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Basket, WNBA - Caitlin Clark, la rookie hors-normes devenue bouc-émissaire de la ligue
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Publié 05/06/2024 à 23:47 GMT+2
Draftée en première position de la dernière draft WNBA, Caitlin Clark a débarqué dans la ligue en avril avec le statut de rookie la plus attendue de l'histoire du basket féminin. L'ancienne shooteuse d'Iowa State (NCAA) a fait exploser les audiences mais aussi le ressentiment contre elle d'une partie des joueuses.
Caitlin Clark durant le match de l'Indiana Fever face au Las Vegas Ace en WNBA, le 25 mai 2024
Crédit: Getty Images
Elle était la première à être surprise de se retrouver là. Samedi soir, dans les dernières secondes du troisième quart temps du match opposant sa franchise de l'Indiana Fever au Chicago Sky, Caitlin Clark s'est retrouvée projetée au sol alors qu'elle attendait une remise en jeu. L'arrière de Chicago Chennedy Carter venait de lui donner un bon coup d'épaule dans son dos pour l'envoyer au tapis. Le ballon n'était même pas encore en jeu.
Et si la fautive ne sera pas plus sanctionnée que d'une faute classique, les images font vite le tour des réseaux sociaux. Très vite, l'agression, d'apparence gratuite, de Chennedy Carter devient l'allégorie du traitement subi par Caitlin Clark depuis son arrivée en NBA. Et l'arrière en a d'abord remis une couche sur le réseau social Threads : "En dehors du tir à trois points, qu'est-ce qu'elle apporte vraiment ?" a-t-elle rajoutée.
"C'est inacceptable, a réagi la coach de l'Indiana Fever Christie Side sur X après la rencontre. Quand est-ce que nos plaintes seront écoutées ? Il faut faire quelque chose." En conférence de presse, Caitlin Clark, elle, avait l'air résignée face à la situation : "Ce n'est juste pas une action de basket. Mais vous savez, je dois faire avec. Le basket est comme ça à ce niveau."
Soutenue par LeBron et Barkley
LeBron James en personne s'est exprimé pour soutenir la joueuse : "Mon fils subit le même genre d'animosité alors que c'est simplement un enfant poursuivant son rêve" s'est émue la star NBA. La plupart des consultants des plateaux d'émissions spécialisées ont aussi eu leur mot à dire. Charles Barkley a accusé ses adversaires d'être "ingrates", Stephen A. Smith a dénoncé la "jalousie" qui l'entoure.
La suite n'a pas été plus glorieuse. Interrogé sur la valeur de cette cuvée de draft 2024 sur ESPN, l'ancien footballeur américain Pat McAfee a dépassé les limites de l'acceptable : "J'aimerais que les journalistes qui continuent de dire : 'Cette cuvée de draft ci', 'Cette cuvée de draft ça' appellent les choses par ce qu'elles sont : il y a juste une salope blanche dans l'équipe d'Indiana qui est une superstar." Si l'éditorialiste s'est excusé depuis, son dérapage symbolise l'emportement médiatique autour de la meneuse.
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Caitlin Clark avec l'Indiana Fever face au Chicago Sky
Crédit: Getty Images
Pourtant, son début de saison sur le terrain ne mérite pas vraiment ce déchaînement des passions. L'Indiana Fever a perdu neuf de ses onze premiers matchs, soit le second pire bilan de la ligue. Caitlin Clark, elle, tourne à 15.6 points par match de moyenne (à seulement 35% de réussite au tir, et 29% à trois points), accompagnés de 5.1 rebonds et de 6.4 passes décisives. De bonnes statistiques pour une rookie, mais loin de représenter la tornade qu'elle était au niveau universitaire, en NCAA.
Car c'est avec Iowa State qu'elle a écrit les premières lignes de sa légende. Meilleure marqueuse de l'histoire de la NCAA, deux fois élue joueuse de l'année, elle a même détrôné Stephen Curry pour le record du plus grand nombre de trois-points réussis en une saison, homme et femme réunis. Comme son aîné des Golden State Warriors en NBA, Caitlin Clark pourrait transformer le jeu de la WNBA en faisant prendre une nouvelle dimension au tir à longue distance.
Et le phénomène a progressivement attiré les Américains. La finale de la NCAA qui opposait sa fac d'Iowa à South Carolina a battu des records d'audience, avec plus de 24 millions de téléspectateurs. A coup de storytelling, et notamment de la montée en épingle de sa rivalité avec l'ancienne joueuse de LSU Angel Reese, Caitlin Clark est devenu l'une des sportives les plus suivies du pays.
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Caitlin Clark signant des autographes avant le match de l'Indiana Fever face au Chicago Sky
Crédit: Getty Images
Désormais coéquipière de la bousculeuse Chennedy Carter au Chicago Sky, Angel Reese n'a ainsi pas oublié son némésis des années lycée et l'a même un peu mauvaise de voir toutes les caméras braquées sur elle : "La raison pour laquelle le basket féminin est suivi n’est pas à cause d’une seule personne, s'est-elle plainte ce lundi. C’est aussi grâce à moi, et je veux que vous réalisiez ça."
Après seulement onze matchs de WNBA, et alors qu'elle n'a même pas soufflé sa vingt-deuxième bougie, voilà donc Caitlin Clark au cœur d'un tourbillon médiatique d'ampleur nationale. Un cadeau empoisonné qu'elle aurait certainement bien voulu éviter, les attentes autour d'elles étant déjà bien assez grandes. En attendant, l'intérieur des Golden State Warriors Draymond Green a proposé sa solution à ses problèmes : "Indiana devrait recruter un gorille… VITE", a-t-il écrit sur Instagram, s'inspirant de son rôle de garde du corps de Stephen Curry sur le parquet. A défaut de calmer ses adversaires elle-même, Caitlin Clark pourrait donc compter sur quelqu'un pour le faire à sa place.
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