'nous ajoutons quelques matches pour terminer la saison régulière', qu'ils nous font jouer des rencontres sans intérêt et que nous n'avons aucune chance de nous qualifier pour les playoffs, je serai avec mon équipe mais je ne jouerai pas.
Damian Lillard, cinq fois all star et personnage qui compte dans le paysage NBA, peut se permettre des déclarations comme celle qu'il a faite à Yahoo. Posons immédiatement un constat, si le meneur de Portland a fait cette sortie médiatique, c'est pour mettre la pression sur les décideurs et faire pencher la balance vers un scénario de reprise qui permettrait aux équipes encore en course pour les playoffs d'avoir une chance de les disputer. Un scénario de tournoi impliquant les équipes classées de 7 à 12 dans chaque conférence, voilà sans doute ce que pousse Lillard. Reste que sa sortie rappelle une réalité implacable : avec son système fermé, la NBA limite l'intérêt sportif pour les équipes moyennes.

A l'est, les huit sont connus (ou presque)

Dans le plus optimiste des scénarios, les équipes disputeraient sept matches avant des playoffs. Sept victoires, c'est l'écart entre Orlando 8e et Charlotte 10e à l'est. Les Hornets auraient donc une possibilité de se qualifier si et seulement si ils font le sans faute et que le Magic perd toutes ses rencontres. Washington, 9e, accuse 5 victoires de retard. Un gouffre. A l'ouest, c'est un peu plus serré et dans un scénario à sept rencontres, Portland, la Nouvelle-Orléans, Sacramento et San Antonio peuvent encore espérer, bien que les probabilités soient minces, doubler Memphis pour le 8e spot. Quid des autres ?
Pour faire simple, prenons le cas des Golden State Warriors, empêtrés dans une saison gâchée par les blessures de Klay Thompson et Stephen Curry. Ce dernier avait repris suite à trois mois d'arrêt avant que la saison s'arrête. Sa franchise aura-t-elle intérêt à le remettre sur le terrain pour quelques matches quitte à prendre le risque de le blesser ?
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Stephen Curry (Golden State Warriors)

Crédit: Getty Images

Pas sûr mais rien ne dit que la NBA lui laissera le choix. Par le passé la ligue a déjà sanctionné d'amendes des équipes qui laissaient au repos des joueurs valides. Si la ligue nord-américaine veut reprendre coûte que coûte, c'est pour assurer aux diffuseurs d'un minimum de matches et donc recevoir de l'argent en retour. Des sommes qui permettent entre autres de payer le salaire des joueurs puisque ceux-ci sont calculés sur un pourcentage des revenus de la ligue. Ceci ressemble au serpent qui se mord la queue.

Curry ou le dilemme des énormes salaires

Car dans le même temps les pertes financières des franchises sont colossales. Sous couvert d'anonymat, certaines équipes de milieu ou de bas de tableau ont expliqué se poser des questions sur l'idée de se rendre à Orlando et prendre des risques sanitaires et physiques. Toutes vont devoir faire attention à leurs dépenses. Payer Stephen Curry 43 millions la saison prochaine - une somme qui pourrait représenter entre 40 et 45% d'un salary cap revu à la baisse - est acceptable si le double MVP est sur le terrain. Beaucoup moins évidemment s'il est sur le flanc pour une blessure contractée dans un match sans intérêt. C'est vrai pour Curry et Lillard, deux superstars grassement payées, ça l'est aussi pour d'autres qui vont devoir négocier un nouveau contrat cet été.
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Damian Lillard (Portland Trail Blazers)

Crédit: Eurosport

Toutes ces questions, les franchises de bas de tableau se les posent chaque saison quand pointe début mars et la dernière ligne droite de la saison régulière. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir certaines prendre le pari de mettre au repos un joueur majeur pour le protéger. Dans une saison particulière, celles-ci possèdent un levier important de négociation. Damian Lillard s'en est servi à son avantage - il veut avoir une chance de se qualifier - mais si pour lui le but de la manoeuvre est sportif, pour d'autres il pourrait bien être physique ou financier.
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