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NBA - Pourquoi Victor Wembanyama (San Antonio Spurs) peut réussir un exploit plus vu depuis 30 ans en NBA
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Publié 29/02/2024 à 08:39 GMT+1
Le dernier quadruple-double remonte à 1994. Victor Wembanyama semble avoir le potentiel pour aller chercher pareille performance dans un futur proche. Déjà auteur d'un "5 by 5" ou d'un triple-double avec 10 contres, le Français pourrait rejoindre le cercle très fermé des légendes qui ont fini avec 10 unités ou plus dans quatre catégories statistiques.
Victor Wembanyama (San Antonio Spurs) / NBA
Crédit: Getty Images
L’une des caractéristiques communes des plus grands athlètes de ce monde, quel que soit le sport, c’est leur capacité à banaliser ce qui relève justement de l’exceptionnel. De rendre ça presque routinier. Pour l’instant, Victor Wembanyama continue de choquer. Soir après soir. Parce qu’il est un extraterrestre dans le paysage NBA, une ligue pourtant peuplée de géants et d’humains qui représentent une partie infime de la population déjà réduites des basketteurs professionnels. Il émerveille parce qu’il est différent de tous ceux qui sont passés avant lui dans le meilleur championnat du monde. Il innove. Il révolutionne. Il rend possible ce qui semblait impossible.
Mais même au cours d’une première saison incroyable qui impressionne le public et les observateurs malgré des défaites en pagaille des San Antonio Spurs, le jeune joueur français parvient aussi tout de même à déjà normaliser ce qui ne l’est pas. Exemple : il est devenu tout à fait imaginable de penser qu’il compilera un jour un quadruple-double. Peut-être même dans un futur (très) proche. C’est pourtant le genre d’exploits qui n’a été reproduit que… quatre fois dans toute l’histoire de la NBA !
Un rookie qui rend imaginable ce qui semble impossible
Nate Thurmond a été officiellement – les contres n’étaient pas comptabilisés à l’époque de Bill Russell et Wilt Chamberlain – le premier à cumuler dix unités ou plus dans quatre catégories statistiques différentes (22 points, 14 rebonds, 13 passes et 12 blocks) en 1974. Alvin Robertson l’a imité en 1986 mais avec les interceptions (20 points, 11 rebonds, 10 passes, 10 ballons volés) puis les intérieurs légendaires Hakeem Olajuwon (18 points, 16 rebonds, 11 blocks et 10 passes) et David Robinson (34 points, 10 rebonds, 10 passes, 10 contres) ont suivi en 1990 et 1994. Depuis, plus rien.
30 ans sans quadruple-double. Draymond Green aurait pu le faire en 2017, le soir où il a signé le seul triple-double sans les points (11 rebonds, 10 passes, 10 interceptions et… 4 points). Mais hormis cette performance unique, personne n’a jamais effleuré l’idée de pouvoir se greffer au club très fermé de ceux qui ont un jour atteint la quatrième dimension. Jusqu’à l’arrivée de Victor Wembanyama.
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Victor Wembanyama face à LeBron James lors du match opposant les Los Angeles Lakers aux San Antonio Spurs
Crédit: Getty Images
Le pivot de 2,24 mètres défie les codes en permanence. Il est gigantesque, oui, mais il est aussi très agile, adroit, intelligent et certainement doué. La combinaison parfaite pour dominer la planète basket pendant une décennie si son corps le lui permet. Il ne lui a fallu que 53 matches en NBA pour réussir un "5 by 5" (5 unités dans 5 catégories statistiques). Seulement le quinzième match de la sorte dans toute la riche histoire de la ligue majeure. Wembanyama étant évidemment le plus jeune à sortir pareil exploit, à 20 ans, tout en étant celui qui l’a fait en jouant le moins de minutes (31).
Il a déjà eu le triple-double avec les contres (20 points, 14 rebonds, 10 blocks) et avec les passes (15 points, 12 rebonds, 10 passes en… 21 minutes). La suite logique, c’est le quadruple-double. Pour ça, il faudrait sans doute qu’il joue plus. Les Spurs sont – sans doute à raison – très prudent avec le premier choix de la dernière draft. Le staff l’a un temps plafonné à 25 minutes par match suite à sa blessure à la cheville. Il n’y a plus de restriction mais il est rare que Gregg Popovich aligne son joyau plus de 30 minutes par exemple. Ce n’est arrivé que 18 fois en 55 rencontres cette saison.
Comment Wembanyama peut aller chercher le quadruple-double
Les superstars jouent autour des 34 minutes ou plus, ce qui n’a été le cas que 6 fois pour le rookie. Il cumule 24 points, 10 rebonds, 4 passes et 3 blocks sur les 6 matches en question. Sensiblement les mêmes moyennes que sur l’ensemble de la saison. Mais il découvre à peine ses super-pouvoirs. Wembanyama comprend de mieux en mieux ce qui se passe sur le terrain, aussi bien en attaque qu’en défense. Ça lui permet de contrer de plus en plus de tirs (4,8 chaque soir depuis la reprise suite au All-Star Weekend) parce qu’il sait où se placer, comment, etc. Sachant que son envergure démentiel lui permet de contester et de repousser des tirs à des moments où les attaquants adverses ne s’y attendent pas.
Il fera certainement d’autres matches à 10 blocks (5 passes décisives ce soir-là). Il en a déjà 3 à 7 ou plus. Il faudrait pouvoir distribuer plus de caviars. Il va naturellement progresser dans la création du jeu, parce que c’est un aspect qui l'intéresse et où il montre des aptitudes intéressantes. Mais il est possible que ses moyennes à la passe fassent un petit bond le jour où il sera mieux entouré, avec des joueurs NBA confirmés capables de planter régulièrement des tirs extérieurs en cas de prise-à-deux sur lui.
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Victor Wembanyama et les Spurs se sont inclinés d'un point devant les New Orleans Pelicans, le 2 février 2024.
Crédit: Getty Images
Ce sont peut-être les deux conditions principales pour un quadruple-double du bonhomme : 34-35 minutes de temps de jeu avec une équipe un peu plus compétitive. Partant de ce postulat, cette performance paraît presque réalisable… d’ici trois ans ? En réalité, rien que le fait d’extrapoler sur le sujet et de l’en imaginer vraiment capable en dit long sur le joueur. Un quadruple-double le ferait entrer dans les annales, et ce peu importe la suite de sa carrière.
Presque le seul candidat pour un tel exploit
Il est presque le seul candidat pour un tel exploit. Anthony Davis est meilleur récemment à la passe mais il contre moins. Joel Embiid aussi. Domantas Sabonis et Nikola Jokic n’ont pas la dimension athlétique. Shai Gilgeous-Alexander peut prendre 10 interceptions mais ça paraît plus compliqué pour lui tandis que Victor Wembanyama semble vraiment en mesure de claquer plusieurs matches à 10 contres dans sa carrière.
Encore plus si la NBA décide de supprimer la règle des 3 secondes défensives dans la raquette. Le Français aurait alors encore plus de possibilités pour défendre le cercle. Les autres équipes vont s’adapter, évidemment. Mais il a un créneau pour chercher son quadruple-double. Il y a de plus en plus de possessions, ce qui explique en partie l’inflation des statistiques et des triple-doubles (constamment en hausse). Ceux-ci sont devenus banals avec Russell Westbrook ou encore Jokic. C’est maintenant à Wembanyama de frapper encore plus fort.
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