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L'œil de Rio : Merci pour tout, Tony

Laurent Vergne

Mis à jour 18/08/2016 à 10:47 GMT+2

JO RIO 2016 – Tony Parker a disputé mercredi le tout dernier match de sa carrière sous le maillot de l'équipe de France. Une défaite, une raclée, même, face à l'Espagne, loin de ses rêves d'apothéose. Mais en 15 ans, il aura fait vivre aux Bleus la plus belle époque de toute leur histoire.

Tony Parker

Crédit: AFP

Voilà, c'est fini. Et même si on le savait, même si la chose avait été annoncée depuis longtemps, ça fait bizarre. La carrière de Tony Parker en équipe de France est terminée depuis quelques heures et le vide parait déjà immense. Depuis près de 16 ans, depuis sa toute première cape, en novembre 2000, alors qu'il n'avait que 18 ans, le meilleur joueur de l'histoire du basket français a beaucoup donné à la sélection.
Rapidement, il en était devenu le leader, le taulier, le moteur. Avec lui, les Bleus ont vécu une époque formidable. Et nous avec. Avant l'époque Parker, la France du basket, au plan international, n'était pas grand-chose. Oui, il y avait eu l'argent de Sydney, juste avant ses premiers pas en bleu, et c'était un coup formidable. Mais ce n'était rien d'autre que cela, un coup, dans toute sa splendeur de l'instant et sa limite à plus long terme.
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Tony Parker

Crédit: Eurosport

Le cheminement, plus important que la destination finale

Dans son sillage, l'équipe de France a changé de dimension et s'est installée durablement parmi les nations qui comptent. Jusqu'à ce titre de champion d'Europe, en 2013. Le premier grand titre international du basket français en sélection. Il n'a pas tout réussi, pas assouvi tous ses rêves. Il manquera cette médaille olympique, dont il rêvait.
Mais comme il l'a dit mercredi, après cette dernière gifle reçue des mains espagnoles, qui lui auront si souvent rougi les joues, il n'a "aucun regret". Avec Diaw, Pietrus et les autres, il s'était juré d'inscrire les six lettres "F-R-A-N-C-E" sur un palmarès. Grâce à l'Euro 2013, le manque a été comblé. Pour le reste, comme il l'a dit, il est tombé sur "une fantastique génération espagnole". Celle qui a mis fin au parcours des Bleus lors de chaque grande compétition ces dernières années, Mondial 2014 excepté.
Bien sûr, on avait rêvé d'une apothéose pour lui. Pas d'un naufrage final si ample. Mais il n'y a pas eu de larmes mercredi à l'Arena Carioca 1. Parker est parti déçu, mais on l'a senti extrêmement serein dans sa façon d'appréhender cette sortie. Sans dévoiler ses mots exacts, car il est trop pudique pour cela, et parce que ces paroles et ce moment appartiennent d'abord au vestiaire, Vincent Collet a confié que TP, en substance, avait dit à ses coéquipiers que la façon dont tout ça se terminait avait au fond peu d'importance. Perdre d'un point, de vingt... Oui, il aurait voulu aller plus loin, finir autrement, mais le cheminement aura été plus important que la destination finale.
Maintenant que c'est terminé, que le basket français va changer d'ère, il faudra se souvenir de tout ce qu'il a donné. Mercredi, un éminent confrère, qui vaut tellement mieux que le tweet que je m'apprête à citer qu'il a fini par le supprimer, a regretté le manque d'investissement et de cœur des basketteurs français : "Quel dommage que nos basketteurs millionnaires n'aient pas le caractère généreux ni le punch de nos boxeurs ! Ils vivent ailleurs."

Sa plus belle histoire d'amour

Sur le fond, chacun peut présupposer ce qu'il veut de la générosité des uns et des autres. Mais en l'occurrence, si une personne au monde ne correspond en rien à cette assertion, c'est bien Tony Parker. Il est justement la preuve vivante qu'un type turbinant à des millions et des millions de dollars chaque saison en NBA peut tout aussi bien ne pas oublier qui il est et d'où il vient. Parker a vécu ailleurs, mais il est toujours revenu ici, dans la maison bleue.
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Tony Parker lors de France - Serbie lors des Jeux Olympiques de Rio 2016

Crédit: AFP

En 15 ans, il n'aura zappé, de son fait, qu'un été, qu'une seule compétition : le Mondial 2014, parce que, derrière, l'Euro en France et les Jeux Olympiques étaient pour lui incontournables. A cette exception près, il aura toujours répondu présent. Plutôt que de lui cracher dessus aujourd'hui, parce qu'il est riche, parce qu'il a fini sur une raclée, ou les deux, il me parait judicieux de s'en souvenir. Je préfère garder en mémoire une réflexion d'un autre confrère qui, un jour, m'avait dit : "Tony Parker, je ne l'aime pas, mais il faut reconnaitre que vis-à-vis de l'équipe de France, il a toujours été exemplaire. Ce mec est un exemple".
C'est on ne peut plus vrai. Mais il ne l'a jamais fait par devoir, encore moins par obligation. Il l'a fait par amour. Mercredi, à Rio, il a eu ces mots très simples et très beaux : "Quand j'étais gamin, mon rêve, c'était de devenir champion NBA. Je rêvais de ça. Puis je suis tombé amoureux de l'équipe de France". La NBA a fait sa fortune, les Spurs ont fait l'essentiel de son palmarès et sa gloire. Mais sa plus belle histoire d'amour, c'est l'équipe de France. Et même si, comme dans toutes les histoires d'amour qui se terminent, la séparation a été brutale mercredi à Rio, restera la force des souvenirs et, maintenant qu'il n'est plus là, la conscience du vide. Merci pour tout, Tony.
Tony Parker
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