NBA – Les Golden State Warriors sont-ils en train de mourir ?

Véritable machine à gagner pendant plusieurs saisons, encore sacrés il y a deux ans, les Golden State Warriors sont inévitablement sur le déclin. C’est même à se demander si Stephen Curry et ses partenaires ont encore dans les jambes une ou deux dernières campagnes héroïques en Playoffs. Si c’est le cas, ce ne sera probablement pas pour cette saison.

Stephen Curry, le meneur de Golden State

Crédit: Getty Images

"Ça fait combien de temps que le poids de la franchise repose sur ses épaules ? Quinze ans ? On ne peut pas juste demander à Steph de nous porter soir après soir." En répondant aux critiques concernant son choix de laisser délibérément Stephen Curry sur le banc pendant neuf minutes consécutives en deuxième mi-temps lundi dernier – neuf minutes durant lesquels les Minnesota Timberwolves ont remonté un écart de 5 points pour prendre 9 longueurs d’avance – Steve Kerr a mis le doigt sur le principal problème des Golden State Warriors. Ils sont bien trop dépendants de leur superstar.
Le principal intéressé assure qu’il avait les jambes et l’énergie pour revenir sur le terrain et éventuellement éviter la courte défaite (114-110) contre l’une des meilleures équipes de la conférence Ouest. Peut-être qu’il n’est pas si fatigué. Mais les Warriors le sont. Sans doute plus mentalement que physiquement. Parce qu’ils ont beau enfin évoluer au complet, ils ont beau développer un basket très séduisant par moments, ils ne parviennent toujours pas à trouver un rythme digne de leur statut. L’usure et la lassitude se font sentir dans les voix après chaque contre-performance.
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Stephen Curry et LeBron James lors du match entre les Golden State Warriors face aux Los Angeles Lakers

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"On continue de perdre des matches. Surtout, on continue de perdre des matches que l’on est censé gagner", souligne à juste titre Draymond Green. Golden State affiche un différentiel négatif dans les situations définies comme "clutch" par la NBA, à savoir celles avec moins de 5 points d’écart au tableau d’affichage et moins de 5 minutes à jouer. Malgré un métronome comme Chris Paul et des pyromanes comme Curry ou Klay Thompson, les Californiens marquent 114 points sur 100 possessions dans ce contexte contre 121 encaissés. Ils se classent 19es, essentiellement devant des équipes qui n’aspirent pas à jouer les Playoffs ou à aller loin.
"On n’a pas de bonnes habitudes", remarque aussi Green. Inquiétant, bien sûr, mais aussi surprenant pour une franchise pourtant titrée il y a deux ans seulement. Ça paraît désormais tellement loin. Golden State est aujourd’hui une équipe de play-in. Elle ne peut même pas viser mieux que la neuvième place, sachant que son dixième rang ne tient qu’à un fil. Les Dubs peuvent sentir le souffle des Houston Rockets dans leur nuque. En effet, forts de leurs neuf victoires de suite, les Texans sont quasiment à égalité avec les champions 2022.

Les petits ont chassé les grands du terrain

La troupe de Steve Kerr fait finalement encore moins bien que l’an passé, quand elle avait terminé sixième avant de renverser les Sacramento Kings en sept manches lors du premier tour. Tout ça pour se faire pulvériser par les Los Angeles Lakers ensuite. Des Hollywoodiens qu’ils retrouveront lors du play-in, si toutefois ils parviennent à résister au retour des Rockets donc. Dans le meilleur des scénarios, les Warriors joueront le premier tour contre la première tête de série à l’Ouest… actuellement les Denver Nuggets, qui leur ont succédé en 2023.
Même le Oklahoma City Thunder ou les Timberwolves, toujours à la lutte pour la tête de la Conférence, n’auraient pas à redouter un adversaire au passé aussi glorieux que celui des Warriors. Le vent a tourné. Les temps changent, les générations aussi. Green peut provoquer Rudy Gobert ou se moquer de Karl-Anthony Towns, toujours est-il que son équipe ne fait plus peur. Les jeunes ont pris les commandes, les Shai Gilgeous-Alexander, les Anthony Edwards, et ils prennent de vitesse les jambes lourdes des cadres aux quatre bagues NBA.
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Draymond Green, Klay Thompson et Stephen Curry : le trio autour duquel la dynastie Warriors a été bâtie

Crédit: Getty Images

Les plus grandes dynasties ont tendance à prendre fin le jour où le meilleur joueur prend sa retraite ou change de franchise. Les Bulls de Michael Jordan. Les Lakers de Shaquille O’Neal. Là, l’ironie, c’est que Stephen Curry est toujours là ! Et il est encore l’un des cinq ou six basketteurs les plus forts de la planète. En revanche, il n’a probablement jamais été aussi esseulé. Les Spurs de Tim Duncan ont su prolonger leur domination en trouvant des relais à leur joueur générationnel. D’abord Tony Parker et Manu Ginobili puis Kawhi Leonard.
Curry, lui, "subit" le déclin de Klay Thompson. Ce dernier n’est évidemment plus le même depuis ses blessures (ligaments croisés, tendon d’Achille) et il a même été relégué sur le banc cette saison. Si brillant lors du sacre, Andrew Wiggins n’a pas passé le cap. Jordan Poole a un temps été pressenti pour prendre le relais mais il a été échangé. Alors qui pour maintenir cette équipe à flot et enlever un peu de pression des épaules du meneur ?

L’espoir Jonathan Kuminga

L’une des rares éclaircies dans cette saison morne vient de Jonathan Kuminga. L’ailier de 21 ans, septième choix de la draft 2021, passe un cap au cours de sa troisième année dans la ligue. Il est même déjà le deuxième meilleur joueur de Golden State en attaque. Il tourne à 20 points, 54% aux tirs et 38% à trois-points en 33 matches (19 victoires) depuis le 11 janvier dernier, juste après avoir fait pression sur le staff pour jouer plus de minutes. C’est une star potentielle mais il n’est pas encore tout à fait prêt pour être considéré comme une vraie deuxième option dans des matches qui comptent.
Peut-être l’an prochain, dans ce qui ressemble sur le papier à un dernier run des Warriors. Brandin Podziemski et Trayce Jackson-Davis, deux rookies prometteurs, auront un an de plus. Le contrat de CP3 limitera moins les finances et permettra éventuellement de recruter un ou deux hommes de banc confirmés. Un transfert de Wiggins est envisageable. Mais sans vrai numéro deux, cette équipe ne pourra pas viser mieux qu’une qualification anecdotique pour les playoffs.
L’autre option, évidemment, c’est de casser. Laisser Thompson filer. Sacrifier Green. Mais ça veut dire changer complètement la manière de jouer de l’équipe en tournant définitivement la page. Peut-être que les Warriors préfèrent même mourir avec leurs idées et leur cadres historiques.
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