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Alexandre Sarr, Zaccharie Risacher, Tidjane Salaün : et si un raz-de-marée tricolore déferlait sur la Draft NBA ?
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Publié 03/01/2024 à 00:45 GMT+1
Pour sa première projection de draft de l'année 2024, le diffuseur de la NBA ESPN a placé trois Français (Alexandre Sarr, Zaccharie Zisacher et Tidjane Salaün) parmi les six premiers choix de la prochaine cérémonie, dont les deux premiers picks. Un an après la sélection historique de Victor Wembanyama en tête de la draft 2023, le basket français pourrait continuer de surprendre.
📸 Wembanyama, un géant en photos
Video credit: Eurosport
Ils sont trois dans les six premières positions de la projection de draft 2024 d'ESPN. Alexandre Sarr (1er, Perth Wildcats), Zaccharie Risacher (2ème, JL Bourg), et Tidjane Salaün (6ème, Cholet Basket) n'ont que 18 ans mais font déjà tourner la tête des scouts américains. Un an après la sélection en premier choix de Victor Wembanyama, la France pourrait devenir le deuxième pays, hors Etats-Unis, à placer deux joueurs au sommet de deux drafts consécutives après le Canada. Trois joueurs dans le top 6 d'une même draft, ce serait tout simplement une première pour un pays étranger.
Mais la grande cérémonie de la draft NBA 2024 ne se tiendra que le 27 juin. Et l'incertitude est beaucoup plus grande que l'année passée. Avant la draft 2023, la NBA elle-même avait auto-alimenté la hype Victor Wembanyama en diffusant tous les matchs des Mets 92 sur ses canaux. Celui-ci n'hésitait d'ailleurs pas à le proclamer lui-même : "J’ai la conviction que je serai le numéro 1" clamait-il déjà au Figaro en octobre 2022. Cette année, il n'en est rien.
Sarr, prototype rare, pas un talent unique
Pourtant, le pivot Alexandre Sarr (2,16m) aurait pu pécher par orgueil et en dire autant ou presque. Début octobre, ESPN parlait déjà de lui comme d'un "potentiel numéro 1", alors que Bleacher Report le voyait en seconde position. Comme Victor Wembanyama, Sarr s'est fait un nom outre-Atlantique en début de saison en brillant contre le G-League Ignite et sa collection de jeunes talents : 17 points, 7 rebonds et 6 contres, puis 26 points, 10 rebonds et de nouveau 6 blocks. Mais le petit frère d'Olivier Sarr (Oklahoma City Thunder) n'est, de ses propres mots, "pas une licorne", ces joueurs dont l'alliage de taille et de technique semble irréel. Pas autant en tout cas que Wembanyama, avec qui il partage l'impressionnante mobilité pour son gabarit, mais pas encore l'aisance technique.
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Alexandre Sarr sous le maillot de Perth
Crédit: Eurosport
Celui qui aurait presque davantage ce profil, c'est certainement Zaccharie Risacher (2,07m). L'ailier de 18 ans de la JL Bourg (Betclic Elite) fait parler de lui depuis son adolescence. Longtemps, il a été le protégé de Tony Parker à l'ASVEL qui avait projeté pour lui une "tournée américaine" pour "l'exposer le plus possible". Mais mécontent de son temps de jeu dans le Rhône, celui qui était déjà annoncé dans le top 5 de la draft a quitté le champion de France 2022 pour rejoindre Bourg, en milieu de tableau.
Aux bons endroits au bon moment
Une décision qui lui avait fait perdre quelques places dans les mocks draft, au gré de l'implacable scepticisme des scouts NBA. Mais dans l'Ain, le fils de l'ancien international français Stéphane Risacher (124 sélections) a su faire rehausser sa cote et profiter de l'incertitude de la prochaine cuvée de draft.
