NBA - Minnesota Timberwolves – Dallas Mavericks : Parole à la défense !

Si la défense fait gagner des titres, alors il n’est peut-être pas si surprenant de retrouver les Minnesota Timberwolves et les Dallas Mavericks aux portes des finales NBA. Aucun des deux finalistes à l’Ouest n’était vraiment attendu à ce stade de la compétition avant le coup d’envoi de la saison mais les deux équipes en sont arrivées là en éteignant leurs adversaires tour après tour. C’est en s’appuyant sur cette capacité à limiter les machines offensives les plus rodées et les plus prolifiques qu’elles pourraient aller chercher un sacre d’ici la mi-juin.

La défense fait gagner en playoffs mais elle reste accessoire pour bon nombre de franchises pendant la saison régulière. L’exercice NBA a encore été marqué par des cartons de plus en plus spectaculaires, avec par exemple les 70 points de Joel Embiid ou les 73 pions de Luka Doncic. Le rythme des rencontres est de plus en plus soutenu et le jeu de plus en plus axé sur le tir à trois-points. Défendre comme des acharnés chaque soir devient de plus en plus difficile vu le tempo infernal et l’espace immense qu’il faut couvrir vu que la majorité des joueurs sont à même d’étirer les lignes en attaque. Trois équipes ont fini avec plus de 120 points par match (Thunder mais aussi les Celtics et les Pacers, les deux finalistes à l’Est) et les franchises ont inscrit 115 points sur 100 possessions en moyenne. Un record.

Mais la réalité est différente une fois que les hostilités débutent au printemps. L’intensité monte d’un cran, le jeu se ralentit et chaque possession compte. D’où l’intérêt de pouvoir faire des stops. Alors, oui, la défense fait gagner des titres mais… pas seulement. Trois des cinq derniers champions se reposaient d’abord sur une attaque d’élite (Toronto, Milwaukee, Denver). Dans l’idéal, il faut évidemment être efficace des deux côtés du terrain. C’est le cas aussi bien de Minnesota que de Dallas. Il n’empêche qu’au-delà des superstars – Anthony Edwards d’un côté, Luka Doncic et Kyrie Irving de l’autre – l’ADN de ces deux formations restent de défendre fort pour l’emporter.

Les Timberwolves en ont fait une marque de fabrique au point de marquer les esprits sur ces playoffs. D’abord en corrigeant les Suns en quatre manches sèches puis en sortant les Nuggets, champions en titre à la formule insoluble pour les équipes adverses lors de la campagne 2022-2023. Même Nikola Jokic, triple-MVP, s’est finalement retrouvé à court de munitions contre les schémas mis en place par Chris Finch et ses assistants. Rudy Gobert – vainqueur du trophée de meilleur défenseur de la saison pour la quatrième fois cette année – et ses partenaires ont limité Denver sous les 100 points à quatre reprises. Avec à la clé les quatre victoires nécessaires pour se qualifier. Ils ont même fait plafonner les Nuggets à 80 et 70 points. De très loin leurs plus petits totaux cette saison.

C’est dans la lignée de ce que les Wolves ont montré tout au long de la saison. Eux ont défendu d’octobre à mai. Ils n’encaissaient que 108,4 points sur 100 possessions, soit la meilleure équipe de la ligue dans ce domaine. Tout part de Gobert, protecteur de cercle capable de couvrir plusieurs zones à la fois. Ses coéquipiers saluent constamment son apport et avouent qu’il a instauré une culture défensive à Minneapolis. Mais l’apport de Jaden McDaniels, une sangsue qui a fait déjouer Jamal Murray, et les efforts d’Edwards sont aussi à souligner. Karl-Anthony Towns a aussi eu de l’impact de ce côté du parquet. De même que Nickeil Alexander-Walker, Mike Conley ou Naz Reid. Ce sont tous les membres clés de la rotation qui sont capables de bien défendre.

Pour Dallas, s’affirmer comme une défense d’élite peut sembler moins naturel avec deux scoreurs de la trempe de Luka Doncic et Kyrie Irving au casting. C’était pourtant déjà l’atout principal de l’équipe déjà qualifiée pour les finales de Conférence il y a deux ans. Mais la version 2024 des Mavericks est bien plus athlétique, bien plus forte et finalement bien plus complète. Les arrivées de PJ Washington et de Daniel Gafford le soir de la deadline ont métamorphosé ce groupe. Les Texans se sont imposés comme la meilleure défense en NBA (107,2 points encaissés) à partir du moment où Gafford a été lancé dans le cinq majeur début mars.

Les joueurs de Jason Kidd ne présentent pas le même profil que les Nuggets. Ils sont plus longs, plus costauds et plus à même de tenir le choc d’une série défensive. Les Timberwolves ont été bâtis pour battre les champions en titre, pas pour affronter les Mavericks. La série promet d’être très disputée (et donc très intéressante) parce que chacun a les armes pour limiter les atouts de l’autre. Avec "Ant Man" et McDaniels, ainsi qu'Alexander-Walker en relais, Minnesota peut envoyer constamment un stoppeur sur Doncic et Irving tout en ayant Gobert pour couper l’accès au cercle et écarter la menace des passes lobées. Derrick Jones Jr et Washington sont eux deux athlètes à même de donner du répondant à Edwards.

Les arbitres seront peut-être tentés de laisser les deux équipes être constamment à la limite de la faute dans le défi physique. Au final, la différence ne se fera sans doute pas sur les défenseurs individuels mais plutôt sur la rigueur collective. Quelle équipe sera le plus disciplinée dans les aides ? Laquelle respectera le mieux les stratégies données en fonction des ajustements ? Des questions passionnantes pour les amateurs de basket engagé.

Même si, en réalité, la différence se fera surtout… en attaque. Parce qu’avec deux défenses d’élite, les joueurs de devoir qui seront volontairement laissés libres par la défense – Jones Jr, McDaniels par exemple – auront un impact énorme sur l’issue de cette finale de Conférence en fonction de leur adresse ou maladresse extérieure. A moins que ce ne soit les supers talents qui finissent par faire pencher la balance. Parce que dans le fond, ce sont surtout eux qui font gagner des titres.

Pronostic : Dallas gagne 4-3 contre Minnesota.