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NBA - Meilleur joueur de la meilleure équipe, pourquoi Jayson Tatum (Boston Celtics) n'est-il pas le MVP ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 05/03/2024 à 17:02 GMT+1

Jayson Tatum réalise une saison impressionnante presque sous les radars, alors que les Boston Celtics caracolent en tête de la ligue. Il est étonnant que l'ailier de 26 ans ne soit pas plus souvent cité dans la course au MVP, dans laquelle Nikola Jokic ou Shay Gilgeous-Alexander sont davantage mis en avant. Pourtant, il a clairement de nombreux arguments à faire valoir.

Jayson Tatum

Crédit: Getty Images

50 points et 25 rebonds. De moyenne. Wilt Chamberlain a toujours affolé les compteurs et une grande partie de ses records NBA paraissent encore intouchables aujourd’hui. Son exercice 1961-1962 illustre parfaitement ses performances chiffrées absolument hors du commun. Avec donc plus de 50 points et 25 rebonds chaque soir en… plus de 48 minutes. C’est ça, le plus dingue : son temps de jeu moyen était supérieur à celui d’un match de basket sans prolongation. Parce qu’il ne sortait quasiment jamais. Bref. C’est de loin la saison la plus statistique de l’histoire du basket américain. Impossible à reproduire, même sur console de jeux vidéo.
Mais vous savez ce qui est vraiment le plus fou dans cette affaire ? Chamberlain n’a pas été nommé MVP. Et non. Bill Russell a raflé la mise avec "seulement" 18 points et 23 rebonds au compteur. Pourquoi ? Parce que ses Boston Celtics ont décroché 60 victoires en 80 matches et ils ont largement dominé le championnat, loin devant les Philadelphie Warriors de Wilt. Pendant longtemps, le trophée individuel le plus prisé récompensait majoritairement le meilleur joueur de la meilleure équipe.

Au final, c'est quoi, un MVP ?

Un demi-siècle plus tard, Jayson Tatum mène les mêmes Celtics vers l’une des saisons les plus éblouissantes de la riche histoire de la franchise. Boston a gagné plus de 80% des rencontres disputées au moment d’écrire ces lignes. L’équipe du Massachusetts est encore en course pour faire mieux que les 67 victoires accumulées en 1986 avec Larry Bird ou les 66 succès décrochés par Kevin Garnett, Paul Pierce et Ray Allen en 2008. Deux formations qui ont été sacrées championnes la même année.
Les Celtics ont beau être armés en talents – Jaylen Brown, Kristaps Porzingis, Jrue Holiday, Derrick White, etc. – Tatum est clairement le plus doué du lot. Il est le chef de file d’une escouade qui roule complètement sur le championnat. Mais la définition du MVP a évolué avec le temps. Elle est devenue paradoxalement de plus en plus floue puisque le terme "valuable" est parfois difficile à quantifier.
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Porzingis, Tatum

Crédit: Getty Images

"Ce n’est pas qu’une question de scoring. C’est la capacité à gagner durablement, à être grand et à rendre les autres meilleurs", témoigne son coach Joe Mazzulla, qui milite évidemment en faveur de son protégé. "Je pense qu’il est sous-estimé dans cette discussion. J’ai le sentiment qu’il redéfinit ce que doit faire le meilleur joueur. Il le fait chaque soir de manière différente. Il faut vraiment regarder les matches pour comprendre l’impact qu’il peut avoir sur ses coéquipiers."
Sauf qu’il est humainement impossible pour les votants de regarder tous les matches de toutes les équipes. C’est là où l’aspect narratif rentre en jeu dans la course au MVP et aux différents trophées. D’où l’idée parfois simpliste de nommer le meilleur joueur de la meilleure équipe, pour être sûr de ne pas se tromper. Sauf qu’il y a de plus en plus d’outils et de statistiques avancées à la disposition des fans et des journalistes (qui votent) pour regarder et analyser le basket NBA. Ça répond à une volonté de quantifier au maximum ce qui ne l’est pas toujours de par la nature du jeu.
Avec finalement une question à laquelle tout le monde aimerait répondre avec le plus de précision possible : quel joueur est vraiment le plus "valuable" ? Jayson Tatum répond pour sûr à deux des trois critères avancés par Mazzulla : son équipe gagne régulièrement et il est un grand talent. Mais rend-il forcément les autres meilleurs ? C’est là qu’il y a un bémol, du moins dans la perception générale du bonhomme de 26 ans.

Tatum, une candidature sous-estimée

Boston caracole en tête depuis octobre mais il n’a jamais été vraiment cité comme l’un des favoris au MVP à chaque point intermédiaire réalisé par les différents médias US. Joel Embiid d’abord, Nikola Jokic et Shai Gilgeous-Alexander maintenant, sont présentés en tant que principaux candidats. Luka Doncic et Giannis Antetokounmpo devancent même Jayson Tatum selon les classements.
Tous affichent une production statistique massive, au point d’éclipser le reste de leur équipe pourtant bien classée dans les cas de Jokic, SGA ou Giannis. Ils semblent incontournables et en plus les Nuggets, le Thunder et les Bucks gagnent aussi. Mais que deviendrait Denver sans sa superstar serbe ? Oklahoma City sans son leader canadien ? Ou même Dallas sans son génie slovène ? Il est crédible d’imaginer que ces formations lutteraient au mieux pour le play-in à l’Ouest et ce n’est même pas une garantie.
Ils sont probablement plus importants pour leur franchise que ne l’est Tatum à Boston, mais est-ce que ça les rend plus "valuable" pour autant ? "Je ne marque pas autant de points que ceux qui sont devant moi dans la course au MVP, mais j’espère que les votants seront assez intelligents pour comprendre la dynamique de notre équipe. Je dois moins scorer certains soirs mais je me retrouve toujours à impacter le jeu d’une manière ou d’une autre pour que l’on puisse gagner", confie l’intéressé.

Il n'a jamais amené son équipe jusqu'au titre

Il compile tout de même 27 points, 8 rebonds, quasiment 5 passes, 47% aux tirs et 37% à trois-points. Les Celtics ne seraient pas à ce niveau sans lui, c’est une évidence. Il reste la pièce maîtresse. C’est à se demander s’il n’est pas jugé un peu différemment des autres sous prétexte qu’il a toujours été dans une bonne équipe. Il a gagné 328 des 496 matches de saison régulière qu’il a disputés depuis le début de sa carrière (66%). Mais il n’a encore jamais su l’amener jusqu’au bout et, selon lui, c’est ce qui le pénalise. "Apparemment, le fait d’avoir perdu en finales il y a deux ans a une influence sur ce que l’on pense de moi aujourd’hui."
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Jayson Tatum

Crédit: Getty Images

Antetokounmpo, Jokic ou encore Curry ont récemment été MVP avant d’être champions. Mais c’est vrai que le même argument a été en partie retenu contre le pivot des Nuggets l’an passé. Jayson Tatum n’a plus qu’à suivre son exemple. C’est ça, la meilleure des réponses : troquer un trophée individuel contre une bague et, en prime, être désigné MVP des finales.
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