Car c'est certainement pour cela qu'il n'y a pas d'équivalent à la Wembamania cette année. La cuvée de draft 2024 n'a, semble-t-il, rien d'un grand cru et ses leaders ont presque tous connu des désillusions. L'ailier de Colorado (NCAA) Cody Williams s'est blessé pour un mois fin décembre, alors que celui du G-League Ignite Matas Buzelis l'était en début de saison. Le coéquipier de Buzelis, Ron Holland, favori au début de la saison, paie le début d'exercice totalement manqué de l'Ignite et des performances sinusoïdales. Quant au meneur Isaiah Collier, numéro un de la précédente mock draft d'ESPN et de son spécialiste référence, Jonathan Givony, son mois de décembre conclu à 21% à trois points a mis à mal son crédit.
Risacher / Salaün, une progression météorique à la Coulibaly ?
Alors quand le marché local ne convainc plus, les yeux des recruteurs regardent ailleurs. Lors de la dernière rencontre entre la JL Bourg, et Cholet Basket, une dizaine de scouts étaient ainsi présents pour observer Zaccharie Risacher… mais pas que. Sous le maillot ligérien, Tidjane Salaün avait également pignon sur rue auprès des recruteurs, qui le lui rendent bien.
Signataire de son premier professionnel contrat cet été, l'ancien pensionnaire de l'INSEP est devenu une pièce majeure de Cholet au gré des blessures (20 minutes de jeu, pour 7,2 points, 3,4 rebonds et 1,3 interceptions). Dans le dernier classement d'ESPN, il est ainsi passé de la quinzième, à la sixième position, alors qu'il était plutôt annoncé en milieu de second tour en septembre dans les prédictions de draft. Et s'il était sur tous les radars face à Bourg, c'est surtout en Europe qu'il a impressionné en scorant deux fois 24 points en Ligue des champions FIBA, le deuxième échelon européen (13 points de moyenne en six matchs).
Si Alexandre Sarr est parfois comparé à Victor Wembanyama pour sa silhouette longiligne et son aptitude à shooter de loin, c'est peut-être pourtant Salaün qui partage le plus gros point commun avec l'intérieur des Spurs : son entourage. L'ailier de 2,06m est, comme Wemby, représenté par l'agence Comsport qui a fait de l'exportation de Français en NBA sa spécialité. Pour le marché européen, les scouts NBA aiment avoir des repères. Et avec des noms comme Gobert, Fournier ou Batum dans le répertoire, en voilà certains rassurés.
Sarr, de son côté, bénéficie lui du programme Next Star de la NBL, la ligue australienne de basketball. Le deal est simple : l'instance règle les salaires des jeunes prospects et les répartit dans les franchises afin d'attirer les stars de demain et de gagner en popularité. Un chemin de traverse vers le monde professionnel popularisé par LaMelo Ball, troisième choix après un an à Illawarra en 2019-2020.
Résultat : la star de la ligue Alexandre Sarr n'est que le 6ème temps de jeu de son équipe Dix-sept minutes de moyenne suffisantes pour montrer ses qualités de mobilité en défense clairement au-dessus de la moyenne, et de belles bases en attaque. Mais pour Luca Mahieu, du média spécialisé Envergue, contrairement à Victor Wembanyama, Sarr "n'a pas le potentiel pour être un 'franchise player’".
C'est peut-être ici que Zaccharie Risacher peut tirer son épingle du jeu. "Dans une année sans clair n°1, la trajectoire constante de Risacher l'a fait devenir l'un des candidats" écrit ESPN à propos du français. Sa polyvalence offensive et son intelligence défensive (10,7 points, 3,6 rebonds en Betclic Elite) l'inscrivent dans la lignée de ces stars européennes qui réussissent outre-Atlantique grâce à leur compréhension du jeu. Mais avant cela, il faudra, comme ses deux compères, être sélectionnés et, surtout, confirmer. Si Wemby et Bilal Coulibaly (7ème en 2023) semblent bien lancés, tous les grands prospects du basket français n'ont pas confirmé leurs statuts. Demandez à Killian Hayes, 7ème choix en 2020.
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